Les Destinés. Морган Райс
l’une d’elles en son centre. La plupart d’entre elles étaient parsemées de végétation, d’arbres et de sable si sombres qu’ils avaient dû être usés par le granit et le basalte des îles. L’île centrale semblait être un volcan, bouillonnant d’un rouge éblouissant, et Royce réalisa que la brume autour d’eux n’en était pas, c’était de la fumée qui tombait, formant ainsi une sorte de halo autour des îles.
Le Miroir de la Sagesse était là quelque part, et s’il était bien parti à sa recherche, Royce espérait que son père serait là aussi.
— Terre en vue ! cria-t-il aux autres, en pointant du doigt.
Le capitaine du navire s’approcha d’eux en souriant.
— Où ?
Aux yeux de Royce, les îles étaient une série de points qui s’étaient développés ici lentement.
— Nous avons réussi, dit le capitaine. Il saisit une flasque à sa ceinture. Nous devons boire à une telle occasion, et apaiser les esprits de la mer.
Il la tendit à Royce, qui la prit et but poliment. La liqueur lui brûla la gorge. Mark la prit également, cherchant évidemment un moyen de décliner, mais le capitaine insista trop pour cela. Il en sirota une gorgée, toussant instantanément.
— Maintenant que nous sommes plus près, dit le capitaine, tu nous en diras peut-être plus sur la raison de ta présence ici. Tu cherches ton père, c’est bien ça ?
Royce mit un moment à comprendre ce que l’autre homme venait de dire.
— Je ne vous en ai jamais parlé, dit Royce.
— Oh, ne sois pas timide, dit le capitaine. Tu pensais que les rumeurs ne courraient pas de village en village ? Tu es Royce, le garçon qui a renversé le vieux duc. Tu cherches ton père, et si tu m’as demandé de t’emmener jusqu’aux Sept Îles, alors il doit être quelque part ici.
— Je ne sais pas de quoi vous parlez, dit Royce, nous sommes juste…
— Des saltimbanque en tournée, je sais, interrompit le capitaine. Sauf que c’est faux. Pensais-tu qu’un peu de boue sur le bouclier de ton chevalier ferait de lui un bouffon, ou masquerait la marque sur ta main ? Tu es Royce, pas la peine de le nier.
L’homme le regarda fixement, et Royce ressentit le poids de l’attente dans son regard. Il estima qu’il n’était plus nécessaire d’essayer de cacher qui il était, mais même alors, il n’était pas à l’aise à l’idée de l’admettre.
— Qu’est-ce que ça peut te faire ? demanda Mark à côté de lui.
— Parce que je veux aider, dit le capitaine. Tu as dit que tu voulais aller dans les Sept Îles, mais c’est très vaste ici. Je pourrais t’emmener sur n’importe laquelle d’entre elles. Où veux-tu aller ?
— Je ne sais pas, admit Royce. S’il le savait, ce serait beaucoup plus simple.
— Nul besoin d’être timide, dit le capitaine. Je veux aider. Dis-moi juste où est ton père, et je t’emmène directement à lui. Dis-moi où il est.
Il y eut alors une note de dureté dans le ton du capitaine qui alerta les instincts de Royce. Royce le regarda, essayant de comprendre ce qui se passait, et fit appel à Ember pour utiliser ses sens. Il la ramena vers le navire et lui fit prendre un point de vue bien différent de celui auquel il l’avait habitué depuis leur départ ; il avait été trop occupé à attendre les îles devant lui ou à essayer de passer par Ember pour essayer de contacter Lori.
S’il avait regardé plus tôt vers l’arrière du navire, il aurait vu ses amis attachés, défaits de leurs armes et armures et retenus par une poignée de marins.
— Qu’est-ce que vous croyez faire ? dit Royce. Relâchez mes amis immédiatement !
Le capitaine le regarda avec un choc évident, comme s’il venait juste de réaliser ce que Royce était capable de faire.
