Histoire des salons de Paris. Tome 5. Abrantès Laure Junot duchesse d'

Histoire des salons de Paris. Tome 5 - Abrantès Laure Junot duchesse d'


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Murat alla y loger dès que son frère fut aux Tuileries, et elle y fit même ses couches lorsque naquit le prince Achille, son fils aîné.

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Madame Lætitia et ma mère avaient été élevées ensemble, et cela dès l'enfance; les maisons de leurs mères se touchant immédiatement; et, depuis, cette liaison s'était encore resserrée par l'événement de la mort de M. Bonaparte le père dans la maison de ma mère, à Montpellier.

M. Benezeth avait été ministre de l'intérieur; il était aussi fort ami de ma famille, qu'il avait connue en Languedoc.

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On jouait l'Auteur dans son Ménage, jolie petite pièce, je crois, d'Hoffmann.

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On lui donnait ce nom dans sa famille où personne ne l'appelait Pauline. Nous l'appelions aussi Paulette.

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C'était alors dans cette maison, qui appartenait à Joseph, que logeait madame Lætitia.

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Lucien logeait alors rue Verte, et je voulais que nous fussions chez lui, pour avoir de ses nouvelles par sa femme.

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Première femme de Lucien.

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Les sabres et les fusils, les baguettes, les pistolets d'honneur, furent une des premières institutions du Consulat. La loi qui les créa fut rendue au Luxembourg. Ce fut à la même époque que M. de Talleyrand fit observer au premier Consul que les journaux devaient être limités. Déjà ils l'avaient été par l'influence du directeur Sieyès, mais on ne trouva pas assez longue la coupure de ses ciseaux, et l'on rendit un arrêté où il était dit:

Le ministre de la police ne laissera paraître pendant toute la durée de la guerre que les journaux ci-après nommés:

Le Moniteur Universel.

Le Journal de Paris.

Le Bien-Informé.

Le Publiciste.

L'Ami des Lois.

La Clef du Cabinet.

Le Citoyen Français.

La Gazette de France.

Le Journal des Hommes Libres.

Le Journal du soir des frères Chaigneau.

Le Journal des Défenseurs de la Patrie.

La Décade Philosophique et les journaux s'occupant exclusivement des arts, etc.

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En voici une preuve. Napoléon ne cessait de me parler du faubourg Saint-Germain, de mes amis, de leur opinion… et ce sujet de conversation ne tarissait jamais jusqu'au moment où lui-même s'entoura du faubourg Saint Germain, qui du reste ne demandait pas mieux, et lorsque je vis toutes les nominations, qui se trouvent encore au reste dans les almanachs des années 1808-9-10 et 11, je fus peu surprise. Je m'y attendais.

C'était pour lui une chose de prévention; il ne comptait que sur tout ce qui avait un nom pour former la cour. Je dirai là-dessus ce qui m'est arrivé à mon retour de Lisbonne après mon ambassade, cela fera juger de l'importance que l'Empereur attachait à tout ce qui tenait à la cour.

Je n'avais vu l'Empereur qu'au cercle de la cour et il m'avait seulement parlé comme à son ordinaire. Me trouvant de service un dimanche, au dîner de famille où j'avais accompagné Madame Mère, je fus appelée dans un petit salon ou plutôt l'un des cabinets de l'Empereur, où il se tenait souvent le dimanche après dîner pour causer avec ses sœurs, sa mère et l'Impératrice. L'Empereur voulait me faire causer sur le Portugal et sur la cour; je lui répondis ainsi que sur l'Espagne, et la conversation fut tellement longue et de son goût, que Madame voulant se retirer, il lui dit deux fois: «Un moment, madame Lætitia.» Il appelait toujours sa mère ainsi lorsqu'il était de bonne humeur; il disait même: Signora Lætizia. Enfin, lorsqu'il eut assez causé et questionné, il se recueillit d'un air sérieux et dit à l'Impératrice en me montrant à elle: «C'est inconcevable comme elle a encore gagné depuis son séjour dans une cour étrangère. Eh! ce n'est que là, dans le fait, qu'on sait ce que c'est que le monde!.. Je souris. – Pourquoi riez-vous, madame? – Parce que Votre Majesté attribue à une influence qui est imaginaire, ce qui peut lui plaire dans mes manières. – Comment? Que voulez-vous dire?» Je continuai de sourire sans répondre. – «Eh bien, ne voulez-vous pas me dire le sujet de votre gaieté? – C'est que je crois, sire, que je puis en apprendre beaucoup plus en ce genre à ceux que vous croyez mes maîtres que je ne recevrais de leçons d'eux.» Il fut étonné et puis se mit à rire; mais il ne me croyait pas alors; il jugeait du Portugal par dom Lorenço de Lima, qui était ambassadeur de Portugal à Paris, et qui a les bonnes et parfaites manières d'un vrai don Juan du temps de la Régence. – Le marquis d'Alorna, le comte Sabugal, tout cela était très-bien, mais la cour!.. c'était une parodie!

