Le Réveil Du Vaillant. Morgan Rice

Le Réveil Du Vaillant - Morgan Rice


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      Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et incidents sont le produit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, est purement fortuite.

      Copyright de l'image de couverture St. Nick, utilisée sous licence de Shutterstock.com.

« Les lâches meurent plusieurs fois avant leur mort;Le vaillant ne goûte jamais la mort, mais une fois. »– William ShakespeareJules César

      CHAPITRE UN

      Kyra marchait lentement à travers le carnage, la neige crissant sous ses bottes, absorbant la dévastation que le dragon avait laissée derrière lui. Elle était sans voix. Des milliers d'hommes du Seigneur, les hommes les plus craints d'Escalon, étaient morts devant elle, anéantis en un instant. Des corps carbonisés gisaient, fumant, tout autour d'elle, la neige fondue sous eux, leurs visages tordus de douleur. Des squelettes, tordus dans des positions contre nature, serraient toujours leurs armes dans leurs doigts osseux. Quelques cadavres se tenaient en place, restant d'une manière ou d'une autre à la verticale, regardant encore vers le ciel, comme s'ils se demandaient ce qui les avait tués.

      Kyra s'arrêta à côté de l'un d'eux, l'examinant avec étonnement. Elle tendit la main et le toucha, son doigt effleurant sa cage thoracique, et elle le regarda avec stupéfaction pendant qu'il tombait en miette et s'effondrait, se fracassant sur le sol en un tas d'os, son épée tombant à son côté.

      Kyra entendit un cri strident venant du ciel et elle tendit le cou pour voir Théos, volant haut dans le ciel, chaque souffle lançant des flammes comme s'il n'était pas toujours satisfait. Elle pouvait comprendre ce qu'il ressentait, sentir la rage brûlante dans ses veines, son désir de détruire Pandesia dans son entier – le monde en fait – s'il le pouvait. C'était une rage primale, une rage qui ne connaissait pas de limites.

      Le bruit de bottes dans la neige la ramena au présent, et Kyra se retourna pour voir les hommes de son père, des dizaines d'entre eux, marchant à travers le paysage de destruction, l'absorbant, les yeux écarquillés, sous le choc. Ces hommes aguerris n'avaient clairement jamais vu un spectacle comme celui-ci; même son père, debout à proximité, rejoint par Anvin, Arthfael et Vidar, semblait lessivé. C'était comme de marcher à travers un rêve.

      Kyra remarqua que ces braves guerriers se détournaient de leur inspection du ciel pour la regarder, un sentiment d'émerveillement dans leurs yeux. C'était comme si elle était celle qui avait fait tout cela, comme si elle était elle-même le dragon. Après tout, elle avait été la seule en mesure de l'appeler. Elle détourna les yeux, se sentant mal à l'aise; elle ne pouvait pas dire s'ils la considéraient comme une guerrière ou un monstre. Peut-être qu'ils ne le savaient pas eux-mêmes.

      Kyra repensa à sa prière à la Lune d'hiver, son souhait de savoir si elle était spéciale, si ses pouvoirs étaient réels. Après aujourd'hui, après cette bataille, elle ne pouvait en douter. Elle avait voulu que ce dragon vienne. Elle l'avait senti elle-même. Comment, elle ne savait pas. Mais elle savait maintenant, définitivement, qu'elle était différente. Et elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander si cela signifiait aussi que les autres prophéties à son sujet étaient vraies. Était-elle alors vraiment destinée à devenir une grande guerrière? Une grande souveraine? Plus grande encore que son père? Mènerait-elle vraiment les nations dans la bataille? Le sort d'Escalon reposait-il vraiment sur ses épaules?

      Kyra ne voyait pas comment cela pouvait être possible. Peut-être que Théos était venu pour ses propres raisons; peut-être que la destruction ici n'avait rien à voir avec elle. Après tout, les Pandésiens l'avaient blessé, n'est-ce pas?

