Une Joute de Chevaliers . Морган Райс
devenus les bienvenus partout, et ils étaient toujours restés éveillés tard dans la nuit, racontant des histoires de batailles, de courage, d’escarmouches avec des monstres qui émergeaient du canyon – ou pire, d’au-delà des étendues sauvages.
Kendrick cligna des yeux, de la poussière dedans, reprenant soudain ses esprits. Il était dans une période différente maintenant, un lieu différent. Il jeta un coup d’œil, vit les huit hommes de l’Argent, et s’attendit à en voir des milliers d’autres avec eux. Mais la réalité fit lentement son effet, et il se rendit compte que les huit d’entre eux étaient tout ce qu’il restait, et il prit conscience de combien les choses avaient changé. Ces jours glorieux seraient-ils un jour restaurés ?
L’idée de Kendrick quant à ce qui faisait un guerrier avait changé au fil des ans, et ces jours-ci, il se retrouva à penser que ce qui faisait le guerrier n’était pas seulement ses capacités et l’honneur – mais la persévérance. La capacité à poursuivre. La vie avait une manière de vous bombarder de tant d’obstacles, de calamités, de tragédies, de pertes – et plus que tout, de tant de changements ; il avait perdu plus d’amis qu’il ne pouvait en compter, et le Roi pour lequel il avait vécu n’était même plus en vie. Sa propre patrie avait disparue. Et pourtant il continuait, même s’il ignorait pourquoi. Il le cherchait, il le savait. Et c’était cette capacité à persévérer, peut-être plus que tout, qui faisait le guerrier, qui faisait qu’un homme résistait à l’épreuve du temps quand tant d’autres disparaissaient. C’était ce qui séparait les véritables guerriers de ceux qui étaient éphémères.
« MUR DE SABLE DEVANT ! » cria une voix.
C’était une voix étrangère, une à laquelle Kendrick était encore en train de s’habituer, et il jeta un regard pour voir Koldo, l’aîné du Roi, dont la peau noire se démarquait du reste du groupe, menant le groupe de soldats de la Crête. Durant le bref moment où Kendrick l’avait connu, il en était déjà arrivé à le respecter, voyant la manière dont il dirigeait ses hommes, et la manière dont ils levaient les yeux sur lui. Il était un chevalier aux côtés duquel Kendrick était fier de chevaucher.
Koldo désignait l’horizon du doigt, Kendrick regarda au loin et vit ce vers quoi il pointait – en fait, il l’entendit avant de le voir. C’était un sifflement perçant, comme une tempête, et Kendrick se rappela du temps passé dans la Désolation, d’avoir été trainé à travers, à moitié inconscient. Il se rappelait les sables violents, tourbillonnant comme une tornade qui ne s’éloignait jamais, formant un mur solide et s’élevant vers le ciel. Cela avait paru imperméable, comme un véritable mur, et cela aidait à dissimuler la Crête du reste de l’Empire.
Alors que le sifflement se faisait plus fort, Kendrick redoutait d’y pénétrer à nouveau.
« ÉCHARPES ! » ordonna une voix.
Kendrick vit Ludvig, l’aîné des jumeaux du Roi, étirer une longue étoffe à mailles et l’enrouler autour de son visage. Un à un les autres soldats suivirent son exemple et firent de même.
Là arriva en chevauchant à côté de Kendrick le soldat qui s’était présenté comme étant Naten, un homme que Kendrick avait instantanément pris en grippe. Il était rebelle au à l’autorité attribuée à Kendrick, et irrespectueux.
Naten sourit d’un air suffisant à Kendrick tout en se rapprochant.
« Vous pensez diriger cette mission », dit-il, « juste parce que le Roi vous l’a assignée ? Mais vous n’en savez même pas assez pour protéger vos hommes du Mur de Sable. »
Kendrick lança un regard furieux à l’homme, voyant dans ses yeux qu’il éprouvait une haine gratuite envers lui. Au premier abord Kendrick avait pensé que peut-être il avait seulement été menacé par lui, un étranger – mais maintenant il pouvait voir que c’était juste un homme qui adorait détester.
