Directive Principale. Джек Марс
Soudain, le gamin des forces spéciales arriva derrière lui. En se tortillant comme un serpent épais, il saisit puissamment le poignet à Smith. Comment avait-il pu bouger si vite dans un espace aussi restreint ? Pendant un moment, ils grognèrent et luttèrent, à peine capables de bouger. Le gamin avait l’avant-bras autour de la gorge de Smith. Il frappa la main de Smith contre le tableau de bord.
— Laissez-la tomber ! cria-t-il. Lâchez l’arme !
Alors, l’arme disparut. Smith envoya les pieds vers le bas et poussa violemment vers l’arrière en essayant de se débarrasser du gamin.
— Vous ne savez pas qui je suis.
— Arrêtez ! cria le pilote. Arrêtez de vous battre ! Vous heurtez les commandes.
Smith réussit à sortir de son siège mais, maintenant, le gamin était au-dessus de lui. Ce gamin était fort, d’une force étonnante, et il força Reed à s’accroupir entre le siège et le bord du submersible. Il y cala Reed et le poussa pour qu’il se roule en boule. Le gamin était au-dessus de lui, maintenant, et il respirait lourdement. Son haleine, qui sentait le café, soufflait dans l’oreille de Reed Smith.
— Je peux vous tuer, compris ? dit le gamin. Je peux vous tuer. Si c’est ce qu’il faut faire, je le ferai, mais vous ne pouvez pas tirer là-dedans. On veut vivre, moi et l’autre.
— J’ai de gros problèmes, dit Reed. S’ils m’interrogent … S’ils me torturent …
— Je sais, dit le gamin. Je comprends.
Il s’interrompit. Son souffle arrivait rauque et sec.
— Voulez-vous que je vous tue ? Je le ferai. À vous d’en décider.
Reed y réfléchit. L’arme aurait facilité les choses. Il n’aurait pas eu besoin de réfléchir. Un coup de gâchette rapide, puis … l’au-delà. Pourtant, il aimait cette vie. Il ne voulait pas mourir maintenant. Il était possible qu’il y échappe cette fois-ci, qu’ils ne découvrent pas son identité, qu’ils ne le torturent pas.
Les Russes se contenteraient peut-être de confisquer un submersible de pointe puis d’effectuer un échange de prisonniers sans poser trop de questions. Peut-être.
Sa respiration commença à se calmer. Déjà, il n’aurait jamais dû venir ici. Oui, il savait pirater les câbles de communication. Oui, il avait de l’expérience en missions sous-marines. Oui, il savait travailler dans la discrétion. Cependant …
L’intérieur du submersible était encore baigné de cette lumière brillante, aveuglante. Ils venaient d’offrir un sacré spectacle aux Russes.
Rien que sur ça, les Russes allaient poser quelques questions.
Pourtant, Reed Smith voulait vivre.
— OK, dit-il. OK. Ne me tuez pas. Laissez-moi me relever. Je ne ferai rien.
Le gamin commença à se redresser. Il fallut un moment. Il y avait si peu d’espace dans le submersible qu’ils étaient comme deux hommes assommés en train de mourir piétinés sous les foules de La Mecque. C’était difficile de se dégager.
Quelques minutes plus tard, Reed Smith était de retour sur son siège. Il avait pris sa décision. Il espérait qu’elle s’avérerait être la bonne.
— Allumez la radio, dit-il à Bolger. Voyons ce que ces rigolos ont à dire.
CHAPITRE DEUX
10 h 15, Heure de l’Est
La Salle de Crise
La Maison-Blanche, Washington, DC
— On dirait que cette mission a été mal conçue, dit un assistant. Ici, le problème est le déni plausible.
David Barrett, qui mesurait presque un mètre quatre-vingt-dix-huit, regardait fixement l’homme qui se tenait à côté de lui. L’assistant était blond, perdait ses cheveux, était un peu trop gros et portait un costume qui était trop grand aux épaules et trop petit à la taille. Il s’appelait Jepsum. C’était un nom malencontreux pour un homme peu chanceux. Barrett n’aimait pas les hommes qui mesuraient moins d’un mètre quatre-vingt-deux et il n’aimait pas les hommes qui ne prenaient pas soin de leur forme.
