Le Déguisement Idéal. Блейк Пирс

Le Déguisement Idéal - Блейк Пирс


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n’arrivait pas à se décider.

      Cela faisait dix minutes qu’elle était assise dans sa voiture devant la demeure de Garland Moses, maison pittoresque sans étage construite à Mid-City dans les années cinquante. Finalement, à contrecœur, elle sortit de sa voiture et alla jusqu’à la porte de la maison. Elle évitait cette corvée depuis plusieurs jours.

      Garland Moses, son mentor et ami, assassiné par son ex-mari assoiffé de vengeance, n’avait qu’une nièce pour toute famille, une femme assez agréable que Jessie avait rencontrée à son enterrement. Cependant, ils n’avaient pas été très proches, elle et Garland, et elle n’était venue à Los Angeles que pour rendre hommage à son oncle.

      Elle ne voulait pas examiner ses effets personnels ou s’occuper de sa maison. Donc, elle avait demandé à Jessie, qui, savait-elle, avait été proche de son oncle, d’assumer cette tâche. Jessie avait accepté sans enthousiasme, surtout parce qu’elle avait senti qu’elle avait des devoirs envers l’homme qui lui avait appris à être à la fois une profileuse criminelle et un être humain à peu près fonctionnel.

      Cependant, quand elle se retrouva sur le porche de Garland et se prépara à suivre ses mesures de sécurité complexes pour entrer, elle eut très envie de s’en aller et de ne rien faire du tout. Après avoir rendu à son petit copain infirme qui avait peut-être des lésions cérébrales, elle ne tenait vraiment pas à examiner les effets personnels d’un homme qui était mort parce qu’il l’avait connue.

      Assez. Tu t’es engagée. Respecte ton engagement.

      Secouant la tête parce qu’agacée par elle-même, Jessie alla jusqu’à la porte d’entrée de la maison petite mais impeccable de Garland. Quand elle y fut, elle suivit les instructions détaillées que l’avocat lui avait données avant qu’elle ne vienne ici pour la première fois.

      Elle saisit un code à six chiffres sur le pavé numérique qui se trouvait à côté de la sonnette. Une couverture métallique se rétracta et Jessie aperçut un petit scanner. Jessie se pencha légèrement et l’appareil lui scanna les yeux. Alors, elle plaça la paume sur une vitre en verre placée sous le scanner et attendit qu’elle lise ses empreintes digitales. Après cela, elle chuchota les mots « Nickel Diner café noir » dans un micro. Ce ne fut qu’à ce moment-là que la porte d’entrée se déverrouilla avec un clic.

      Jessie entra et regarda autour d’elle. Après discussion avec l’avocat de Garland, ils avaient convenu que la maison serait vendue à un prix proche de la valeur du marché. Les meubles seraient offerts à plusieurs refuges pour femmes des environs.

      Il ne lui restait qu’à examiner ses papiers et ses effets personnels. C’était une tâche non moins intimidante. La dernière fois qu’elle était venue ici, une semaine auparavant, elle avait découvert que Garland gardait des fichiers sur toutes les affaires sur lesquelles il avait enquêté, aussi bien au FBI que, plus tard, à la Police de Los Angeles en tant que consultant. Il y avait de quoi remplir plusieurs casiers à la banque et la plus grande partie n’avait jamais été numérisée.

      Il y avait quelques exceptions. Dans son coffre-fort, Jessie trouva des clés USB avec des documents sur une vingtaine d’affaires qui, non résolues, avaient visiblement troublé Garland. Toutefois, il n’y avait qu’une boîte ignifuge dont tout le contenu, papier et numérique, était conservé dans le coffre-fort. Cette affaire était celle du Chasseur Nocturne.

      Jessie connaissait cette affaire de près. On l’enseignait au FBI et dans tous les postes de police de la région. Le Chasseur Nocturne était un tueur en série notoire qui avait tué et démembré plus de cinquante personnes sur la Côte Est dans les années 1990 avant que Garland ne le rattrape. Malheureusement, le Chasseur Nocturne avait pris le dessus puis capturé et torturé Garland pendant deux jours. Alors, le profileur avait réussi à se libérer et à utiliser la machette du tueur contre lui avant que l’homme ne s’éclipse dans la nuit.

