Point de lendemain. Vivant Denon

Point de lendemain - Vivant Denon


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certainement dans un moment où la discorde avait substitué la licence à la liberté de la presse, n'était pas inconnu à Denon. Bien que pour nous il n'en soit pas l'auteur, ce volume lui a au moins servi quand il a publié sa petite édition.

      Nous trouvons, en effet, pour appuyer notre assertion, le passage suivant dans le conte de Dorat page 235:

      «Il en est des baisers comme des confidences, ils s'attirent. En effet, etc.» Dans la Nuit Merveilleuse il y a: «Il en est des baisers comme des confidences, ils s'attirent, ils s'accélèrent et s'échauffent les uns par les autres.»

      Cette dernière phrase est identique dans l'édition de Denon.

      Depuis, maint auteur dramatique17 a pillé le sujet du conte Point de lendemain qui est sans contredit une des plus charmantes productions du genre galant; on y admire un esprit vif, des détails aussi ingénieux que gracieux et une peinture assez vraie des travers aimables qui caractérisaient si bien la nation française au dix-huitième siècle. C'est une fourberie des plus séduisantes ourdie par la femme pour satisfaire un caprice. Quant à sa morale… Balzac l'a définie; «cette anecdote», dit-il, «a le mérite de présenter à la fois de hautes instructions aux maris, et aux célibataires la peinture des mœurs du siècle dernier.»

* *

      POINT DE LENDEMAIN,

      CONTE

      J'aimais éperdument la Comtesse de ***; j'avais vingt ans, et j'étais ingénu; elle me trompa; je me fâchai; elle me quitta. J'étais ingénu, je la regrettai; j'avais vingt ans, elle me pardonna; et comme j'avais vingt ans, que j'étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l'amant le mieux aimé, partant le plus heureux des hommes. Elle était amie de madame de T… qui semblait avoir quelques projets sur ma personne, mais sans que sa dignité fût compromise. Comme on le verra, madame de T… avait des principes de décence auxquels elle était scrupuleusement attachée.

      Un jour que j'allais attendre la Comtesse dans sa loge, je m'entends appeler de la loge voisine. N'était-ce pas encore la décente madame de T…? «Quoi! déjà! me dit-on. Quel désœuvrement! Venez donc près de moi. – J'étais loin de m'attendre à tout ce que cette rencontre allait avoir de romanesque et d'extraordinaire. On va vîte avec l'imagination des femmes; et dans ce moment celle de madame de T… fut singulièrement inspirée. Il faut, me dit-elle, que je vous sauve le ridicule d'une pareille solitude; puisque vous voilà, il faut… l'idée est excellente. Il semble qu'une main divine vous ait conduit ici. Auriez-vous par hasard des projets pour ce soir? Ils seraient vains, je vous en avertis; point de questions, point de résistance… appelez mes gens. Vous êtes charmant. – Je me prosterne… on me presse de descendre, j'obéis. – Allez chez Monsieur, dit-on à un domestique; avertissez qu'il ne rentrera pas ce soir… Puis on lui parle à l'oreille, et on le congédie. Je veux hasarder quelques mots, l'opéra commence, on me fait taire: on écoute, ou l'on fait semblant d'écouter. A peine le premier acte est-il fini, que le même domestique rapporte un billet à madame de T… en lui disant que tout est prêt. Elle sourit, me demande la main, descend, me fait entrer dans sa voiture, et je suis déjà hors de la ville avant d'avoir pu m'informer de ce qu'on voulait faire de moi.

      Chaque fois que je hasardais une question, on répondait par un éclat de rire. Si je n'avais bien su qu'elle était femme à grandes passions, et que dans l'instant même elle avait une inclination, inclination dont elle ne pouvait ignorer que je fusse instruit, j'aurais été tenté de me croire en bonne fortune. Elle connaissait également la situation de mon cœur, car la comtesse de *** était, comme je l'ai déjà dit, l'amie intime de madame de T… Je me défendis donc toute idée présomptueuse, et j'attendis les événements. Nous relayâmes, et repartîmes comme l'éclair. Cela commençait à me paraître plus sérieux. Je demandai avec plus d'instance jusqu'où me mènerait cette plaisanterie. – Elle vous mènera dans un très beau séjour; mais devinez où: oh! je vous le donne en mille… chez mon mari. Le connaissez-vous? – Pas du tout. – Je crois que vous en serez content: on nous réconcilie. Il y a six mois que cela se négocie, et il y en a un que nous nous écrivons. Il est, je pense, assez galant à moi d'aller le trouver. – Oui: mais, s'il vous plaît, que ferai-je là, moi? à quoi puis-je y être bon? – Ce sont mes affaires. J'ai craint l'ennui d'un tête-à-tête; vous êtes aimable, et je suis bien aise de vous avoir. – Prendre le jour d'un raccommodement pour me présenter, cela me paraît bizarre. Vous me feriez croire que je suis sans conséquence. Ajoutez à cela l'air d'embarras qu'on apporte à une première entrevue. En vérité, je ne vois rien de plaisant pour tous les trois dans la démarche que vous allez faire. – Ah! point de morale, je vous en conjure; vous manquez l'objet de votre emploi. Il faut m'amuser, me distraire, et non me prêcher. —

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      1

      Molière. L'école des femmes, acte III, sc. III.

      2

      Portraits littéraire. Paris, Didier, 1852, tome 1er, p. 451-452.

      3

      Nouvelle de Charles Nodier, publiée en 1803.

      4

      Sainte-Beuve. Portraits contemporains. Didier, 1846, p. 452, article Balzac.

      5

      Bulletin du Bouquiniste. A. Aubry à Paris; 1re année, 1857, № 7, p. 153.

      6<

1

Molière. L'école des femmes, acte III, sc. III.

2

Portraits littéraire. Paris, Didier, 1852, tome 1er, p. 451-452.

3

Nouvelle de Charles Nodier, publiée en 1803.

4

Sainte-Beuve. Portraits contemporains. Didier, 1846, p. 452, article Balzac.

5

Bulletin du Bouquiniste. A. Aubry à Paris; 1re année, 1857, № 7, p. 153.

6

En 1828 ou 1829, car c'est dans le courant de cette dernière année, que parut alors sans nom d'auteur la Physiologie du mariage (catalogue A. Dutacq. Paris, Téchener, 1857).

7

2e édition. Paris, Olivier, 1834, tome 2e, p. 170 et suivantes.

8

Regnault de Saint-Jean-d'Angely.

9

Les exemplaires ne sont pas numérotés.

10

Mme Moulard, auteur de plusieurs ouvrages en prose et en vers, aujourd'hui oubliés, qui épousa M. le comte de Beauharnais, l'oncle d'Alexandre de Beauharnais, premier mari de l'impératrice Joséphine.

11

Point


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<p>17</p>

Madame du Chatelet ou Point de Lendemain, comédie en 1 acte, mêlée de chant, par MM. Ancelot et Gustave. Paris, 1832.

Le Plastron, comédie en 2 actes, mêlée de chant, par MM. Xavier, Duvert et Lauzanne. Paris, 1839.

Le Chandelier, comédie d'Alf. de Musset. Cette comédie diffère un peu du conte par la conclusion; le Chandelier a un lendemain.