La Voisine Idéale. Блейк Пирс
jamais, ne la mettrait plus jamais à l’épreuve, ne la soutiendrait plus jamais. Il n’était plus.
Jessie sentit une vague de chagrin la submerger tout en entendant de vraies vagues au loin. C’était comme si l’océan avait été conscient de sa souffrance et avait décidé de lui offrir une bande sonore. Elle se pencha au niveau de la taille et s’ordonna d’inspirer profondément plusieurs fois avant de réessayer de parler.
Quand elle eut finalement la sensation d’avoir repris un peu le contrôle de son corps, elle se redressa. Ryan la contemplait d’un air préoccupé.
– Ça va, dit-elle sans être certaine que ce soit vrai. Décris-moi la scène de crime.
Ryan la regarda fixement comme si elle avait été folle.
– Je ne peux pas, dit-il, incrédule. Tu n’es pas en état d’examiner une scène de crime, en ce moment.
– Et toi, tu l’es ? demanda-t-elle, sentant une colère soudaine et d’une violence inappropriée lui monter dans le ventre. Tu le connaissais, toi aussi.
– Oui, concéda Ryan. Je le connaissais et je l’aimais, mais je n’étais pas aussi proche de lui que toi, loin de là. De plus, pour moi aussi, la nouvelle a été brutale. En fait, j’ai appelé Trembley à l’aide parce que j’avais énormément de mal.
– Est-ce qu’il est là, maintenant ? demanda Jessie.
Alan Trembley était le plus jeune inspecteur de la SSH du Poste Central. En dépit de sa jeunesse, il avait prouvé qu’il était un membre énergique et compétent de l’équipe.
– Oui et il se débrouille très bien. Je vais lui dire de prendre le relais et, comme ça, je pourrai te remmener à la maison.
– Non, protesta-t-elle. Je ne veux pas que tu rates quelque chose d’important en étant absent.
– Jessie, nous contrôlons tout, ici. Nous n’utilisons pas la police de Manhattan Beach pour cette enquête. Les agents qui sont ici avec Trembley viennent de chez nous. L’assistant du médecin légiste et les techniciens de la scène de crime sont les nôtres. Le capitaine Decker a insisté pour que nous utilisions notre personnel et le chef de Manhattan Beach n’a pas protesté. Nous sommes en train de prendre des photos et de tourner des vidéos. Nous faisons tout ce qui peut être fait. Laisse-moi te remmener à la maison. Je demanderai que quelqu’un remmène ta voiture. Fais-moi confiance. Tu ne dois pas rester là.
Par-dessus l’épaule de Ryan, Jessie jeta un coup d’œil à la plage qui s’étendait au loin. Le brouillard commençait à se dissiper. Elle ne pouvait pas encore voir l’eau, mais elle arrivait à distinguer les silhouettes de plusieurs gens qui marchaient sur le sable.
Qui peut bien marcher sur la plage à cette heure-là ?
Elle secoua la tête, furieuse contre elle-même.
Quelle différence, en ce moment ? Garde la tête sur les épaules !
– OK, répondit-elle finalement, mais allons là-bas en premier.
Ryan regarda dans la direction vers laquelle elle était tournée et hocha la tête.
– Attends juste une minute, dit-il. Je veux d’abord dire à Trembley ce qui se passe.
– Vas-y, dit-elle distraitement. Je te retrouve sur le sable.
Ryan l’emmena en bas de l’escalier puis remonta. Jessie sortit par la porte d’entrée et trouva des marches qui menaient du Strand à la piste cyclable du dessous et, au-delà, à la plage. Elle se déchaussa, tint ses chaussures par les talons du bout des doigts et avança vers l’eau.
Même si c’était le début de l’été, à cette heure-là, le sable était encore frais et bougeait sous ses pieds tout en s’insinuant entre ses orteils. Elle avançait lentement pour garder l’équilibre, utilisant plus ses oreilles que ses yeux. Quand elle se rapprocha du son des vagues, un des vieux postes de sauvetage en bois bleu apparut.
