Les Plus Téméraires. Морган Райс

Les Plus Téméraires - Морган Райс


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pour venir sur celle-ci, et réfléchit à ce qu’il faudrait pour sauver le monde.

      Il commença à ramer.

      Alors qu’il tirait sur ses rames, il considérait le plus grand danger de sa prochaine étape : un ennemi qui semblait si bien protégé qu’il lui serait impossible de le vaincre, ne serait-ce qu’essayer lui serait probablement fatal.

      Mais Dust n’en avait cure, il avait soif de destruction. Et si c’était la sienne qui advenait, il l’accueillerait bien volontiers.

      — Non, se reprit-il, pas avant d’avoir fait ce que j’ai à faire.

      Quant à réussir ce qu’il se préparait à faire, il trouverait bien un moyen. Il était Angarthim, avec toute la formation qui l’accompagnait. Il en était peut-être le seul capable. Il pouvait se glisser en silence sur l’île, et…

      — Cela ne marchera pas, dit Dust.

      Un coup d’œil sur les nuages au-dessus de l’île qu’il visait lui avait confirmé cela. Ils étaient remplis de signes de mort et de promesse de trépas. Il pourrait tenter une approche furtive, mais il échouerait, et il mourrait. Il devait trouver un autre moyen.

      Dust laissa à présent le bateau dériver, sachant que les courants l’emmèneraient sur l’île où il voulait se rendre. Prenant l’une de ses rames et son couteau le plus solide, il se mit à la sculpter. Il pourra utiliser l’autre s’il survivait à ce qui l’attendait.

      Il travaillait le bois de ses mains habiles, retirant copeau par copeau de la matière à sa rame pour lui donner une nouvelle forme, une nouvelle destination. Alors que le courant le portait tranquillement vers l’île, Dust affinait son œuvre à la manière d’un ébéniste, transformant sa rame en quelque chose de presque aussi pointu que les lames qu’il transportait, un javelot léger, équilibré et mortel.

      Prenant un sac de sa ceinture, Dust mélangea son contenu avec de l’eau de mer, puis plongea la pointe de sa nouvelle lance dans la mixture, le bois sifflant au contact de la potion qu’il avait produite. Il se débarrassa du sac dans l’eau, trop dangereux à toucher maintenant que la poudre avait été mouillée.

      Il s’approcha du rivage, et déjà, Dust pouvait sentir l’attraction de l’île, dans l’odeur enivrante et douce qui semblait remplir chaque pore de sa peau, lui donnant envie de s’approcher.

      Elle sortit bientôt de la forêt, la plus belle femme que Dust ait jamais vue, bien qu’une partie de son esprit voyait au même moment le vrai visage au-delà de l’ensorcellement. Il voyait une femme qui était tout ce qu’il avait toujours voulu, et pouvait en même temps voir ses griffes monstrueuses.

      Il lança son javelot. Il fendit les airs, et elle se tordit, aussi vite qu’un serpent, si bien que son lancer ne l’effleura qu’à peine. La pointe lui déchirant néanmoins la peau, Dust ne pouvait qu’espérer que le poison commence son travail.

      Mais la créature n’était pas tombée. Au lieu de cela, l’odeur autour de Dust s’intensifia, et il ressentit le besoin d’avancer plus vite, de plonger dans l’eau et traîner son bateau sur la plage.

      Elle était là à attendre, et désormais si proche, il réalisa que c’était lui qu’elle attendait. Sa présence était insupportable, car sa beauté était douloureuse à contempler. Il aurait néanmoins tout fait pour elle à ce moment-là. N’importe quoi.

      — Je suis Lethe, dit-elle, d’une voix douce comme le miel. Comment te nomme-t-on ?

      — Dust, répondit-il.

      — Et tu m’aimes, Dust ?

      — Je vous aime, reconnut Dust.

      Lethe s’approcha de lui, les bras ouverts, sa beauté complète, parfaite, absolue.

