Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6 - (G - H - I - J - K - L - M - N - O). Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc

Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6 - (G - H - I - J - K - L - M - N - O) - Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc


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renvoya les clercs à la suite de la seconde, sous le prétexte qu'on ne leur rendait pas justice. Au XIVe siècle, ces désordres ne firent que s'accroître; la plupart des hôteliers étaient coupeurs de bourses, détrousseurs de passants; si bien qu'en 1315, pour ôter aux aubergistes l'envie d'assassiner les étrangers qui s'arrêtaient chez eux, il fut rendu une ordonnance dans laquelle il était dit que «l'hoste qui retient les effets d'un étranger mort chez lui doit rendre le triple de ce qu'il a retenu 70.» C'est dans une hôtellerie de la rue Saint-Antoine, à l'enseigne de l'Aigle, que Jeanne de Divion vint s'installer pour fabriquer les faux à l'aide desquels Robert d'Artois prétendait s'emparer de la succession de la comtesse de Mahaut. Ce lieu, dit M. Le Roux de Lincy, «était un petit séjour situé au bord de la rivière et plus loin que la Grève, partie de la ville alors presque déserte.» Les hôtelleries servaient aussi de repaire aux faux monnayeurs, ainsi que le témoigne ce passage du Renart contrefait 71:

      «C'est hostel de gloutonnie

      Plain de trestoute ribandie

      Recept de larrons et houlliers

      De bougres, de faux monnoiers.

      Quant tous malvais voeullent trichier

      Es tavernes se vont muchier

      Hostel de bourdes et vantance

      Plain de male perseverance.»

      C'était aussi dans les hôtelleries que venaient discourir les fauteurs de troubles publics, que se cachaient les espions 72.

      On comprendra que ces établissements n'étaient autre chose que des maisons, le plus souvent isolées, et n'ayant d'autre marque distinctive qu'une enseigne pendue à la porte.

       HOURD, s. m. Hourt, hour, ourdeys, gourt. Échafaud fermé de planches; appliqué à l'architecture militaire, est un ouvrage en bois, dressé au sommet des courtines ou des tours, destiné à recevoir des défenseurs, surplombant le pied de la maçonnerie et donnant un flanquement plus étendu, une saillie très-favorable à la défense. Nous avons expliqué, dans l'article ARCHITECTURE MILITAIRE (voy. fig. 14, 15, 16 et 32), les moyens de construction et l'utilité des hourds; toutefois l'objet prend une si grande importance dans l'art de la défense des places du XIe au XIVe siècle, que nous devons entrer dans des développements.

      Il y a tout lieu de croire que, dès l'époque romaine, les hourds étaient en usage, car il est question, dans les Commentaires de César, d'ouvrages en bois qui sont de véritables hourds. Nous en avons donné un exemple à l'article FOSSÉ, fig. 1. Dans l'ouvrage en bois qui couronnait les fossés du camp de César devant les Bellovaques, les galeries réunissant les tours sont des hourds continus protégeant un parapet inférieur 73. La nécessité pour les défenseurs de commander le pied des remparts, d'enfiler les fossés et de se mettre à l'abri des projectiles lancés par les assiégeants, dut faire adopter les hourds dès l'époque gallo-romaine. Les crénelages supérieurs ne pouvaient, en cas de siége, présenter une défense efficace, puisque en tirant, les archers ou arbalétriers étaient obligés de se découvrir. Si l'assiégeant se logeait au pied même des murs, il devenait de toute impossibilité aux assiégés non-seulement de lui décocher des traits, mais même de le voir, sans passer la moitié du corps en dehors des créneaux. À la fin du XIe siècle déjà et au commencement du XIIe, nous remarquons, au sommet des tours et remparts, des trous de hourds percés au niveau des chemins de ronde 74. Souvent alors ces trous sont doubles, de manière à permettre de poser, sous la solive en bascule, un lien destiné à soulager sa portée.

      Les merlons des tours et courtines du château de Carcassonne (1100 environ) sont hauts (1m,60 à 1m,80); les trous de hourds sont espacés régulièrement, autant que le permet la courbe des tours ou les dispositions intérieures; sous leurs pieds-droits sont percés, tout à travers, quatre trous: deux un peu au-dessous de l'appui des créneaux, deux au niveau du chemin de ronde.

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      1

       Voy. FENÊTRE, fig. 19.

      2

       Voy. CONSTRUCTION, fig. 108.

      3

       Voy., au 7e Entretien sur l'Architecture, l'ensemble de cette façade.

      4

       L'Architecture du Ve au XVIIe siècle et les arts qui en dépendent. T. I.

      5

       Actuellement chapelle de l'hospice (1230 environ).

      6

       Hist. et Antiq. de la ville de Paris. T. II, p. 281.

      7

       Notre-Dame de Paris.

      8

       Origines des armoiries, p. 93. (Voy. Salvaing, Chambolas, et la Peirère.)

      9

       Mémoires sur l'ancienne chevalerie, t. I. p. 360 (Notes).

      10

       Quatremère de Quincy, Dictionnaire d'Architecture, art. Goût.

      11

       Qu'est-ce que l'imitation des beaux-arts? L'auteur veut-il parler des arts d'imitation ou de l'imitation de la nature dans l'art?

      12

       Voy. CONSTRUCTION.

      13

       T. XIV, p. 491; t. XV, p. 193, 443 et 492.

      14

       Nous devons ces dessins, relevés avec le plus grand soin, à M. Davioud, architecte de la ville de Paris.

      15

       Pilier de gauche à l'entrée de la nef,


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<p>70</p>

Laurière.

<p>71</p>

Manuscrit de la Bib. imp., nº 6985, f. Lancelot, fº 32.

<p>72</p>

Voy. les Hôtelleries et Cabarets au moyen âge, par Franc. Michel et Éd. Fournier: t. I. Le Livre d'or des métiers.

<p>73</p>

De Bello Gallico, I. VIII, c. IX.

<p>74</p>

Au château de Carcassonne, par exemple, où les trous de hourds sont partout conservés.