Le chasseur noir. H. Emile Chevalier

Le chasseur noir - H. Emile Chevalier


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       H. Emile Chevalier

      Le chasseur noir

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066086312

       PARIS. CALMANN-LEVY, ÉDITEURS. 3 RUE AUGER, 3

       I

       II

       III

       IV

       V

       VI

       VII

       VIII

       IX

       X

       XI

       XII

       XIII

       XIV

       XV

       XVI

       XVII

       XVIII

       XIX

       XX

       XXI

       XXII

       Table des matières

       Table des matières

      TRAGÉDIE NOCTURNE

      Il faisait tout à fait nuit quand le chasseur arriva au lieu où il avait dressé ses pièges la nuit précédente. C'était un de ces sites pittoresques que l'on trouve seulement dans les chaînes des montagnes Rocheuses. Des barrières presque infranchissables, de gigantesques remparts de terre et de pierres en défendaient l'approche. Mais, si bien gardée qu'il fût par la nature, ce pertuis était accessible à un trappeur[1], car ses yeux exercés savent découvrir la passe la plus étroite, et sa main sait ouvrir les portes secrètes des montagnes: ses pieds sont familiers avec les sentiers désolés, et les mousses des arbres, aussi bien que les étoiles du firmament, servent à diriger ses pas.

      [Note 1: Les Canadiens-français désignent ainsi les gens qui font la traite des pelleteries dans l'Amérique septentrionale.]

      Le chasseur avait gagné la gorge solitaire dont nous venons de parler par un cul-de-sac que longtemps il avait cru connu de lui seul. Mais ayant, depuis peu, perdu plusieurs pièges tendus, au fond de cette gorge, près d'une rivière qui l'arrosait et s'échappait, en se frayant un passage à travers les masses de granit, il avait commencé à ne plus se considérer comme l'unique violateur de cette profonde retraite.

      Arrivé à sa destination il eut un mouvement de surprise et de colère, facile à concevoir, en remarquant que ses pièges avaient encore disparu. Une fois assuré du fait, il se mit à fureter ça et là, autant que les ténèbres pouvaient le lui permettre, pour découvrir quelques traces des auteurs de la soustraction; mais il lui fut impossible d'obtenir la moindre preuve que le lieu eût été visité par un blanc ou un Peau-rouge.

      Après avoir réfléchi un instant, le trappeur se coucha dans de hautes herbes et des plantes aquatiques sur le bord de la rivière, qui, à ce point, semblait sourdre du coeur même des montagnes, sous une voûte énorme de rochers.

      Notre homme s'amusa à écouter le murmure des eaux, en se demandant comment elles avaient pu s'ouvrir une voie à travers ces blocs si compactes et si puissants. Les voiles de la nuit s'épaissirent. L'ombre parut rouler et se condenser dans le bassin jusqu'à ce qu'elle ressemblât à ces ténèbres égyptiennes que l'on pouvait palper.

      Tout à coup, une lueur brilla sur la ravine. Étonné de ce phénomène, le trappeur en chercha la cause. Ne voyant plus rien, il allait l'attribuer à un éclair, lorsqu'au sommet d'une saillie rocheuse, vis-à-vis de lui, il aperçut deux personnages qui tenaient des torches à la main et s'efforçaient de reconnaître la rivière à leurs pieds.

      Vêtus à peu près comme des bandits mexicains, ils portaient la casaque de chasse, en peau de daim, des trappeurs du Nord-ouest, avec des mitasses[2] unies et des mocassins.

      [Note 2: Sorte de jambières de peau en usage chez les aborigènes de l'Amérique.]

      Le plus robuste avait la taille serrée par une ceinture rouge à bouts effilés et flottants. A cette ceinture était passée une paire de pistolets de cavalerie, une dague dans un élégant fourreau, un couteau de chasse à manche d'argent, et un sifflet d'ivoire de grande dimension. A la main, il tenait un fusil à deux coups. Trapu, stature moyenne, il avait les attaches des membres solidement nouées. Un feutre à large bord lui couvrait la tête. A la lueur des torches, ses traits parurent au trappeur fortement accentués, durs.

      Son compagnon avait une organisation grêle, mais il était accoutré de la même manière, si ce n'est que son ceinturon était en cuir noir.

      Ils restèrent là quelques moments, et disparurent aussi mystérieusement qu'ils étaient venus. Cette circonstance fit réfléchir le trappeur. Il lui sembla que quelque chose, en dehors des événements ordinaires, allait arriver.

      Les visages qu'il avait vus le troublaient. Battant sur son front un roulement avec ses doigts, il forma un nombre incalculable de conjectures, et se convainquit que la dernière s'éloignait encore plus de la vérité que les précédentes—preuve évidente que celles qui suivraient seraient encore moins satisfaisantes.

      Tandis qu'il roulait ces pensées, les torches se remontrèrent dans


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