Aventures de l'abbé de Choisy habillé en femme. Abbé de Choisy

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       Abbé de Choisy

      Aventures de l'abbé de Choisy habillé en femme

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066088309

       NOTICE SUR L'ABBÉ DE CHOISY

       I PREMIÈRES INTRIGUES DE L'ABBÉ DE CHOISY SOUS LE NOM DE MADAME DE SANCY

       PREMIÈRE LETTRE

       DEUXIÈME LETTRE

       II LES AMOURS DE M. DE MAULNY.—RUPTURE.—MADEMOISELLE DANY.

       LETTRE

       III LES INTRIGUES DE L'ABBÉ AVEC LES PETITES ACTRICES MONTFLEURY ET MONDORY [4]

       IV LA COMTESSE DES BARRES [5]

       BIBLIOGRAPHIE

      II

      III

      LE LIVRE DU BOUDOIR

      MÉMOIRES

       DE L'ABBÉ

       DE CHOISY

       HABILLÉ EN FEMME

       Avec Notice et Bibliographie

       Par le Chevalier de PERCEFLEUR

       Membre Correspondant de l'Académie des Dames

      SE VEND A PARIS

       A la Bibliothèque des Curieux

       4, RUE DE FURSTENBERG, 4

       (Derrière l'Abbaye St-Germain-des-Prés)

      1920

      IV

      MÉMOIRES DE L'ABBÉ DE CHOISY

       SUR L'ABBÉ DE CHOISY

       Table des matières

       «Choisi n'est icy qu'ébauché:

       Sa vie on devrait bien écrire,

       Mais jamais on ne pourra dire

      S'il fut plus fou que débauché [1]»

      François-Timoléon de Choisy naquit à Paris le 16 août 1644. Son père était intendant du Languedoc quand il fut chargé d'arrêter à Montpellier M. de Cinq-Mars et de se saisir de ses papiers. Il le trouva occupé à en brûler une grande partie: les lettres de la princesse Marie et de Mme de Choisy, leur confidente, et il eut la complaisance de le laisser faire. «Vous avez raison, Monsieur, dit Cinq-Mars, vous seriez bien fâché de trouver ce que je viens de brûler...» Ce Choisy dut aux intrigues de sa femme de devenir Conseiller d'État, puis Chancelier de Monsieur, duc d'Orléans et frère de Louis XIII. Mme de Choisy [2] était fille aînée de M. de Belesbat, de la maison de Hurault, et petite-fille du Chancelier de l'Hospital. Elle avait eu déjà trois fils, quand, à plus de cinquante ans, étant toujours belle et coquette, elle s'avisa d'en faire un quatrième. Elle pensait ainsi prolonger de deux lustres l'apparence de sa jeunesse. Elle joignait à la beauté, à l'ambition, à l'intrigue et à la coquetterie, un esprit sans lequel ces grâces et ces aspirations ne leur eussent servi que de peu. Car cet esprit plut tant à Louis XIV qu'il lui donnait deux audiences par semaine, et qu'il la pourvut d'une pension de 8.000 livres afin de se conserver les charmes de sa conversation, et dans l'espoir de devenir «honnête homme» à son commerce, comme elle le lui avait fait accroire après avoir gagné la confiance d'Anne d'Autriche. En outre, elle correspondait avec Marie de Gonzague, reine de Pologne, Madame Royale de Savoie, Christine de Suède et plusieurs princesses d'Allemagne. Par un effet de la politique pitoyable de Mazarin, l'on élevait Monsieur, frère de Louis XIV, d'une manière efféminée, propre à le rendre incapable et pusillanime; Mme de Choisy, pour faire sa cour à tout le monde, le Roi, Mazarin et Monsieur, fit prendre à son fils, âgé de cinq ans, les mêmes habitudes. «On m'habilloit en fille, dit l'abbé, toutes les fois que Monsieur venoit au logis, et il y venoit au moins deux ou trois fois par semaine... Dès qu'il arrivoit, suivi des nièces du Cardinal Mazarin et de quelques filles de la reine, on le mettoit à sa toilette, on le coiffoit. Il avoit un corps pour conserver sa taille... on lui ôtoit son justaucorps pour lui mettre des manteaux de femme et des jupes... Quand Monsieur étoit habillé et paré, on jouoit à la petite prime... et sur les sept heures on apportoit la collation...»

      Peu à peu, Mme de Choisy prit goût à cette courtisanerie ridicule: que Monsieur vînt ou ne vînt pas, François-Timoléon resta vêtu en fille, serré dans un corset qui lui fit à la longue élever la chair, et frotté tous les jours avec de l'eau de veau et de la pommade de pied de mouton! On lui enduisait encore le visage d'une mixture propre à détruire les germes pileux; enfin, quand il eut l'âge où l'esprit vient aux filles, il trompa les connaisseurs, et jusqu'aux femmes elles-mêmes...

      A l'âge de dix-huit ans, ayant perdu sa mère, dont il n'avait hérité que l'esprit, la voluptueuse mollesse, la beauté et les diamants, il essaya du costume viril; mais, sur le conseil de Mme de La Fayette, il reprit bientôt les jupes, les volants et les mouches. On le voyait au spectacle, jouant de l'éventail, et même aux offices de sa paroisse, qu'il suivait régulièrement, lisant sa messe dans un livre d'heures à miroir carré. Montausier l'ayant morigéné devant le Dauphin, un jour qu'il se pavanait à l'Opéra dans une robe blanche à fleurs d'or, ornée de parements de satin noir et d'une échelle de rubans couleur de rose, il prit le parti de se retirer en province sous le nom de Comtesse des Barres. Il acheta donc le château de Crépon, aux environs de Bourges, paraît-il, et devint une femme à la mode à qui les mamans confiaient leurs filles. Une intrigue avec une comédienne le ramène à Paris, puis l'exile à Bordeaux, avatar mystérieux dont le récit ne nous a pas été conservé, et qui fut le plus piquant de sa vie, si l'on en juge par une brève allusion. «J'ai joué, dit-il, la comédie sur le théâtre d'une grande ville comme une fille: tout le monde y étoit trompé. J'avois des amants à qui j'accordois de petites faveurs, fort réservé sur les grandes; on parloit de ma sagesse...» On voit que l'abbé, dans son incroyable inconscience, identifiait son sexe au sexe supposé de la Comtesse des Barres, de Mme de Ganzi, ou de Mlle de Sancy, ses divers pseudonymes: il croit avoir été sage en n'accordant à ses dupes que de petites faveurs!...

      Ces débordements publics amenèrent ses frères à exiger qu'il reprît le costume convenable, et qu'il allât prendre au loin l'habitude de le porter. Choisy s'en fut à Venise, où il perdit au jeu l'argent qui lui restait. Croyant sans doute avoir contrarié la Fortune ou n'être pas reconnu d'elle—bien qu'il la sût aveugle—, il reprit ses atours et revint à Paris. Là, trop certain que la Déesse mondaine l'abandonnait, il se souvint qu'il était abbé, et, rendant infidélité


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