La Maison Idéale. Блейк Пирс

La Maison Idéale - Блейк Пирс


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techniquement, elle était encore consultante, elle était payée par la Police de Los Angeles et bénéficiait de tous les avantages correspondants, dont l’assurance maladie, chose dont elle avait grandement besoin comme le prouvaient ses expériences récentes.

      Quand elle entra dans la grande zone de travail centrale, qui se composait de dizaines de bureaux séparés par de simples plaques en liège, elle inspira et attendit. Cependant, rien ne se produisit. Personne ne parla.

      En fait, personne ne semblait même avoir remarqué son arrivée. Certains étudiaient des dossiers la tête baissée. D’autres étaient concentrés sur les gens qui étaient assis en face d’eux et qui étaient, dans la plupart des cas, des témoins ou des suspects menottés.

      Elle se sentit légèrement déçue. Pire encore, elle se sentit idiote.

      Je m’attendais à quoi ? À une parade ?

      Ce n’était pas comme si elle avait gagné le mythique Prix Nobel de la résolution de crimes. Elle était allée s’entraîner chez le FBI pendant deux mois et demi. C’était très cool, mais personne n’allait l’applaudir pour autant.

      Elle s’engagea discrètement dans le labyrinthe de bureaux et passa devant des inspecteurs avec lesquels elle avait déjà travaillé. Callum Reid, environ quarante-cinq ans, arrêta de lire son fichier et leva les yeux. Quand il adressa un hochement de tête à Jessie, ses lunettes lui tombèrent presque du front, sur lequel il les avait relevées.

      Alan Trembley, la vingtaine, dont les mèches blondes étaient aussi emmêlées que d’habitude, portait lui aussi des lunettes, mais il les portait sur l’arête du nez pendant qu’il interrogeait attentivement un homme plus âgé qui semblait être ivre. Quand Jessie passa devant lui, il ne la regarda même pas.

      Elle atteignit son bureau, qui était tellement en ordre que c’en était embarrassant, posa sa veste et son sac à dos et s’assit. Ce faisant, elle vit Garland Moses sortir lentement de la salle de repos café en main et commencer à monter les escaliers pour rejoindre le bureau qu’il avait au deuxième étage et qui était en fait un placard à balais.

      Cela semblait être un espace de travail plutôt décevant pour le profileur criminel le plus célèbre de la Police de Los Angeles, mais Moses ne semblait pas s’en formaliser. En fait, peu de choses retenaient son attention. À plus de soixante-dix ans, si ce profileur légendaire travaillait encore comme consultant pour la section, c’était surtout pour lutter contre l’ennui et il pouvait quasiment faire ce qu’il voulait. Ex-agent du FBI, il avait déménagé sur la côte ouest à la retraite mais quelqu’un l’avait convaincu de fournir des services de profilage à la section. Il avait accepté si on lui permettait de choisir ses affaires et de travailler le nombre d’heures qu’il voulait. Avec ses antécédents, personne n’avait soulevé d’objection et rien n’avait changé depuis.

      Avec sa tignasse de cheveux blancs en bataille, sa peau tannée et un style vestimentaire qui devait remonter à 1981, il avait la réputation d’être bourru dans le meilleur des cas et carrément maussade dans le pire des cas. Cependant, Jessie avait eu une seule interaction importante avec lui et, à cette occasion, si elle ne l’avait pas trouvé chaleureux, elle avait au moins constaté qu’il aimait bavarder. Elle aurait voulu lui poser plus de questions mais craignait encore un peu de s’adresser directement à lui.

      Quand il monta les marches en traînant les pieds et disparut hors de la vue de Jessie, cette dernière jeta un coup d’œil autour d’elle. Elle cherchait Ryan Hernandez, l’inspecteur avec lequel elle avait travaillé le plus souvent et qu’elle aurait presque été tentée de considérer comme son ami. Récemment, ils avaient même commencé à s’appeler par leurs prénoms, ce qui était un progrès immense dans la police.

      En fait, ils s’étaient rencontrés en des circonstances non-professionnelles, quand son professeur avait invité Hernandez à intervenir dans son cours de psychologie criminelle de troisième cycle lors du dernier semestre que Jessie avait passé à UC-Irvine l’automne dernier. Il avait présenté une étude de cas que, de toute la classe, seule Jessie avait réussi à résoudre. Plus tard, elle avait appris qu’elle était seulement la deuxième personne à avoir jamais trouvé la solution.

      Après ça, ils étaient restés en contact. Elle l’avait appelé pour lui demander de l’aide quand elle avait commencé à se méfier de son mari mais avant qu’il n’ait essayé de la tuer. Ensuite, quand elle était revenue au centre de Los Angeles, elle avait été nommée au Poste de Police Central, où il était lui-même.

      Ils avaient travaillé sur plusieurs affaires ensemble, dont le meurtre de Victoria Missinger, la philanthrope de la haute société. C’était en grande partie parce que Jessie avait découvert l’identité du tueur qu’elle avait bénéficié du respect qui lui avait permis d’assister à la formation du FBI, chose qui n’aurait pas été possible sans l’expérience et les instincts de Ryan Hernandez.

      En fait, il avait si bonne réputation qu’il avait été assigné à une unité spéciale de la section Vol-Homicide qui s’appelait la Section Spéciale Homicide, ou SSH. Les agents de cette section étaient spécialisés en affaires à profil élevé qui éveillaient beaucoup l’intérêt des médias ou du public. En général, cela comprenait les incendies criminels, les meurtres à plusieurs victimes, les meurtres de personnes célèbres et, bien sûr, les tueurs en série.

      De plus, Jessie devait admettre qu’il était tout à fait fréquentable même quand il n’enquêtait pas. Ils s’entendaient bien, comme s’ils se connaissaient depuis beaucoup plus que six mois. À quelques occasions, à Quantico, quand Jessie s’était détendue, elle s’était demandée si les choses auraient pu être différentes s’ils s’étaient rencontrés dans d’autres circonstances. Cependant, à cette époque-là, Jessie avait encore été mariée et Hernandez et son épouse étaient ensemble depuis plus de six ans.

      Alors, le capitaine Roy Decker ouvrit la porte de son bureau et sortit. Grand, maigre et presque chauve à l’exception de quelques cheveux épars, Decker n’avait pas encore soixante ans mais avait l’air beaucoup plus âgé que ça, avec son visage ridé au teint cireux qui suggérait qu’il vivait sous un stress permanent. Son nez se terminait en pointe et ses petits yeux étaient en alerte, comme s’il était toujours en chasse, comme le supposait Jessie.

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