Le Visage du Meurtre. Блейк Пирс
leur recherche, il y avait trois portes ouvertes rien qu’au rez-de-chaussée – les résidents de chaque appartement ouvrant leurs espaces pour constituer un nouveau coin de la fête. Le bruit s’était répandu dans le couloir, dans les escaliers et – à en juger au moins par le nombre d'adolescents qui se déplaçaient dans toutes les directions – dans chaque appartement de l'immeuble.
L’apparition de Zoe et Shelley ne fut pas immédiatement remarquée. Deux étudiants les virent et s’esquivèrent par la porte, sans doute cherchant à s’éloigner le plus possible des ennuis.
C’est alors que la pire des choses se produisit : un des jeunes, un sportif d’un mètre quatre-vingts, avec une carrure de quaterback, se mit à crier, paniqué. « Les flics sont là ! »
L’appel se propagea comme une trainée de poudre dans tout l’immeuble et l’affolement commença à s’installer. Il était inutile d’essayer de rester incognito. Zoe chercha son badge dans la poche intérieure de sa veste et le brandit dans l’air. « FBI. Cette fête est finie. Maintenant ! »
L’effet fut immédiat et palpable. Trente étudiants coururent devant elle en une succession rapide, tous venant des studios de l’étage en-dessous. La rumeur se répandit à l’étage aussi, et des gens descendirent bruyamment, renversant leurs bières sur le tapis alors qu’ils trébuchaient et tombaient.
Zoe attendit dans le hall d’entrée tandis que Shelley pénétra dans chacune des trois chambres au rez-de-chaussée, faisant ainsi sortir encore d’autres étudiants. Même depuis l’endroit où elle se tenait, sans faire de tentative pour attraper les étudiants qui continuaient de courir à côté d’elle, Zoe put voir que l’endroit était en désordre. Des gobelets rouges froissés, de la nourriture et des boissons renversées, et sans doute des traces occasionnelles de vomi, recouvraient toutes les surfaces visibles. C’en fut une grosse – une de ces fêtes légendaires dont les jeunes allaient parler pendant des mois. Dommage qu’elles durent l’arrêter.
Zoe ne put pas dire qu’elle ressentit une sorte de nostalgie déplacée pour eux. En général, elle était rarement invitée aux soirées, et c’était encore plus rare qu’elle y aille. À l’époque, comme maintenant, ce genre de fête était trop écrasant. Le bruit, les gens dans tous les sens, l’intoxication et la tentation de l’alcool interdit – et, à juger par les odeurs ambiantes, d’autres substances aussi.
Grâce à ses années d'expérience, ce fut encore tout ce que pouvait faire Zoe pour se concentrer sur les visages de ceux qui passaient en courant à côté d’elle. Elle chercha en chacun d’entre eux le jeune sur la photo, mais bien qu’il y eût plein des quasi-correspondances, aucun d’entre eux n’était le vrai Jensen Jones. Elle se sentit comme une pierre au milieu d’une rivière, submergée par le courant. Il y avait plein de choses intéressantes qui captèrent son attention, des visions et des formes et des signes, mais ils passaient si vite qu’elle avait à peine le temps de les enregistrer avant qu’ils ne disparaissent.
Shelley resurgit de la troisième chambre tout en secouant la tête. Zoe regarda vers les escaliers au moment où quelqu’un les descendit à toute vitesse. Une jeune femme portant une collection de douze bouchons de bouteilles, tous ficelés ensemble autour de son cou, cliquetant les uns contre les autres, tandis qu’elle courait.
« Là ! » cria Shelley.
Zoe détacha trop tard son attention de la fille, n’apercevant seulement encore qu’une silhouette floue lui passant à côté. De la façon dont Shelley pointa son doigt, Zoe sut que cela devait être leur type. Elle jura à voix basse – il avait déjà passé par la porte.
Elle retourna les talons et lui courut après, tout en le gardant en vue tandis qu’il s’éloignait. Il mesurait un mètre quatre-vingts, une carrure athlétique, les muscles de ses mollets se contractant aisément alors que ses bras montaient et descendaient. Jeune, en forme, et visiblement coureur confirmé.