Elle passa devant et remarqua que le sable était maintenant plus dur et plus dense. Quelques pas plus loin, elle sentit l’humidité sous ses pieds, à l’endroit où la marée était montée le plus récemment. À présent, l’eau était visible. Elle regarda les vagues s’écraser les unes contre les autres en créant une écume qui formait des bulles blanches et avançait avec envie vers ses orteils. Elle s’assit juste hors de portée et regarda l’océan.
Au bout d’un moment, elle ne sut pas combien de temps, Ryan arriva et s’assit à côté d’elle. Il ne dit rien et elle non plus. Elle tendit une main et il la prit. Elle se pencha et posa la tête sur son épaule. Elle pensa que les vagues qui venaient mourir sur la plage empêchaient peut-être d’entendre qu’elle pleurait, mais elle n’en était pas sûre et, en fait, ça lui était égal.
Il regarda jusqu’au lever du soleil.
D’abord, il eut du mal à cause du brouillard et parce qu’il était à plusieurs pâtés de maisons mais, quand il eut trouvé des jumelles dans le grand placard, il put monter sur le toit-terrasse et surveiller tout ce qui se passait à six pâtés de maisons de distance, sur le Strand, où les événements avaient eu lieu.
Il était étrangement excité par tout ça. Il trouvait satisfaisant que les sirènes aient résonné sur le front de mer les deux dernières nuits à cause de lui. Il ne comprenait pas complètement la situation. La première nuit était logique, mais la réaction de la police au milieu de la nuit dernière paraissait encore plus intense que celle de la nuit d’avant. Quelque chose lui échappait peut-être.
Finalement, quand le soleil se leva sur les collines de l’est, il rentra dans sa demeure temporaire. Il voulait dormir mais, avec toute cette excitation, il avait du mal. Il n’arrêtait pas de repenser à ce qu’il avait fait, à ce qu’il avait pris.
Il n’avait pas voulu tuer cette femme. Après tout, il n’avait fait que s’occuper de ses affaires dans la maison des Bloom, celle qu’ils laissaient toujours pendant plusieurs semaines ininterrompues de l’été. Il n’embêtait personne.
Cependant, il avait fallu que la femme fouineuse d’à côté, avec son corps botoxé et son sourire encore plus artificiel, vienne pointer son nez. Il avait cru qu’elle s’en irait au bout d’un moment, mais elle était entrée dans la maison, avait commis le même délit que lui. Il avait espéré qu’elle s’en irait et qu’elle lui permettrait de poursuivre ses activités, mais non : il avait fallu qu’elle cède à sa curiosité et s’offre une visite de la maison. Si elle n’avait pas fourré son nez partout, elle serait probablement en vie, aujourd’hui.
Cependant, quand elle l’avait vu, il n’avait plus eu le choix. Elle aurait probablement fourni une description de lui à la police et, à présent, il serait dans de beaux draps. Donc, il avait fallu qu’il l’en empêche, qu’il la réduise au silence. Il ne pouvait pas accepter qu’elle le prive du style de vie dont il avait joui, même si c’était seulement temporaire.
Donc, il l’avait étranglée. Au début, quand il l’avait plaquée contre la porte puis qu’il lui avait passé le bas autour du cou, il avait eu une poussée d’adrénaline. Au moment où elle s’était vraiment débattue en agitant les bras, il avait brièvement envisagé d’arrêter. Il aurait peut-être pu se contenter de l’assommer et de s’enfuir, d’aller à un tout autre endroit.
Cependant, à ce moment-là, la vieille fureur avait refait son apparition. Pourquoi aurait-il fallu qu’il se plie aux désirs d’une autre salope pleine aux as ? Il l’avait fait bien assez souvent dans sa vie. Soudain, il lui avait serré le cou encore plus fort en imaginant qu’elle était un des mannequins qui, autrefois, avaient fait tout ce qu’il avait voulu mais le méprisaient maintenant. Il avait regardé le tissu du bas s’enfoncer dans sa chair et l’étouffer et il avait ressenti un frisson presque orgasmique en se rendant compte que la vie de cette femme était littéralement entre ses mains.
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