« Donne-lui les écharpes ! » cria Koldo à Naten, impatient.
Après que quelques instants supplémentaires eurent passé, et que le mur se soit rapproché encore plus, Naten se pencha enfin et jeta le sac d’écharpes à Kendrick, le frappant durement au torse tandis qu’il chevauchait.
« Distribuez-les à vos hommes », dit-il, « ou finissez découpés par le mur. C’est votre choix – je ne m’en soucie pas vraiment. »
Naten s’éloigna, retournant à ses hommes, et Kendrick distribua rapidement les écharpes à ses hommes, chevauchant à côté de chacun d’eux, et il les leur tendit. Ensuite, Kendrick enroula sa propre écharpe autour de sa tête et de son visage, comme les autres de la Crête le faisaient, encore et encore, jusqu’à ce qu’il se sente en sécurité mais puisse encore respirer. Il pouvait à peine y voir à travers, le monde était obscurci, flou dans la lumière.
Kendrick se tint prêt tandis qu’ils se rapprochaient et que le bruit des sables tourbillonnants devenait assourdissant. Déjà, à cinquante mètres, l’air était empli du son du sable rebondissant sur les armures. Un instant après, il le sentit.
Kendrick plongea dans le Mur de Sable, et ce fut comme pénétrer dans un océan de sable bouillonnant. Le bruit était si fort qu’il pouvait à peine entendre le battement de son propre cœur dans ses oreilles, tandis que le sable englobait chaque centimètre de son corps, luttant pour rentrer, pour le déchiqueter. Les sables tourbillonnants étaient si puissants, il ne pouvait pas même voir Brandt ou Atme, à quelques mètres de lui.
« CONTINUEZ À AVANCER ! » cria Kendrick à ses hommes, se demandant même si l’un d’eux pouvait l’entendre, se rassurant autant lui qu’eux. Les chevaux hennissaient comme des fous, ralentissaient, agissaient étrangement, et Kendrick baissa les yeux pour voir le sable aller dans leurs yeux. Il talonna plus fort, priant pour que son cheval ne s’arrête pas sur place.
Kendrick continua à charger et charger, pensant que cela ne se terminerait jamais – puis, enfin, avec soulagement, il en émergea. Il sortit à toute vitesse de l’autre côté, ses hommes à côté de lui, de retour dans la Grande Désolation, le ciel dégagé et le vide attendaient pour l’accueillir de l’autre côté. Le Mur de Sable se calma progressivement tandis qu’ils s’éloignaient, et alors que la quiétude était restaurée, Kendrick remarqua les hommes de la Crête qui le regardaient, lui et ses hommes, avec surprise.
« Vous ne pensiez pas que nous survivrions ? » demanda Kendrick à Naten alors qu’il demeurait bouché bée.
Naten haussa les épaules.
« Je ne m’en soucierais pas dans les deux cas », dit-il, et il s’élança avec ses hommes.
Kendrick échangea un regard avec Brandt et Atme, tandis qu’ils s’interrogeaient tous à nouveau à propos de ces hommes de la Crête. Kendrick sentait que ce serait un chemin long et difficile pour gagner leur confiance. Après tout, lui et ses hommes étaient des étrangers, et ils étaient ceux qui avaient créé cette piste et leur avaient causé des problèmes.
« Droit devant ! » cria Koldo.
Kendrick leva les yeux et vit là, dans le désert, la trace laissée par lui et les autres de l’Anneau. Il vit toutes leurs empreintes, maintenant durcies dans le sable, menant vers l’horizon.
Koldo s’arrêta où elles s’arrêtaient, fit une pause, et tous les autres firent de même, leurs chevaux essoufflés. Ils regardèrent tous par terre, les étudièrent.
« Je m’étais attendu à ce que le désert les efface », dit Kendrick, surpris.
Naten ricana.
« Ce désert n’efface rien. Il ne pleut jamais – et il se souvient de tout. Ces empreintes, vos empreintes les auraient menées droit vers nous – et auraient mené à la chute de la Crête.
« Arrête de l’exclure », dit sombrement Koldo à Naten, la voix rendue sévère par l’autorité.
Ils se tournèrent tous pour