Zoe fit à peine cinq pas avant de réaliser qu’elle n’aurait pas la moindre chance de l’attraper.
Dans sa tête, le campus déroula devant elle comme une carte, topographie et angles d’inclinaison inclus. Il sillonna vers la gauche, en se dirigeant vers un groupe de petits bâtiments qui dessinaient la limite du campus. Derrière se trouvait une clôture, construite pour marquer la frontière entre l’Université et la ville autour.
Zoe réfléchit plus vite qu’elle ne courut. Son chemin devait forcément se courber le long de la ligne de la clôture, avant d’atteindre une ouverture et une porte destinée aux piétons. Et seulement s’il avait pris sa carte d’étudiant, ce dont elle savait déjà qu’il aurait besoin pour sortir à cet endroit-là, tout près de quelques immeubles de l’Université.
« Ne le lâche pas ! » cria-t-elle par-dessus son épaule en regardant du coin de l’œil Shelley s’éloigner vers la droite. À cette vitesse, il pouvait toujours lui échapper. Mais elle pouvait traverser une distance plus courte dans le même temps et, estimant ses kilomètres à l’heure avec les siens, elle sut qu’elle pouvait le rattraper à la porte.
Mais uniquement si elle coupait directement à travers une cour ouverte le long d’un couloir étroit entre deux bâtiments et puis directement à travers le parking derrière eux.
Et si personne ne lui coupait le chemin.
Zoe poussa plus fortement sur ses bras et ses jambes, accélérant même quand elle crut atteindre ses limites, luttant contre l’air frais de la nuit qui infiltrait ses poumons. Ce n’était pas souvent ces jours-ci qu’elle devait relever un véritable défi athlétique. Et elle n’était pas aussi jeune que lui. Mais elle prit sur elle, avec l’intention de s’assurer qu’elle y arriverait à temps, même s’il y devait rencontrer un obstacle sur son chemin.
Elle passa la cour en un clin d’œil, puis ce ne fut qu’un sprint à travers le couloir, l’espace étroit étant heureusement dépourvu d’obstacles qui auraient pu lui bloquer le passage. Le sol sous ses pieds se transforma en la sensation dure et remuante du bitume, punissant ses pieds d’avoir choisi de mettre des chaussures de ville à la place de baskets.
Zoe ne pouvait toujours pas voir la clôture de l’autre côté des bâtiments, mais elle put apercevoir la porte. Elle s’y précipita, dans une nouvelle poussée d’adrénaline. Si elle n’y arrivait pas à temps…
CHAPITRE HUIT
Il n’y avait pas de temps à perdre. Zoe donna un dernier et intense effort, amenant son corps au-delà de son point critique naturel.
Le cœur et les pieds de Zoe battaient à l’unisson à travers le parking et elle s’arrêta brusquement lorsque son corps entra en collision avec un autre. Elle tendit ses bras instinctivement pour l’immobiliser, et poussa Jensen Jones contre une clôture de trois mètres de haut pour qu’il ne puisse pas se servir de son puissant gabarit pour s’échapper.
Shelley n’eut que quelques instants de retard. Elle était fortement essoufflée et avait le visage rouge avec des mèches de cheveux dépassant de son chignon, mais elle était là. Elle aida Zoe à lui passer une paire de menottes aux poignets, derrière son dos, tandis qu’elles lui lancèrent, tout en haletant, des avertissements sur le fait de fuir les forces de l’ordre et le droit de l’interroger. Il ne fit que balancer sa tête, tout en essayant de reprendre son souffle lui aussi.
Zoe sentit tout son corps se réveiller. L’air et la lumière avaient comblé les espaces entre ses articulations, et dégourdir ses muscles depuis longtemps endormis lui procurait une sensation merveilleuse. Il y avait aussi, bien sûr, la douleur, particulièrement dans les chevilles qui n’avaient nullement apprécié les secousses à travers le parking. Globalement, elle se sentit très bien. Il y avait quelque chose dans le fait de courir après quelqu’un, les cheveux au vent – et que l’on gagnait.
L’immeuble paraissait différent à Zoe maintenant qu’il n’y avait plus personne sauf elle, Shelley et Jensen. Les invités s’étaient dispersés aux quatre vents et les résidents avec eux.