Presque Disparue. Блейк Пирс
Vous habitez toujours chez vos parents, Cassie ? »
Retour sur la vie de famille... Maureen se doutait-elle qu'elle cachait quelque chose ? Il faudrait qu'elle réponde prudemment. Partir à 16 ans, comme elle l'avait fait, attirerait surement l'attention d'un recruteur. Pourquoi si jeune ? Y avait-il des problèmes à la maison ? Elle avait besoin de dresser un tableau plus joli qui laisse entrevoir une vie de famille normale et heureuse.
« Je vis seule depuis l'âge de vingt ans , dit-elle, sentant son visage rougir de culpabilité.
— Et en travaillant à mi-temps. Je vois que vous avez une recommandation de la part de Primi ? C'est un restaurant ?
«—Oui, j'étais serveuse là-bas ces deux dernières années. » Ce qui était, heureusement, vrai. Avant cela, elle avait occupé une pléiade d’autres boulots, et même un court passage dans un bar du coin, alors qu'elle peinait à payer la part de son loyer ainsi que ses études à distance. Primi, son emploi le plus récent, avait été le plus agréable. L'équipe du restaurant ressemblait à la famille qu'elle n'avait jamais eue, mais il n'y avait pas d'avenir là-bas. Son salaire était faible et ses pourboires n'étaient guère meilleurs ; le commerce dans cette partie de la ville était difficile. Elle avait prévu de passer à autre chose quand le moment serait venu, mais quand sa situation empira, cela devint urgent.
« De l'expérience en matière de garde d'enfants ? » Casse sentit son ventre se nouer tandis que Maureen la surveillait par-dessus ses lunettes.
« J'ai… j’ai travaillé dans une garderie pendant trois mois, avant de commencer avec Primi. La référence se trouve dans le dossier. Ils m'ont donné une formation de base sur la sécurité et les premiers soins, et ils ont vérifié mes antécédents », bégaya-t-elle, espérant que ce serait suffisant. Il ne s'agissait que d'un poste provisoire, en remplacement d'une personne en congé maternité. Elle n'aurait jamais pensé que ce serait un tremplin vers un débouché ultérieur.
« J'ai également organisé des fêtes pour enfants au restaurant. Je suis une personne très sympathique. Je veux dire, je m'entends bien avec les autres, et je suis patiente…
Les lèvres de Maureen se raidirent. —Quel dommage que votre expérience ne soit pas plus récente. De plus, vous n'avez pas de certification officielle en matière de garde d'enfants. La plupart des familles exigent des qualifications ou, tout au moins, plus d'expérience. Ça va être difficile de vous placer avec si peu. » Cassie la regarda avec désespoir. Elle devait le faire, quoi qu'il en coûte. Le choix était clair. S'enfuir... ou se laisser piéger dans un cycle de violence qu'elle croyait avoir échappé à jamais en quittant la maison.
Les bleus sur la partie supérieure de son bras avaient mis quelques jours à s'épanouir, sombrement définies, de sorte qu'elle pouvait voir chaque marque de poing à l'endroit où il l'avait frappée. Son petit ami, Zane, qui avait promis à leur deuxième rendez-vous qu'il l'aimait et la protégerait quoi qu'il arrive.
Quand les vilaines marques apparurent, elle se souvint, avec une chair de poule picotant sa colonne vertébrale, qu'elle avait eu des bleus presque identiques au même endroit il y a dix ans. Ce fut, d'abord, son bras. Puis son cou, et enfin son visage. Également infligés par un prétendu protecteur - son père.
Il avait commencé à la frapper à l'âge de douze ans, après que Jacqui, sa sœur aînée, s'était enfuie. Avant cela, Jacqui avait porté le poids de sa colère. Sa présence avait protégé Cassie du pire.
Les bleus de Zane étaient toujours là ; il leur fallait du temps pour s'estomper. Elle portait des manches longues pour les cacher pendant l'entretien, et elle avait trop chaud dans le bureau étouffant.
« Y a-t-il un autre endroit que vous pourriez recommander ? demanda-t-elle à Maureen.
Je sais que c'est la meilleure agence locale, mais pourriez-vous me suggérer un site en ligne où je pourrais postuler ?
