Emile Zola, Sa Vie et Son Oeuvre. Edmond Lepelletier

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       Edmond Lepelletier

      Emile Zola, Sa Vie et Son Oeuvre

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066086954

       I

       II

       III

       IV

       V

       VI

       VII

       VIII

       FIN

      PARIS, MERCURE DE FRANCE, XXVI, RUE DE CONDÉ.

      1908

      Paris 27 nov. 87

      Mon cher Lepelletier,

      Merci mille fois de votre article, qui me fait grand plaisir, car il comprend et il explique au moins. Mais que de choses j'aurais à vous répondre, à vous qui êtes un ami! Il y a de la vigne à la lisière de la Beauce, les vignobles de Montigny, près desquels j'ai placé Rogues, sont superbes. Tous les noms que j'ai employés sauf celui de Rogues, sont beaucerons. Il n'est pas vrai que la fatigue soit contraire à Vénus: demander aux physiologistes. Si vous croyez que les paysans ne reproduisent que le dimanche et le lundi, je vous dirai d'y aller voir. La lutte politique dans les villages n'est point aussi âpre, ouvertement, que vous le pensez: tout s'y passe en manœuvres sourdes. Mes Charles sont copiés sur nature; et puis, c'est vrai, eux et Jésus-Christ sont la fantaisie du livre. Est-ce qu'à l'ironie de la phrase vous n'avez pas compris que je me moquais?

      La vérité est que l'œuvre est déjà trop touffue, et qu'il y manque pourtant beaucoup de choses. C'est un danger de vouloir tout mettre, d'autant plus qu'on ne met jamais tout. Du reste, c'est là l'arrière-plan, car mon premier plan n'est fait que des Fouan, de Françoise et de Lise: la terre, l'amour, l'argent.

      Merci encore, et bien cordialement à vous.

      Émile Zola

      * * * * *

      Entre Émile Zola et l'auteur de cette étude, durant de longues années, existèrent des liens d'amitié. Les circonstances firent de l'un et de l'autre, non des ennemis, mais des antagonistes. Ils combattirent, chacun pour ce qu'il estimait juste, en des camps opposés. Dans la bataille littéraire, ils demeurèrent d'accord.

      Les Lettres sont à côté des besognes politiques, et l'Art est au-dessus de l'esprit de parti. On peut, on doit rendre hommage à un grand écrivain, même lorsque, à un moment de sa vie, contre vous, contre vos convictions, il tourna sa plume.

      Les partisans de l'empire, Napoléon III étant encore sur le trône, s'inclinaient devant le génie de Victor Hugo. Ils n'acceptaient assurément pas tout de son œuvre, et tout dans sa vie ne leur plaisait pas. Ils négligeaient Napoléon le Petit pour relire les Feuilles d'Automne, et leur légitime admiration pour la Légende des Siècles ne leur imposait pas l'approbation pour les violences des Châtiments envers le souverain qu'ils aimaient et le régime qu'ils défendaient.

      Sous le prétexte qu'il fut aussi l'auteur du pamphlet J'accuse, il est absurde, et plus d'un, par la suite, en rougira, de nier la maîtrise de l'historien des Rougon-Macquart.

      Il est, sans doute, regrettable que les enthousiasmes officiels et les acclamations populaires, celles-ci ignorantes, ceux-là factices, se soient surtout adressés au défenseur inattendu d'un accusé exceptionnel. C'est le peintre, au coloris vigoureux, des êtres et des choses de notre société, l'annaliste de nos mœurs et le clinicien de nos passions, de nos tares, qui avait seul droit à la gloire. Zola méritait de partager, avec Victor Hugo et d'autres illustres défunts, le lit funèbre imposant du Panthéon, mais il est fâcheux qu'il y ait été porté par des mains vibrantes encore de la fièvre d'une guerre civile, au milieu d'un concours de gens qui n'avaient pas lu ses livres. C'est l'homme de parti qu'on a voulu honorer, c'est à l'homme de lettres seul que devait être décernée l'apothéose nationale.

      La postérité ne voudra saluer dans Émile Zola qu'un philosophe et un moraliste, un lyrique merveilleux aussi, le poète en prose de la vie moderne. Ce livre a pour but de devancer son jugement.

      En faisant mieux connaître l'homme, en dégageant l'œuvre de préoccupations étrangères à la littérature, l'auteur estime répondre à un désir des libres esprits, affranchis de la pire des servitudes, celle du préjugé et du parti pris. Le retentissement du nom d'Émile Zola et l'attention mondiale dont il a été, dont il est encore l'objet, motivent la présentation d'un travail, impartial et documenté, permettant d'apprécier, avec plus de certitude, le grand romancier, le robuste artiste aussi, qui, avec Victor Hugo et Balzac, domine le XIXe siècle.

      EDMOND LEPELLETIER

      Paris, Octobre 1908.

      * * * * *

      ÉMILE ZOLA, Sa Vie—Son œuvre

      par

      EDMOND LEPELLETIER

      I

       Table des matières

      ORIGINES.—ENFANCE.—VIE DE FAMILLE.—DÉBUTS À PARIS.—ZOLA POÈTE.

      (1840-1861)

      Émile Zola est né à Paris. Doit-il être classé parmi les Parisiens véritables, les autochtones, les Parisiens qui sont de Paris, comme les natifs de Marseille sont des Marseillais? Oui et non. Réponse ambiguë, mais exacte.

      Il convient d'abord de constater que la localité où s'est produit le fait de la naissance, lorsqu'il est accidentel, dû aux hasards d'un voyage ou d'un séjour professionnel et temporaire, n'a, pour la biographie d'un homme célèbre, qu'un intérêt secondaire. Victor Hugo est né Bisontin, Paul Verlaine Messin, par suite des garnisons paternelles. Leur existence et leur œuvre furent complètement indépendantes de ces berceaux fortuits. Toute fois, la gloriole locale se mêle à l'investigation biographique, pour préciser le coin du sol, où apparut à la vie le petit être destiné à recevoir la qualification de grand homme. Cette rivalité municipale n'est pas nouvelle. Sept villes de l'Hellade se disputèrent l'honneur d'avoir abrité Homère enfant. Ces bourgades avaient d'ailleurs laissé l'immortel aède, sans toit et sans pain, errer dans les ténèbres de la cécité, tant qu'il vécut. De nos jours, la chose se passe souvent ainsi, et ce n'est qu'après la mort du poète, de l'artiste, de l'inventeur, dédaignés, parfois molestés, que les concitoyens de l'illustre enfant se préoccupent de rechercher, sur les registres de la paroisse ou de la mairie, la preuve de la maternité communale, longtemps négligée. Un reflet de la gloire du compatriote auréolé se répand sur les fronts les plus obscurs de la petite ville. Cette parenté locale fournit le prétexte à des cérémonies, accompagnées de harangues et de banquets inauguratifs, que préside un ministre, remplacé souvent


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