      — Tu pensais vraiment que ta petite lance ridicule me tuerait ? demanda-t-elle. Sa bouche était ouverte dans un sourire à la fois beau et dévoilant beaucoup trop de dents.

      — Non, admit Dust.

      — Non ? dit Lethe, comme prise par surprise.

      — Le poison de ma lance n’était pas mortel. Je n’avais rien qui puisse vous tuer. Mais j’ai des choses qui peuvent vous affaiblir.

      — M’affaiblir ? sa voix était maintenant emplie de crainte.

      — Je vous aime, mais je suis Angarthim, et nous pouvons tuer ce que nous aimons si le destin l’exige.

      Dust la frappa avec un couteau, la lame lui transperça la gorge. Elle n’eut même pas le temps de crier avant de tomber. Dust lui avait procuré une mort aussi indolore que possible, quelle meilleure preuve d’amour aurait-il pu lui montrer ?

      Il s’agenouilla et pleura de douleur. Il pleura à la fois à cause de ce qu’il avait perdu avec Lethe, et parce qu’il devait encore être le tueur qu’on avait fait de lui, un peu plus longtemps encore.

      Une éternité sembla passer avant que Dust ne se sente assez fort pour se relever et reprendre son chemin à travers l’île. L’endroit semblait maintenant différent, aussi mort que la créature qui l’avait dirigé, sans vie et silencieux alors Dust le parcourait.

      Il trouva ce qu’il était venu chercher un peu plus loin, près d’une cabane, jetée dans une pile comme un objet de peu d’importance. Dust devina qu’elle n’avait eu aucune importance face à l’amour de Lethe. Il prit l’épée de cristal et la dégaina juste assez longtemps pour admirer l’éclat de sa lame au clair de lune avant de la ranger à nouveau. Il l’enveloppa dans l’armure, prit le tout et rebroussa chemin vers son bateau.

      Il lui fallut une heure pour se confectionner une nouvelle rame, une heure de plus pour récolter des fruits et de l’eau fraîche dans la forêt. Dust empila ses provisions dans le bateau et reprit la mer.

      Il commença à ramer pour retourner sur le continent, sachant que le destin l’attendait, lui, Royce, eux tous.

      CHAPITRE TROIS

      Geneviève trouvait que la vie à la cour du roi était très différente de la vie au palais du père d’Altfor. D’une part, les gens la regardaient désormais avec le respect qu’exigeait son statut de noble, plutôt que la pitié ou le mépris dont elle avait eu droit lorsqu’elle n’était qu’une paysanne enlevée.

      D’autre part, il y avait ici un sentiment constant de danger, en effet le moindre faux pas pouvait la faire tuer.

      — Les hommes de Lord Ber seront-ils là avant la dernière offensive contre l’ennemi ? s’exaspéra le roi Carris en direction d’un de ses conseillers.

      Il s’était levé de son trône pour faire les cent pas dans la largeur de la salle d’audience où il discutait des plans.

      — Nous n’avons encore aucune nouvelle, mon roi, répondit l’homme.

      — Ce qui veut dire qu’il n’a nullement l’intention de venir jusqu’ici, s’enflamma le roi Carris. Il attend de voir qui l’emportera. Nos chances sont-elles si mauvaises ?

      — Non, mon roi, jura l’homme. Dois-je lui envoyer d’autres messages ?

      — Un seul, précisa le roi. Faites-lui savoir que s’il ne rejoint pas mon armée à temps, je le tuerai, lui, sa famille, et tous ceux qui le soutiendront. C’est un combat contre les renégats ; s’il n’est pas avec moi dans ce combat, alors il est mon ennemi.

      — Tout de suite, dit l’homme.

      D’autres conseillers et messagers étaient venus, chacun avec un fragment de nouvelles sur le conflit à venir. Un seigneur s’avança et s’agenouilla.

      — Mon roi, dit-il. Je suis Sir Verris de Yall. J’ai amené 300 hommes avec moi pour servir dans votre armée.

      — Et je vous en remercie,


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