      Kyra ne se sentait plus sûre de rien. Tout ce qu'elle savait, à ce moment, sentant la force de la combustion du dragon dans ses veines, parcourant ce champ de bataille, voyant leur plus grand ennemi mort, elle sentait que toutes choses étaient possibles. Elle savait qu'elle n'était plus une jeune fille de quinze ans, espérant l'approbation dans les yeux des hommes; elle n'était plus un jouet pour le Seigneur gouverneur – pour n'importe quel homme – avec lequel il pouvait faire ce qu'il voulait; elle n'était plus la propriété des autres hommes, à marier, à maltraiter, à torturer. Elle était son propre maître maintenant. Une guerrière parmi les hommes – et une qui était à craindre.

      Kyra marcha à travers la mer des corps jusqu'à ce que, finalement, les cadavres disparussent et le paysage se transformât en de la glace et de la neige à nouveau. Elle fit une pause à côté de son père, observant le panorama de la vallée qui s’étalait sous eux. Là, se trouvaient les portes grandes ouvertes d'Argos, une ville vidée, tous ses hommes morts dans ces collines. Il était étrange de voir ce grand fort vacant, sans surveillance. La place forte ls plus importante de Pandesia était maintenant grande ouverte et quiconque pouvait y entrer. Ses hauts murs redoutables, sculptés de pierre et de pointes épaisses, ses milliers d'hommes et de couches de défenses, avaient exclu toute idée de révolte; sa présence ici avait permis à Pandesia d'avoir une poigne de fer sur l'ensemble du nord-est d'Escalon.

      Ils commencèrent tous à descendre la pente et la route sinueuse qui conduisaient aux portes de la ville. C'était une marche victorieuse mais solennelle, la route jonchée de cadavres, plus de traînards qui le dragon avait recherchés, des marqueurs sur la piste de la destruction. C'était comme de marcher à travers un cimetière.

      Comme ils passaient les portes impressionnantes, Kyra fit pause sur le seuil, le souffle coupé: à l'intérieur, elle pouvait voir des milliers d'autres cadavres carbonisés, fumant encore. C'était ce qui restait des hommes du Seigneur, ceux qui s'étaient mobilisés les derniers. Théos n'avait oublié personne; sa fureur était visible même sur les murs du fort, de grandes étendues de pierres colorées de noir par les flammes.

      Comme ils entraient, Argos se dénotait par son silence. Sa cour vide, il était étrange pour une telle ville d'être dénuée de vie. C'était comme si Dieu l'avait aspirée en un seul souffle.

      Comme les hommes de son père se précipitaient vers l'avant, des sons d'excitation commencèrent à remplir l'air, et Kyra comprit vite pourquoi. Le sol, elle pouvait voir, était jonché d'un trésor en armes comme elle n'en avait jamais vu. Là, étalé sur le sol de la cour, reposait le butin de guerre: le meilleur armement, le meilleur acier, la meilleure armure qu'elle n'ait jamais vus, le tout brillant avec des marques pandésiennes. Il y avait même, dispersés parmi eux, des sacs d'or.

      Encore mieux, à l'autre bout de la cour, se trouvait une vaste armurerie en pierres, ses portes grandes ouvertes comme les hommes l’avaient quittée à la hâte, révélant à l'intérieur une abondance de trésors. Sur les murs étaient alignés des épées, des hallebardes, des piques, des haches, des lances, des arcs – tous faits du meilleur acier que le monde avait à offrir. Il y avait là suffisamment d'armes pour armer la moitié d'Escalon.

      Il y eut un bruit de hennissements et Kyra regarda de l'autre côté de la cour pour voir une rangée d'écuries en pierres, et à l'intérieur, piétinait une armée des plus beaux chevaux, tous épargnés par le souffle du dragon. Assez de chevaux pour transporter une armée.

      Kyra vit l'espoir apparaitre dans les yeux de son père, un regard qu'elle n'avait pas vu depuis des années, et elle savait ce qu'il pensait: Escalon pourrait se lever de nouveau.

      Il y eut un cri strident et Kyra leva les yeux pour voir Théos volant en cercle à une altitude moins élevée, ses serres étendues, agitant ses grandes ailes, comme il survolait la ville, en un tour d'honneur. Ses yeux jaunes brillants se fixèrent sur les siens, même à cette grande distance. Elle ne pouvait pas regarder ailleurs.

      Théos


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