— Je ne peux pas recommander de site web, dit Maureen fermement. Trop de candidats ont eu des mauvaises expériences. Certains se sont retrouvés dans une situation où leurs horaires de travail n'étaient pas respectés, ou bien on s'attendait à ce qu'ils fassent des tâches ménagères subalternes en plus de s'occuper des enfants. C'est injuste pour toutes les personnes concernées. J'ai aussi entendu parler de filles au pair qui ont été maltraitées d'autres façons. Alors, non.
— S'il vous plaît, y a-t-il quelqu'un dans vos registres qui pourrait considérer ma candidature ? Je suis une travailleuse acharnée et prête à apprendre, je peux facilement m'intégrer. S'il vous plaît, donnez-moi une chance. »
Maureen se tut un moment, puis tapota sur son clavier, en fronçant les sourcils.
« Votre famille, que pense-t-elle du fait que vous voyagiez pendant un an ? Avez-vous un petit ami, quelqu'un que vous laissez derrière vous ?
— J'ai rompu avec mon petit ami récemment. Et j'ai toujours été très indépendante, ma famille le sait. »
Zane avait pleuré et s'était excusé après qu'il lui eut donné un coup de poing dans le bras, mais elle n'avait pas cédé, pensant plutôt à l'avertissement de sa sœur, qui avait déjà été donné depuis longtemps et dont la véracité avait été prouvée depuis lors : « Aucun homme ne frappe une femme n'est-ce qu'une seule fois. »
Elle avait fait ses valises et emménagé chez une amie. Pour l'éviter, elle avait bloqué ses appels et changé l'horaire de ses journées de travail. Elle espérait qu'il accepterait sa décision et la laisserait tranquille, tout en sachant au fond d'elle-même qu'il ne le ferait pas. La rupture aurait dû être son idée, pas la sienne. Son ego ne lui permettait pas d'être rejeté.
Il était déjà allé au restaurant à sa recherche. La gérante lui avait dit qu'elle avait pris deux semaines de congé et était partie en Floride. Cela lui avait fait gagner du temps... mais elle savait qu'il comptait les jours. Il lui restait une semaine, avant qu'il ne la traque à nouveau.
Les États-Unis semblaient trop petits pour lui échapper. Elle voulait un océan - un grand océan entre eux. Parce que le pire de tout était la peur qu'elle s'affaiblisse, lui pardonne et lui donne une autre chance.
Maureen termina de vérifier la paperasse et posa quelques questions classiques que Cassie trouva plus faciles. Ses passe-temps, si elle prenait des médicaments pour des maladies chroniques, si elle avait des exigences alimentaires ou des allergies.
« Je n'ai pas d'exigences alimentaires ou d'allergies. Et pas de problèmes de santé. »
Cassie espérait que ses médicaments contre l'anxiété ne comptaient pas comme des médicaments chroniques. Il vaudrait mieux ne pas les mentionner, décida-t-elle, car elle était certaine qu'ils seraient un énorme signal d'alarme.
Maureen griffonna un mot sur le dossier.
Puis elle demanda : « Que feriez-vous si les enfants dont vous avez la charge étaient méchants ou désobéissants ? Comment géreriez-vous ça ?
Cassie prit une longue respiration.— Eh bien, je ne pense pas qu'il y ait de réponse universelle. Si un enfant désobéit parce qu'il court vers une route dangereuse, cela exigerait une approche différente que s'il ne veut pas manger ses légumes. Dans le premier cas, il s'agirait d'abord d’une question de sécurité et de mettre l'enfant à l'abri du danger le plus rapidement possible. Pour le second, je raisonnerais et négocierais - pourquoi ne les aimes-tu pas ? C'est l’apparence ou le goût ? Serais-tu prêt à goûter ? Après tout, nous passons tous par des phases alimentaires, et généralement on s'en débarrasse. »
Maureen semblait satisfaite de la réponse, mais les questions suivantes furent plus difficiles.
« Que ferez-vous si les enfants vous mentent ? Par exemple, s'ils vous disent qu'ils ont le droit de faire quelque chose que les parents ont interdit ?
— Je dirais que ce n'est pas permis, et je leur dirais pourquoi si je le savais. Je suggérerais qu'on parle aux parents ensemble et qu'on discute des règles en famille, pour les aider