      Comme on ne l’avait jamais identifié et comme aucun des meurtres suivants n’avait correspondu au profil du Chasseur Nocturne, la plupart des gens avaient pensé qu’il avait dû mourir de ses blessures. Cependant, il était clair que Garland en avait douté. Il n’avait jamais parlé de cette affaire à Jessie, mais ses dernières notes ne remontaient qu’à trois mois, ce qui suggérait qu’il avait pensé que le coupable vivait peut-être encore quelque part. Jessie décida qu’elle ne jetterait aucun de ces documents.

      Elle s’assit au bureau de Garland et imagina combien de fois il avait dû s’installer dans ce fauteuil en cuir confortable pour réfléchir à une affaire. Soudain, elle ressentit une vague d’émotion inattendue.

      Depuis l’enterrement, Jessie avait la plupart du temps refusé de penser à Garland parce que cela la faisait trop souffrir. Son père biologique avait été un tueur en série qui avait disparu après avoir assassiné sa mère quand elle avait eu six ans. Ses parents adoptifs avaient été tués par ce même père tueur en série quelques années auparavant et, maintenant, ce qu’elle avait eu de plus proche d’une figure paternelle avait aussi disparu, lui aussi assassiné par une personne à laquelle elle aurait officiellement dû pouvoir faire confiance.

      Elle écarta toute pensée de sa fin et essaya de se concentrer sur la manière dont il avait vécu. D’après un profil publié dans le journal, Garland Moses avait aidé à capturer au moins 1200 assassins dans sa carrière, dont une centaine de tueurs en série et de tueurs à la chaîne. De plus, ce compte n’incluait que les affaires résolues publiquement.

      Cependant, la vie de Garland Moses ne s’était pas limitée aux affaires qu’il avait résolues. Jessie préférait se souvenir d’autres moments moins célèbres. Elle se souvint des petits déjeuners qu’elle avait mangés avec lui au Nickel Diner, dont le nom figurait dans le mot de passe qui déverrouillait sa porte, à quelques pâtés de maisons du Poste de Police Central où ils avaient travaillé tous les deux.

      Elle se souvint que Garland avait été la seule personne apparemment capable de faire sourire Hannah, même quand elle avait été de très mauvaise humeur. Cet homme avait paru distant et sec, mais les deux sœurs avaient appris qu’il avait caché ainsi une personnalité étonnamment sentimentale. Jessie se souvint des nombreuses fois où il lui avait remonté le moral et avait montré qu’il avait confiance en ses capacités de jeune profileuse alors qu’elle en avait douté elle-même.

      Sentant les larmes lui monter aux yeux, Jessie tendit la main vers le bureau pour prendre un mouchoir en papier dans la boîte. Pendant qu’elle s’essuyait les yeux, elle remarqua que quelque chose lui avait échappé la dernière fois qu’elle était venue ici. C’était un petit presse-papiers en métal qui avait la forme d’une tasse à café. Dessus, il y avait une inscription minuscule. Elle prit le presse-papiers et le tourna dans la lumière pour mieux pouvoir lire les petits mots inscrits dessus. Ces mots lui étaient familiers, mais elle ne se serait pas attendue à les trouver sur le bureau d’un homme aussi peu religieux que Garland Moses. Ces mots étaient :

      Celui qui tue une vie tue le monde entier et celui qui sauve une vie sauve le monde entier.

      Jessie contempla longtemps cette phrase. Même si Garland ne l’avait jamais prononcée à voix haute, il était clair que, à sa façon ronchonne et sans prétention, il l’avait prise pour maxime. Il l’avait vécue, même s’il ne l’avait jamais prononcée. Jessie se demanda ce qu’il aurait pensé s’il l’avait vue effacer le message vocal du capitaine Decker. Aurait-il secoué la tête, vaguement déçu ? Si Ryan pouvait parler, qu’en dirait-il ?

      Avant de savoir ce qu’elle faisait, Jessie prit son téléphone et appela le capitaine Decker.

      CHAPITRE CINQ

      Jessie constata que les gens étaient étonnés de la voir.

      Quand elle traversa la grande salle du poste pour aller dans le bureau de Decker, elle pensa repérer aussi quelques regards malveillants. Elle fit semblant de ne pas les remarquer.

      Quand elle avait quitté la section, elle avait été formellement innocentée de l’accusation


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