— De la magie ! dit le capitaine en faisant un pas en arrière.
Royce attrapa l’épée de cristal et tituba. Trop tard, il se rendit compte à quel point il se sentait chancelant et incertain sur ses pieds. La flasque ! Il y avait certainement quelque chose dans la flasque ! Mark était déjà à moitié effondré contre le bastingage.
— Tu vas rejoindre tes amis, dit le capitaine, et nous trouverons peut-être un moyen de te faire parler en leur faisant assez de mal. Le roi paiera très cher pour toi, mais eux… quelques entailles ne feront aucune différence.
Il frappa des mains et quelques marins s’approchèrent, saisissant Mark et Royce et les ramenant vers l’arrière du navire.
— Pourquoi faites-vous cela ? demanda Royce, les mots semblant sortir d’un brouillard aussi épais que celui qui entourait les Sept Îles qui approchaient.
— Qu’est-ce qui nous pousse tous à faire quoi que ce soit ? demanda le capitaine en haussant les épaules. L’argent ! Je pourrais t’emmener jusqu’aux Sept Îles, et y risquer mon bateau, ou je peux simplement prendre ton argent et avoir une récompense pour t’avoir livré au roi Carris.
— Aidez-moi, et je trouverai un moyen de vous récompensez tout autant, tenta Royce. Cela semblait désespéré, même à ses oreilles.
Le capitaine rit.
— Avec quoi ? Tu n’as pas d’argent. Ah oui, tu prévois de devenir roi toi-même ? Déclencher une guerre ne me rapporterait rien, mon garçon. Je m’en sors assez confortablement comme ça, emmenant quelques personnes là où elles ont besoin d’aller, vendant quelques passagers là où ils valent quelque chose ou en détroussant les navires imprudents sortis seuls. Je me débrouille très bien avec mes petites habitudes.
Royce voulut faire ravaler son cynisme à ce capitaine de misère, mais les marins le tenaient fermement par les poignets, et la léthargie qui se répandait en lui interdisait tout combat contre eux.
— Oh, tu veux te battre ? demanda le capitaine. Crois-moi, après les efforts auxquels tu m’as contraint, je ne le ferai pas. Tout ce chemin… Je t’ai emmené jusque-là parce que je pensais qu’il y avait une chance de délivrer le vieux roi aussi bien que toi. Je ne briserai pas non plus mon vaisseau sur ces rochers.
Une pensée traversa l’esprit de Royce ; une pensée désespérée et dangereuse.
— Vous ne retrouverez jamais mon père si vous n’êtes pas prêt à y aller, dit-il.
— Alors tu nous diras où il est ? demanda le capitaine.
— Je… Royce fit semblant d’être à bout de force. Je peux vous montrer.
Le capitaine se frotta les mains l’une contre l’autre, hochant la tête aux marins avec lui. Il ouvrit le chemin jusqu’au pont du navire, où Matilde, Neave et Bolis étaient tous attachés pendant qu’un marin tenait la barre. Les marins jetèrent Mark avec les autres, tandis que Gwylim les accompagnait en fermant la marche.
Le capitaine sortit un couteau et se dirigea vers Mark.
— Ton ami va nous dire où trouver le vieux roi, et s’il nous cause des ennuis, je te couperai en morceaux jusqu’à ce qu’il obtempère.
— Vous n’avez pas besoin de faire cela, dit Royce. Le couteau si près de Mark rendait cela plus dangereux, mais il n’avait pas d’autre option. Je vais vous guider.
Il regarda à travers les yeux d’Ember, localisant d’en haut les rochers et les épaves près de la première des îles. Utilisant la vue de l’animal, il commença à donner des instructions.
— Un peu à gauche, dit-il.
— Tu penses pouvoir nous guider ? demanda le capitaine.
— Vous voulez que je vous mène à mon père ou non ? s’agaça Royce.
Il