Avant qu’il ne prenne . Блейк Пирс

Avant qu’il ne prenne  - Блейк Пирс


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Creek allait probablement avoir envie de prendre un verre quelque part.

      Elle avait bien envie d’en prendre un d’ailleurs.

      Ellington lui effleura le dos et s’avança en direction du bar. « Allons prendre un verre. C’est moi qui invite, » dit-il.

      Elle commençait à apprécier l’humour plutôt simple qui s’était créé entre eux. Ils savaient tous les deux qu’il y avait une sorte de gêne mais ils étaient parvenus à la surmonter. Afin d’éviter qu’elle ne revienne, ils avaient créé une sorte de timide amitié sur base de leur travail – un travail qui leur demandait de penser de manière logique et d’approcher les choses de manière sérieuse. Pour l’instant, ça fonctionnait assez bien.

      Elle le rejoignit pour traverser le parking et quand ils entrèrent dans le bar – qui portait le nom vraiment peu original de Bar de Bent Creek – les ténèbres de la nuit furent remplacées par une sorte d’obscurité enfumée qui n’existait que dans les pubs des petites villes. Au moment où ils prirent place au bar, un vieux morceau de Travis Tritt sortait du jukebox poussiéreux qui se trouvait dans un coin. Ils commandèrent une bière et, comme si ce verre en donnait en quelque sorte le signal, Ellington se remit tout de suite en mode professionnel.

      « Je pense que ces chemins secondaires qui rejoignent la Route 14 valent la peine d’être examinés de plus près, » dit-il.

      « Je pense la même chose, » dit-elle. « Je trouve bizarre qu’ils ne soient mentionnés nulle part parmi les notes résumées sur ce tableau par la police. »

      « Peut-être parce qu’ils connaissent mieux la géographie de cette région que nous, » suggéra Ellington. « Ce n’est peut-être que des sentiers en terre battue qui ne mènent nulle part. Il y a une raison pour laquelle tu n’as pas posé la question au moment où tu menais la réunion ? »

      « J’ai failli, » dit-elle. « Mais ils avaient fait un tellement bon boulot en rassemblant toutes ces informations… que je n’ai pas voulu froisser des susceptibilités. Le fait d’avoir un département de police coopératif qui se plie en quatre pour nous, c’est nouveau pour moi. Mais je poserai la question demain. Si c’était vraiment important et vital, ils y auraient sûrement déjà pensé ou ils nous l’auraient au moins mentionné. »

      Ellington hocha la tête et avala une gorgée de sa bière. « Oh, j’allais presqu’oublier, » dit-il. « J’étais vraiment désolé d’apprendre la nouvelle concernant Bryers. Je n’ai travaillé avec lui que quelques fois et ce n’était pas de manière proche. Mais il avait l’air d’être un type vraiment bien. Et un très bon agent aussi, d’après ce que j’en ai entendu. »

      « Oui, c’était vraiment un chouette gars, » dit Mackenzie.

      « Je ne sais pas si tu as envie de le savoir ou pas, » dit Ellington, « mais il y a eu beaucoup de polémique concernant le fait que tu sois son partenaire au moment où tu as été admise. Bryers était un élément recherché. Un des meilleurs. Mais quand on lui a fait part de l’idée, il était partant à fond. Je pense qu’il avait toujours voulu être un mentor. Et je pense qu’il a eu la chance de travailler avec un bon élément pour son premier essai. »

      « Merci, » dit-elle. « Mais je n’ai pas encore vraiment l’impression d’avoir fait mes preuves. »

      « Pourquoi ? »

      « Et bien… je ne sais pas. Peut-être que ça arrivera quand je serai capable de résoudre une affaire sans que McGrath ne soit fâché sur moi pour un détail ou un autre. »

      « Il ne se fâche que parce qu’il attend beaucoup de toi. Tu es arrivée telle une mèche de dynamite déjà allumée. »

      « C’est la raison pour laquelle il nous a fait partenaires sur cette affaire ? »

      « Non. Je pense que la raison pour laquelle il voulait que je travaille sur cette affaire est plutôt liée à mes connexions avec le bureau local d’Omaha. Et entre nous, il veut vraiment que tu réussisses sur ce coup. Il veut que tu fasses un malheur. Avec moi comme partenaire, tu ne vas pas pouvoir recourir à une de tes conclusions en solo auxquelles tu es si encline. »

      Elle eut envie de se défendre sur ce point mais elle savait qu’il avait raison. Alors, elle opta plutôt pour vider sa bouteille en silence. Le jukebox déversait maintenant du Bryan Adams et elle finit par commander sa deuxième bière.

