Notre Honneur Sacré. Джек Марс
et Mark Swann, éclipsée par ce tas de muscles d’Ed et cette grande perche de Swann. C’était son fils, Gunner.
– Viens, Susan, il y a quelqu’un là-bas que j’aimerais te présenter.
Elle se raidit soudain.
– Attends, Luke ! Ce n’est pas le bon…
Il secoua la tête, et cette fois lui saisit le poignet.
– Ça ira. Dis-lui simplement que tu es ma patronne. N’en dis pas plus.
Ils sortirent de la foule près de Gunner, Ed et Swann. Ce dernier s’était fait une queue de cheval et portait des lunettes panoramiques. Son corps élancé était vêtu d’un T-shirt Ramones noir et d’un jean délavé, et ses grands pieds étaient chaussés de sneakers Chuck Taylor à damier jaune et noir.
Ed avait l’air énorme dans son pull noir à col roulé, son pantalon beige à pli et ses chaussures de cuir noir. Il portait une Rolex en or au poignet. Ses cheveux et sa barbe d’un noir de jais étaient coupés avec méticulosité, comme des haies taillées par un maître jardinier.
Swann faisait dans les systèmes informatiques – le meilleur hacker avec qui Luke avait jamais travaillé. Chez Ed, c’était les armes et tactiques – il était passé dans la Delta Force après Luke. Quand il usait de la force, il était totalement dévastateur. Il tenait un verre de vin qui paraissait minuscule dans sa main géante. Swann avait dans une main une canette de bière noire portant un logo de pirate, et dans l’autre une assiette garnie de plusieurs grands canapés.
– Les gars, vous connaissez Susan Hopkins, pas vrai ? présenta Luke.
Ed et Swann lui serrèrent la main.
– Madame la présidente… (Ed la regarda en souriant des pieds à la tête.) C’est bon de vous revoir.
Luke faillit rire de voir Ed gratifier la présidente de son regard de loup. Il ébouriffa les cheveux de Gunner, un geste un peu embarrassant car Gunner était juste un peu trop grand pour une telle familiarité.
– Madame la présidente, voici mon fils Gunner.
Elle lui serra la main et prit un air amical genre Je suis la présidente et je rencontre un gamin au hasard.
– Gunner, ravie de faire ta connaissance. Tu apprécies cette petite fête ?
– Ça va, fit-il.
Il était cramoisi et évitait son regard. C’était encore un gosse timide, d’une certaine façon.
– Tes filles sont ici ? demanda Luke à Ed pour changer de sujet.
Ed sourit en haussant les épaules.
– Oh, elles traînent dans le coin.
Une femme apparut au bord de leur groupe. Elle était grande, blonde, attirante. Elle portait un costume rouge et des talons hauts. Et plus frappant que son apparence, fut le fait qu’elle alla droit sur Luke, ignorant la présidente des États-Unis. Elle brandit vers lui un smartphone tel un micro.
– Agent Stone, je suis Tera Wright de WFNK, la première radio d’infos de Washington.
Son intrusion fit sourire Luke.
– Bonjour, Tera, dit-il.
Il s’attendait à ce qu’elle lui pose des questions sur la réouverture des bureaux de la Special Response Team et sur les mandats de la SRT pour combattre le terrorisme intérieur et étranger. Bien. Ça ne le dérangeait pas d’en parler.
– Que puis-je pour vous ?
– Eh bien, attaqua Tera, je vois que la présidente est ici, à l’inauguration de votre agence.
– Bien sûr, acquiesça Luke. Je pense que la présidente sait quelle impor…
– Pouvez-vous répondre à une question, s’il vous plaît ? le coupa-t-elle.
– Bien sûr.
– Les rumeurs sont-elles vraies ?
– Heu, je ne vois pas de quelles…
– Des rumeurs circulent depuis une quinzaine, l’informa Tera Wright.
– À quel sujet ?
Luke parcourut le groupe du regard, tel un noyé espérant une planche de salut.
Tera Wright leva la main comme pour dire stop.
– Procédons autrement. Que diriez-vous sur la nature de votre relation avec la présidente Hopkins ?
Luke regarda Susan. Elle était aguerrie là-dessus. Elle ne rougit pas. Elle n’eut pas l’air coupable. Elle haussa simplement un sourcil et posa sur la nuque de la journaliste un regard interloqué, comme si elle n’avait aucune idée de ce que celle-ci pouvait bien insinuer.
Luke soupira.
– Eh bien, je dirais que la présidente Hopkins est ma patronne.
– Rien de plus ? interrogea la journaliste.
– Tout comme pour vous, ajouta Luke, elle est aussi ma commandante en chef.
Il jeta un nouveau regard à Susan, pensant qu’elle allait intervenir à présent et orienter la conversation vers un autre sujet. Mais se pointa la cheffe de cabinet de Susan, la jolie Kat Lopez, dans un costume bleu moulant à rayures. Kat était encore mince, même si ses traits n’étaient plus aussi juvéniles que lorsqu’elle avait accepté ce poste. Trois années de stress constant et de missions impossibles mineraient n’importe qui.
Elle parlait à voix basse, voire chuchotait à l’oreille de Susan.
Celle-ci s’assombrit en l’écoutant, puis hocha la tête. Quoi que ce fût, c’était une mauvaise nouvelle.
Elle releva la tête.
– Messieurs, veuillez m’excuser, dit-elle.
CHAPITRE CINQ
18:15, heure normale de l’Est
Salle de crise
Maison-Blanche, Washington DC
– Amy, affiche-nous le Liban et Israël, s’il te plaît, dit Kurt. Zoome sur la Ligne Bleue.
Une carte apparut sur l’écran géant derrière lui. Une seconde plus tard, elle s’afficha également dans les écrans plus petits encastrés dans les murs. Elle montrait deux territoires séparés par une épaisse ligne bleue ondulante. Sur la gauche des terres s’étendait une zone bleu pâle : la mer Méditerranée.
Susan connaissait la région suffisamment pour se passer de cette leçon de géographie. De plus, elle était agacée – elle était de retour à la Maison-Blanche depuis une heure déjà. Il avait fallu tout ce temps pour organiser cette réunion.
– Je vais couper court aux préliminaires, si ça ne dérange personne, reprit Kurt. J’imagine que tout le monde, dans cette pièce, est assez au courant des événements actuels pour savoir qu’il y a eu un accrochage à la frontière entre Israël et le Liban il y a deux heures à peine.
« La Ligne Bleue que vous voyez ici est une frontière négociée, derrière laquelle Israël a accepté de retirer ses troupes après la guerre et l’occupation de 1982. Un nombre inconnu de commandos du Hezbollah l’a franchie pour attaquer une patrouille israélienne sur la route qui suit la Ligne Bleue sur presque toute sa longueur. La patrouille comprenait huit soldats de Tsahal, et tous ont été tués – sauf une.
Une photo d’une jeune femme aux cheveux noirs, bien habillée, apparut dans les écrans. On aurait dit une photo provenant d’un annuaire d’université, ou prise avant une quelconque remise de prix. La fille souriait largement, voire plus – elle rayonnait littéralement.
– Daria Shalit, informa Kurt. Dix-neuf ans, commençant tout juste la deuxième année de son service de deux ans obligatoire dans Tsahal.
– Mignonne,