Si elle craignait. Блейк Пирс
baissa les yeux vers la table. Kate avait souvent vu cette expression. C’était le regard d’une femme qui aimait sa petite ville, mais qui commençait à se rendre compte que ce n’était pas un endroit aussi sûr qu’elle le pensait.
CHAPITRE CINQ
Kate se rendit très vite compte que le shérif Armstrong avait une personnalité qui lui plaisait beaucoup. C’était une femme solide, qui prenait son boulot au sérieux. Quand elle s’installa avec Kate et DeMarco dans une petite salle de réunion à l’arrière du commissariat un quart d’heure après le départ de Mary Seibert, elle le fit avec une certaine anxiété. Elle devait avoir entre cinquante et cinquante-cinq ans, mais l’incertitude qui se lisait sur son visage lui donnait l’air beaucoup plus jeune. Elle était assez jolie. Elle regarda les agents avec des yeux verts rayonnants.
« Vous savez, » dit-elle, en prenant sa tasse de café en main tout en s’appuyant contre le dossier de sa chaise, « j’aurais vraiment aimé que vous ayez pu visiter la région pour d’autres raisons. Est-ce que vous étiez déjà venues à Estes ? »
Kate et DeMarco lui répondirent toutes les deux par la négative. Kate but une gorgée de son café, en réfléchissant aux différents éléments de l’affaire. Elle observa également la salle dans laquelle elles se trouvaient, en se disant qu’il s’agirait probablement de leur centre d’opérations jusqu’à la fin de l’enquête.
Il y avait une grande carte de la région accrochée au mur du fond, juste à côté d’un tableau. Ce dernier n’avait pas l’air d’être souvent utilisé. Dans le coin supérieur droit, Kate put y lire une date qui y avait été griffonnée et partiellement effacée, et qui remontait à presque un an.
« Normalement, la région est plutôt tranquille, » dit Armstrong. « Et mon boulot est assez confortable. Même en période estivale et avec l’arrivée des touristes, il ne se passe pas grand-chose. Quelques contraventions pour excès de vitesse et des bagarres le samedi soir, mais c’est tout. Alors, bien évidemment, ce qui s’est passé cette semaine a été… »
Elle s’interrompit, comme si elle ne voulait même pas essayer de trouver le terme approprié pour terminer sa phrase.
DeMarco regarda Kate, en faisant un geste de la tête en direction d’Armstrong. « Le shérif et ses hommes ont déjà rassemblé tout ce dont on pourrait avoir besoin – dossiers, rapports, listes des maisons mises en vente, tout ça. On a déjà travaillé un peu dessus hier, mais pas plus d’une heure. »
« Est-ce que vous avez une liste mise à jour de toutes les maisons en vente dans la région ? » demanda-t-elle.
« Oui, » dit Armstrong. « On l’a reçue ce matin, après que j’ai demandé à toutes les agences immobilières dans la région de nous envoyer la liste des maisons qui sont actuellement sur le marché. La liste se trouve dans mon bureau, mais je peux aussi vous l’envoyer par email. »
« Est-ce que c’est une longue liste ? »
« Dans la ville d’Estes, il y a actuellement seize maisons en vente et cinq en location. En s’éloignant d’Estes et en se rapprochant du lac, ce nombre augmente. Quarante et une maisons en vente et dix-neuf en location. »
Kate se leva de sa chaise et s’approcha de la carte qui était accrochée au mur. Elle l’observa pendant un moment et trouva la ville d’Estes dans le coin supérieur droit. « Vous pouvez me montrer où se trouve Hammermill Street sur cette carte ? »
« Oh, vous allez user vos yeux si vous essayez de trouver une rue sur cette carte. » Elle s’appuya contre le dossier de sa chaise et cria en direction de la porte : « Hé, Jimmy ! Est-ce que tu peux nous apporter la carte topographique d’Estes ? »
Une voix se fit entendre quelque part dans le commissariat « Oui, tout de suite ! ». Cet échange était plutôt amusant et presque rafraîchissant. Kate avait toujours aimé la cordialité qui existait au sein des forces de police des petites villes et Estes ne faisait pas exception.