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Il est évident que l'homme qui s'élança au-devant du tilbury a été trompé par la couleur de la livrée et qu'il nous a pris pour le premier Consul, qui revenait quelquefois seul, avec Joséphine ou Bourrienne, n'ayant qu'un ou deux piqueurs. Depuis ce jour-là cela n'arriva plus.

Cet événement ne se trouve pas rapporté dans mes Mémoires, parce qu'alors on me dit que dans l'intérêt de l'Empereur il ne fallait pas parler du grand nombre de tentatives faites contre lui: plus éclairée moi-même depuis lors, je crois que la vérité tout entière est ce qui vaut le mieux touchant un homme comme Napoléon.

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Celui qui est au bout du château contre le petit pont.

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Elle devait faire le rôle de la Créole, mais je crois qu'une grossesse l'en empêcha et que ce fut madame Davoust qui prit le rôle, et qui jouait bien mal, autant que je puis me le rappeler.

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Le voyage de madame Bonaparte à Plombières n'avait pas eu lieu à cette époque, et nous étions au mieux, le premier Consul et moi. Qu'on voie le détail de cette scène, dont, au reste, le souvenir l'a suivi à Sainte-Hélène, dans le quatrième volume de mes Mémoires, 1re édition.

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Émilie de Beauharnais, fille du marquis de Beauharnais, beau-frère de Joséphine, dont la mère avait épousé un nègre.

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Cela seul aurait dû rendre la Malmaison un lieu consacré pour la France… Mais son intérêt devrait au moins éveiller sa reconnaissance. Ne sait-on pas que c'est à la Malmaison que la plupart de ces plans gigantesques, dont l'exécution nous transporte d'admiration aujourd'hui, ont été conçus et tracés, lorsque Napoléon, dont la France était la maîtresse adorée, voulait la rendre la plus puissante et la plus belle entre les nations de l'univers? – Ces quais, ces marchés, ces monuments, ces arcs de triomphe, qui donc a décrété qu'ils seraient élevés, qu'ils seraient bâtis? – C'est lui… Ces rues si larges, ces places, ces promenades, qui donc a dit que le cordeau les tracerait? Toujours lui… oh! nous sommes ingrats!..

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30 pluviôse an VIII.

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Cette représentation à laquelle elle faisait allusion avait eu lieu en effet à Neuilly, dans une maison où logeait Lucien et qu'on appelait alors la Folie de Saint-James… Lucien faisait Zamore et madame Bacciochi Alzire. On ne peut se figurer la tournure qu'elle avait avec cette couronne de plumes et le reste. Mais ce n'était rien auprès de la traduction et des gestes; aussi le premier Consul, qui était venu accompagné de la troupe de la Malmaison qui était rivale de celle de Neuilly, dit-il à son frère et à sa sœur, après la représentation, qu'ils avaient parodié Alzire à merveille.

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Je ne vois plus de ces mousselines dont je parle; les pièces n'avaient que huit aunes, et la mousseline était si fine et si claire que dans l'Inde on est obligé de la travailler dans l'eau pour que les fils ne cassent pas. Le prix de ces mousselines était exorbitant: je crois que la pièce de huit aunes revenait à six cents francs.

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Les Transtévérins ou hommes au-delà du Tibre sont très-beaux, mais tout à fait communs. C'est dans les Transtévérines que les peintres retrouvent encore les vraies madones de Raphaël.

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Mère de madame de Contades. Elle entendait à ravir tout ce qui tenait à l'étiquette de la cour. J'ai rapporté ce fait pour montrer à quel point Bonaparte attachait de l'importance à ces sortes de chos


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