Si elle courait. Блейк Пирс
de son travail à temps partiel en tant qu’agent. Il trouvait que c’était plutôt impressionnant (c’était ses mots à lui, pas à elle) qu’elle refuse de prendre totalement sa retraite d’un boulot comme celui-là. Alors quand il lui dénoua les gants, il le fit aussi vite que possible.
Kate passa à travers les cordes et se précipita vers son sac de sport, qui se trouvait contre le mur. Elle ne le laissait jamais au vestiaire, pour le cas où elle recevrait ce genre d’appel. Elle attrapa son téléphone et fut à la fois excitée et anxieuse quand elle vit qu’il s’agissait du directeur adjoint Duran.
« Agent Wise, » dit-elle, en décrochant.
« Wise, c’est Duran. Vous avez une minute ? »
« Oui, » dit-elle, en regardant le ring d’un air un peu déçu. L’entraîneur de Margo était occupé à la briefer sur la manière d’éviter les feintes. « Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »
« J’ai besoin de vous sur une enquête, avec effet immédiat. Je veux que vous et DeMarco preniez l’avion dès ce soir. »
« Je ne sais pas, » dit-elle. Et c’était la vérité. C’était très soudain comme demande et au cours de ces dernières semaines, elle avait plusieurs fois abordé ce thème avec Mélissa, sa fille, et le fait de ne plus vouloir être aussi facilement disponible pour des missions de dernière minute. Elle avait passé beaucoup de temps avec Mélissa et Michelle, sa petite-fille, au cours de ce dernier mois, et leur entente était finalement au beau fixe – une certaine routine s’était même installée entre elles. Elles étaient enfin parvenues à ressembler à une véritable famille.
« J’apprécie que vous ayez pensé à moi, » dit Kate. « Mais je ne suis pas sûre de pouvoir accepter. C’est vraiment très dernière minute. Et prendre un avion… ça veut dire que ce n’est pas tout près. Je ne suis pas sûre d’être prête pour un long voyage. Où a lieu l’enquête ? »
« À New York. Kate… Je suis presque sûr que ça a un lien avec l’affaire Nobilini. »
En entendant ce nom, elle fut parcourue d’un frisson. Ses oreilles se mirent à bourdonner et ce n’était pas lié au coup qu’elle avait reçu de Margo. Elle revit mentalement des images datant de près de huit ans et qui semblaient venir la narguer.
« Kate ? »
« Je suis là, » dit-elle. Elle regarda à nouveau en direction du ring. Elle vit Margo occupée à s’étirer et à sauter sur place, prête pour le round suivant.
C’était dommage, mais il n’y aurait pas d’autre round. Car dès que Kate avait entendu prononcer le nom de Nobilini, elle avait su qu’elle accepterait l’affaire. Elle n’avait pas le choix.
L’affaire Nobilini lui avait filé entre les doigts il y a huit ans – l’un des seuls véritables échecs qu’elle ait eu au cours de sa carrière.
C’était l’occasion pour elle de l’élucider – de clôturer la seule affaire qui l’avait véritablement dépassée.
« À quelle heure est le vol ? » demanda-t-elle à Duran. ´
« Dulles à JFK, il décolle dans quatre heures. »
Une vague de tristesse l’envahit en pensant à Mélissa et à Michelle. Mélissa ne comprendrait pas mais Kate ne pouvait pas laisser passer cette opportunité.
« J’y serai, » dit-elle.
CHAPITRE DEUX
Kate réussit à faire sa valise et à sortir de Richmond en moins d’une heure et demie. Quand elle retrouva sa coéquipière, Kristen DeMarco, devant l’un des nombreux Starbucks de l’aéroport international de Dulles, il ne leur restait plus que dix minutes avant le décollage. La plupart des passagers avaient déjà embarqué.
