Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11. George Gordon Byron

Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11 - George Gordon Byron


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M. Murray avait fait présent à lady Byron de douze dessins de Stothard, dont les sujets étaient pris dans les poèmes de lord Byron.(Note de Moore.)

LETTRE CCXXII 4

A M. MOORE

«Je n'ai aucune excuse à vous offrir en faveur de mon silence, si ce n'est la paresse invétérée qui me tient. Je suis trop apathique pour inventer un mensonge, sans quoi j'y aurais certainement recours, étant honteux de la vérité. K***, j'espère, est parvenu à apaiser la sublime indignation qu'avaient excitée en vous ses sottises. Je vous ai désiré et vous désire encore de tout mon cœur, dans le comité 5.

Note 4: (retour) Cette lettre et celle qui suit me furent adressées en Irlande, où j'étais depuis le milieu du mois précèdent.(Note de Moore.)

Note 5: (retour) Il était devenu depuis peu membre du comité composé, indépendamment de lui, des personnes citées dans cette lettre qui s'étaient chargées de la direction du théâtre de Drury-Lane; son désir avait été, depuis la première formation du comité, de m'avoir pour collègue: c'est à une méprise qui fut faite dans la manière dont on me communiqua cette proposition, qu'il fait allusion dans la phrase précédente.(Note de Moore.)

      C'est une affaire qui paraît si désespérée, que la compagnie d'un ami serait du moins une consolation. – Mais nous en parlerons plus au long à notre première rencontre. En attendant, vous êtes instamment prié de décider Mrs. Esterre à s'engager. Je crois qu'on lui a déjà écrit à ce sujet; mais il est probable que votre influence, soit que vous la voyiez en personne, ou que vous en chargiez un intermédiaire, aura plus de poids que nos propositions. Je ne vous dirai pas en quoi consistent celles-ci; mes nouvelles fonctions se bornant à écouter le désespoir de Cavendish Bradshaw, les espérances de Kinnaird, les désirs de lord Essex, les plaintes de Whitbread, et les calculs de Peter Moore, qui me semblent tous en parfaite contradiction les uns avec les autres.

»C. Bradshaw voudrait éclairer le théâtre au gaz, ce qui (si l'on en croit le vulgaire) empoisonnerait la moitié des spectateurs et tous les personnages en scène. Essex a cherché à persuader à K*** 6 de ne plus s'enivrer, et depuis ce moment il n'a pas cessé d'être ivre une minute. Kinnaird, avec autant de succès, a voulu faire entendre à Raymond qu'il avait de trop forts appointemens. Whitbread veut que nous augmentions encore le parterre de six sous, proposition insidieuse qui finira par tout mettre en combustion. Pour couronner le tout, l'huissier priseur R***, n'a-t-il pas l'impudence d'être mécontent de ne pas recevoir de dividende! Le coquin est propriétaire d'actions, et de plus il est orateur de longue haleine dans nos assemblées. On m'a dit qu'il avait prédit notre incapacité; conclusion qui n'est pas neuve, et dont j'espère bien lui donner des preuves signalées avant que nous ayons fini.

Note 6: (retour) Il est sans doute question ici du célèbre acteur Kean, alors à Drury-Lane, et qui buvait beaucoup.(Note du Trad.)

      »Nous donnerez-vous un opéra? Je jurerais que non, et cependant je le voudrais.............. ............ ....................

      »Pour en finir avec le monde poétique, je vous dirai que Walter-Scott est retourné en Écosse. Je vous dirai que Murray le libraire a été cruellement maltraité, par de mauvais coquins, à Newington Butts, pendant qu'il s'en retournait chez lui, après avoir dîné dans le voisinage. Imaginez-vous qu'on lui a volé trois ou quatre bons de quarante livres sterling chacun, et une bague à cachet de son grand-père, qui vaut un million; voilà du moins sa version. Mais il y a des gens qui prétendent que c'est D'Israeli, avec lequel il avait dîné, qui l'a terrassé en lui jetant à la tête sa nouvelle publication «Des querelles des Auteurs,» à la suite d'une dispute sur le prix du manuscrit. Quoi qu'il en soit, les journaux ont retenti de son injuria formœ, et depuis il est dans les fomentations, et ne voit personne que son apothicaire.