Barrett et Jepsum avançaient rapidement dans les couloirs de l’aile ouest. Ils allaient vers l’ascenseur qui devait les emmener à la Salle de Crise.
— Oui ? dit Barrett, qui perdait patience. Le déni plausible ?
Jepsum secoua la tête.
— C’est ça. Nous n’en avons pas.
Une cohorte de personnes accompagnait Barrett, derrière lui, devant lui, tout autour de lui, des assistants, des stagiaires, des hommes des Services Secrets, des membres du personnel de toutes sortes. Une fois de plus, et comme d’habitude, il ne savait absolument pas qui étaient la moitié de ces gens. Ils étaient une masse indistincte d’humains qui fonçaient avec lui et il les dépassait presque tous d’une tête. Le plus petit aurait pu appartenir à une espèce totalement différente de la sienne.
Les gens de petite taille agaçaient prodigieusement Barrett, et son agacement croissait de jour en jour. David Barrett, Président des États-Unis, était revenu travailler trop tôt.
Seulement six semaines avaient passé depuis que sa fille Elizabeth avait été kidnappée par des terroristes puis sauvée par des commandos américains lors d’une des opérations secrètes les plus osées qui aient eu lieu récemment. Pendant que sa fille avait été prisonnière, David Barrett avait eu une crise de nerfs. Il avait arrêté d’exercer son rôle, et qui aurait pu le lui reprocher ? Ensuite, il avait été lessivé, épuisé et si soulagé qu’Elizabeth soit saine et sauve qu’il n’avait pas les mots pour l’exprimer complètement.
Le groupe tout entier entra dans l’ascenseur, où il se tassa comme des sardines dans une boîte de conserves. Deux hommes des Services Secrets étaient entrés dans l’ascenseur avec eux. C’étaient de grands hommes, l’un noir et l’autre blanc. La tête de Barrett et celles de ses protecteurs surplombaient tous les autres dans la cabine comme des statues sur l’Île de Pâques.
Jepsum continuait à le regarder avec tant de sérieux qu’il en ressemblait presque à un bébé phoque.
— De plus, leur ambassade n’accepte même pas de répondre à nos messages. Après le fiasco du mois dernier aux Nations Unies, je ne crois pas que nous pourrons nous attendre à beaucoup de coopération.
Barrett ne comprenait pas Jepsum mais, quoi qu’il dise, il manquait de détermination. Le Président n’avait-il pas des hommes plus forts que ça à sa disposition ?
Tout le monde parlait en même temps. Avant l’enlèvement d’Elizabeth, Barrett avait souvent piqué une de ses crises de colère coutumières rien que pour faire taire les gens mais, maintenant, il permettait à tout ce troupeau désordonné de déblatérer et le bruit de leurs bavardages était pour lui une forme de musique absurde qu’il laissait passer sans lui prêter attention.
Cela faisait déjà cinq semaines que Barrett avait repris le travail et le temps avait passé à toute vitesse. Il avait renvoyé son chef de cabinet, Lawrence Keller, juste après avoir récupéré sa fille. Keller était petit, lui aussi, un mètre cinquante-cinq au mieux, et Barrett avait fini par soupçonner que Keller avait été déloyal envers lui. Il n’en avait aucune preuve et il ne se souvenait même pas de la raison pur laquelle il le croyait, mais il avait pensé qu’il valait quand même mieux se débarrasser de Keller.
Sauf que, maintenant, Barrett était dépourvu du calme gris et lisse de Keller et de son efficacité implacable. Sans Keller, Barrett se sentait à la dérive, désemparé, incapable de comprendre l’avalanche de crises, de mini-désastres et d’informations toutes simples dont on le bombardait quotidiennement.