      « Alors dis-moi, » dit Mackenzie. « Si on n’était par partenaires sur cette affaire, comment est-ce que tu l’aborderais ? Tu adopterais quelle approche ? »

      « Comme toi. En collaborant étroitement avec les forces de police locales et en essayant de m’en faire des amis. En prenant des notes et en élaborant des théories. »

      « Et tu es parvenu à une théorie en particulier ? » demanda-t-elle.

      « Aucune que tu n’aies pas déjà mentionnée dans cette salle de conférence. Je pense qu’on va dans la bonne direction… je pense que ce type est une sorte de collectionneur. Un timide est un solitaire. Je suis presque certain qu’il n’enlève pas ces femmes pour les tuer. Tu as tout à fait raison sur tous ces points. »

      « Le truc qui me dérange vraiment, » dit Mackenzie, « c’est de penser à toutes les autres raisons qui peuvent le motiver à kidnapper et à collectionner des femmes. »

      « Tu as remarqué que le shérif Bateman a pris soin d’avoir une femme policier dans la pièce durant toute la réunion ? » demanda Ellington.

      « Oui, Roberts. J’ai supposé que c’était dans le but de maintenir la conversation centrée sur les faits et non sur des spéculations. Spéculations concernant les raisons pour lesquelles le suspect pourrait retenir ces femmes. Parler de viol et d’abus sexuel est un peu plus facile quand il n’y a pas de femme à proximité. »

      « Et toi, ce genre de sujet te dérange ? » demanda Ellington.

      « Avant, oui, ça me dérangeait. Mais malheureusement, je m’y suis presque fait. Ça ne me dérange plus maintenant. » Ce n’était pas vrai à cent pour cent mais elle n’avait pas envie qu’Ellington le sache. La vérité, c’était que c’était ce genre de choses qui la motivait à être le meilleur d’elle-même.

      « C’est nul, tu ne trouves pas ? » demanda-t-il. « Cette part d’humanité qui finit par s’insensibiliser à de telles choses ? »

      « Oui, c’est vrai, » dit-elle. Elle se cacha durant un instant derrière sa bière, un peu étonnée qu’Ellington ait franchi un tel pas. C’était peut-être insignifiant pour lui mais ça montrait un certain degré de vulnérabilité.

      Elle finit sa bière et la fit glisser vers le bord du bar. Quand le barman s’approcha, elle lui fit un signe de la main. « Non, ça va, merci, » dit-elle. Puis, en se tournant vers Ellington, elle dit : « Tu as dit que tu invitais, c’est bien ça ? »

      « Oui, c’est bien ça. Attends un instant et je te raccompagne jusqu’à ta chambre. »

      Le léger sentiment d’excitation qu’elle ressentit en entendant cette phrase la mit mal à l’aise. Afin d’interrompre tout de suite cette sensation, elle secoua la tête. « Ce n’est pas nécessaire, » dit-elle. « Je peux prendre soin de moi. »

      « Je sais que tu peux, » dit-il, en faisant glisser son propre verre vide vers le bord du bar. « Je prendrai une autre bière, » dit-il au barman.

      Mackenzie lui fit un signe de la main en partant. Au moment où elle traversait le parking, une petite partie d’elle-même ne pouvait s’empêcher de se demander ce que ça lui ferait de rentrer au motel accompagnée d’Ellington, poussée par l’incertitude qui les attendait une fois que les portes seraient fermées et les persiennes baissées.

      ***

      Il lui fallut moins de vingt minutes pour que cette petite pointe d’excitation ne disparaisse. Comme


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