« J’ai également pensé à ça, » dit Armstrong. « Les quartiers sont assez similaires. Les maisons aussi, j’imagine – à part le fait que l’une d’entre elles était neuve et l’autre un peu moins. Mais ce sont des agences immobilières différentes, alors je ne pense pas que cela consiste un lien. »
« Les escaliers ont été utilisés dans le cadre des deux meurtres, » dit DeMarco. « Je pense que l’assassin devait connaître la disposition des maisons avant de commettre ses meurtres. »
« Nous pensons également qu’il y avait peut-être un squatteur dans les deux maisons, » dit Kate. « Nous n’en sommes pas encore tout à fait certaines, mais il y a assez d’indices pour le penser. »
« Quel genre d’indices ? » demanda Armstrong.
DeMarco se mit à lui expliquer ce qu’elles avaient trouvé. Pendant ce temps, un jeune policier, qui devait probablement être Jimmy, entra dans la salle de réunion avec une grande carte en main. Il la posa sur la table et la déplia sous leurs yeux. Il le fit de manière un peu gauche, en recouvrant les dossiers qu’elles avaient étalés devant elles.
« Merci, Jimmy, » dit Armstrong, sur un ton qui indiquait clairement qu’elle voulait qu’il sorte rapidement de la pièce.
Jimmy hocha la tête, regarda Kate et DeMarco (ses yeux s’attardèrent un peu plus longtemps sur DeMarco) et il sortit de la pièce.
« Comme je vous le disais, » dit Armstrong, en remarquant la manière dont Kate avait regardé Jimmy, « c’est une petite ville assez tranquille. Nous n’avons pas spécialement besoin de durs à cuire. »
Les trois femmes pouffèrent de rire. Puis elles se levèrent de leur chaise et se penchèrent sur la carte d’Estes. Les rues y étaient dessinées avec précision et il y avait une sorte de sérénité dans la manière dont elles s’entrecroisaient.
« Voici Hammermill Street, » dit Armstrong, en montrant une rue du doigt. Elle y dessina un X au marqueur et dit, « c’est l’endroit où a eu lieu le meurtre le plus récent. Et ici, » dit-elle, en faisant glisser ses mains sur la carte et en y dessinant un autre X, « c’est l’endroit où a eu lieu le premier meurtre. Leander Drive, à environ dix kilomètres de Hammermill Street. »
Kate regarda les deux X, mais elle savait qu’il était trop tôt pour faire des déductions sur base de l’emplacement des meurtres. En même temps, elle espérait qu’elles retrouveraient l’assassin avant que de telles déductions puissent être faites.
« J’aimerais… » commença à dire Kate, mais elle fut interrompue par la sonnerie de son téléphone. Elle regarda l’écran, vit que c’était Allen et elle faillit ignorer son appel. Mais vu la manière dont son boulot affectait leur relation, c’était probablement la dernière chose à faire. Elle devait lui montrer qu’il était une priorité dans sa vie… même s’il appelait sans crier gare, en interrompant d’importantes réunions.
Un peu à contrecœur, elle regarda DeMarco et Armstrong. « Je reviens tout de suite. »
Elle sortit dans le couloir et s’éloigna de la salle de conférence avant de décrocher. Quand elle le fit, elle essaya de ne pas avoir l’air trop agacée.
« Salut, toi, » dit-elle.
« Salut, » dit Allen. « Je voulais te dire que je suis bien arrivé. J’ai déjà rencontré l’un des types que je dois voir ici et les trois prochains jours sont déjà programmés. Je pense que les réunions vont bien se passer. »
« C’est super. » Mais en s’écoutant parler, elle entendit de la distance dans sa voix. Et si elle pouvait l’entendre, elle était sûre qu’il le pouvait également.
« Excuse-moi… tu es occupée, peut-être ? »
« Oui. Deux meurtres et aucune piste. »
Il