Quand elle la vit, DeMarco se dirigea à vive allure en direction de Kate, avec un café en main. Elle lui sourit et secoua la tête. « Si tu déménageais à Washington, tu ne serais pas toujours obligée de te dépêcher et tu arriverais plus souvent à l’heure. »
« Ce n’est même pas envisageable, » dit Kate, quand elle la rejoignit. « Déjà que ce boulot à temps partiel me tient plus souvent éloignée de ma famille que je le voudrais. Si j’étais obligée de déménager à Washington, je refuserais. »
« Comment vont Mélissa et Michelle ? » demanda DeMarco.
« Elles vont bien. J’ai parlé à Mélissa pendant le trajet vers l’aéroport. Elle m’a dit qu’elle comprenait et qu’elle me souhaitait bonne chance. Et pour une fois, j’ai même eu l’impression qu’elle le pensait vraiment. »
« Tant mieux. Je te l’avais dit qu’elle finirait par comprendre. J’imagine que ça doit être cool d’avoir une mère aussi dure à cuire que toi. »
« Je suis loin d’être une dure à cuire, » dit Kate, au moment où elles arrivèrent à la porte d’embarquement. Mais elle repensa à son match de boxe contre Margo et elle se dit que c’était peut-être un surnom qui ne lui allait pas si mal que ça… en tout cas, en partie.
« La dernière chose qu’on m’a dite à ton sujet, » dit Kate, « c’est que tu enquêtais sur un triple meurtre dans le Maine. »
« Oui, effectivement. On a clôturé l’enquête il y a une semaine – on était six agents à travailler dessus. Quand Duran m’a appelée concernant cette nouvelle affaire, il m’a dit qu’il pensait faire appel à toi et il m’a demandé si j’étais d’accord. J’ai bien entendu sauté sur l’occasion. Je lui ai dit que j’aimerais travailler avec toi aussi souvent que possible à l’avenir. »
« Merci, » dit Kate. Mais elle n’en dit pas plus. Ça lui allait droit au cœur mais elle ne voulait pas avoir l’air trop sentimentale.
Elles embarquèrent dans l’avion et prirent place l’une à côté de l’autre. Quand elles furent installées, DeMarco sortit un épais dossier de son sac.
« C’est le dossier complet concernant l’affaire Nobilini, » dit-elle. « Vu que tu as travaillé dessus, j’imagine que tu en connais tous les détails, non ? »
« Probablement, » dit Kate.
« C’est un vol assez court, » dit DeMarco. « Je préférerais que tu me racontes ce que tu sais, plutôt que de le lire dans un dossier. »
Kate aurait eu la même réaction. Mais elle avait aussi très envie de parler des détails de cette affaire avec DeMarco. Elle n’était jamais vraiment parvenue à oublier cette enquête au fil des ans, même si elle avait fait de son mieux pour ne pas se focaliser sur le seul véritable échec de sa carrière.
Alors que l’avion se dirigeait vers la piste de décollage, Kate commença à résumer les détails de cette affaire. Elle dut s’interrompre lors des communications du personnel de bord mais au fur et à mesure qu’elle parlait, elle eut l’impression que cette affaire était de nouveau d’actualité. C’était peut-être parce que ça faisait longtemps qu’elle ne s’y était plus intéressée, ou peut-être que c’était le fait d’avoir en partie pris sa retraite, mais l’enquête lui semblait à nouveau ouverte.
Elle expliqua à DeMarco les détails de cette enquête dans un quartier de banlieue chic, près de New York. Il n’y avait eu qu’un seul mort, mais un membre du Congrès avait demandé une enquête du FBI, en raison de ses liens étroits avec la victime. Aucune empreinte, aucun indice. La victime, Frank Nobilini, avait été retrouvée dans une ruelle dans le quartier de Midtown. Apparemment, il se rendait au travail. Le meurtre avait eu lieu entre son parking et son bureau. Une seule balle tirée dans la nuque. Dans le genre exécution.
« Mais quelqu’un l’a visiblement forcé à se rendre dans cette ruelle ? » demanda DeMarco.
«