      »Lady B. est sur le chemin de la maternité, depuis un peu plus de trois mois, et nous espérons qu'elle arrivera heureusement au terme. Nous sommes allés très-rarement dans le monde cet hiver, à cause de sa position qui demande de la tranquillité. Son père et sa mère ont changé leur nom contre celui de Noel, pour se conformer au testament de lord Wentworth, et par reconnaissance pour le bien qu'il leur a laissé.

      »J'ai appris que vous aviez été reçu en triomphe par les Irlandais, et cela vous était bien dû. Mais ne souffrez pas qu'ils vous tuent à force de claret et d'attentions, dans le dîner national qui, à ce que j'ai entendu dire, se prépare en votre honneur. Si vous voulez m'en désigner le jour, je m'enivrerai moi-même de ce côté de l'eau, et vous enverrai un hoquet approbateur par-delà le canal.

      »En fait de politique, on n'entend autre chose que le cri de guerre, et C…h prépare sa tête pour la pique sur laquelle nous la verrons porter avant que tout ceci ne soit fini. L'emprunt a mis tout le monde de mauvaise humeur. Je reçois souvent des nouvelles de Paris, mais elles sont en contradiction directe avec les rapports que nous font dans l'intérieur nos journalistes gagés.

      »Quant aux affaires de la société, nous n'avons rien de neuf depuis lady D***. Il n'est pas question d'un seul divorce, quoiqu'il s'en prépare un bon nombre, à en juger par les mariages qui se font.

»Je vous envoie ci-jointe 7 une épître que j'ai reçue ce matin, de je ne sais pas qui, mais je pense qu'elle vous amusera. Celui qui l'a écrite doit être un drôle d'original.

      »P. S. Un monsieur d'Alton (non pas le Dalton que vous connaissez) m'a envoyé un poème national intitulé: Dermid. La même cause qui m'a empêché de vous écrire a étendu son influence sur le désir que j'aurais eu de lui adresser une lettre de remerciemens. Si vous le voyez, dites-lui toutes sortes de belles choses pour moi, et assurez-le que je suis le plus paresseux et le plus ingrat des mortels.

Note 7: (retour) Voici la lettre dont il parle ici:

      Darlington, 3 juin 1815.

      «MILORD,

      »Je viens d'acheter un exemplaire de vos œuvres, et je suis très-fâché que vous n'en ayez pas retranché l'Ode à Bonaparte; elle a certainement été écrite avec trop de précipitation, et sans y avoir sérieusement réfléchi. La Providence vient de le ramener pour régner de nouveau sur des millions d'hommes, tandis que cette même Providence tient, en quelque sorte, en garnison un autre souverain, que, suivant l'expression de M. Burke, il précipita du trône. Voyez si vous ne pouvez trouver un moyen de réparer votre manque de jugement. Songez que, presque sur tous les points, la nature humaine est la même, dans tous les climats, à toutes les époques, et n'agissez pas ici en jeune écervelé. Est-ce aux Anglais à parler du despotisme des tyrans, pendant que des torrens de sang répandus dans les Indes Orientales appellent à grands cris la vengeance du ciel? Apprenez, mon bon Monsieur, à ne pas jeter la première pierre. Je suis le serviteur de votre seigneurie.

      »J. R***» (Note de Moore.)

      »Encore un mot. Ayez soin que sir John Stevenson ne parle pas du prix de votre premier poème; autrement on viendrait vous demander votre part de l'impôt sur les propriétés. Je parle très-sérieusement, car je viens d'entendre une longue histoire sur ces coquins de collecteurs, qui ont forcé Scott à payer sa taxe sur le sien. Ainsi, prenez-y garde; 300 livres sterling sont une diable de déduction à faire sur 3,000.»

      LETTRE CCXXIII

A M. MOORE

      7 juillet 1815.

      «Grata superveniet, etc. Je vous avais encore écrit, mais commençant à vous croire sérieusement fâché de ma paresse, et ne sachant pas trop comment vous prendriez les bouffonneries que contenait ma lettre, je l'avais brûlée. Depuis, j'ai reçu la vôtre, et tout est au mieux.

      »J'avais abandonné tout espoir d'en recevoir de vous. A propos, mon grata superveniet aurait dû être


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