AntiAmerica. T. K. Falco

AntiAmerica - T. K. Falco


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Ses poumons brûlants la forcèrent à ralentir. Quelques instants plus tard, de puissants bras lui encerclaient la taille et la soulevaient. Son corps fut plaqué fortement sur le sol du parking.

      Tout son côté droit n'était que douleurs vives. Sa joue raclait contre le trottoir alors qu'elle luttait pour trouver de l'air. Son assaillant se remit debout. Elle grimaça en soulevant son ventre du sol à cause de ses côtes endolories et ses jambes et coudes écorchés. Lorsqu'elle pivota la tête vers le haut, le chauve fit descendre son genou sur son dos. Elle s'écroula sous l'effet de la force brute.

      Après être restée étendue face au sol en grognant audiblement pendant quelques instants, elle tenta une fois de plus de se redresser. Son poids la força vers le sol jusqu'à ce qu'elle soit étendue à plat. Des gens criaient, derrière eux. Tout espoir disparut lorsqu'elle vit Queue-de-cheval et deux autres gars en train de courir dans sa direction. Le monde se refermait sur elle.

      — Lâchez moi, putain ! hurla-t-elle.

      Une douleur aiguë fusa à travers son épaule droite alors qu'on lui plaquait le bras dans le dos. Une bande métallique étrangla son poignet. Son bras gauche subit le même sort. Elle lutta jusqu'à ne plus pouvoir supporter les menottes qui creusaient sa chair. Le sang dans sa tête faisait comme un marteau. Elle ferma les yeux pour faire abstraction de la douleur et des cris de ses geôliers.

       Désolée, Papa, j'ai failli, une fois de plus.

      2

      Hameçonnage

       Les gens te suceront jusqu'à la moelle si tu les laisse faire. Promets moi que tu ne finiras pas dans l'impuissance comme moi, comme une victime.

      Son père tenait une bouteille de Whisky à la main lorsqu'elle lui avait donné sa parole à l'âge de onze ans. Bourré ou non, il disait la vérité. Lorsqu'elle venait d'arriver à Miami, elle avait elle même pu constater de ses propres yeux combien il avait eut raison. Les pervers faisaient la queue pour tenter d'attirer des fugueuses comme elles vers l'addiction aux drogues dures, les exploitant jusqu'à ce qu'elles soient usées jusqu'à la corde. Elle s'en tirait mieux que la plupart d'entre elles.

      À présent elle avait épuisé sa chance. Elle était restée assise à ne rien faire dans une salle d'interrogatoire glacée pendant plus d'une heure. Le chauve lui avait lu ses droits alors qu'il lui écrasait la colonne vertébrale. Après avoir reçu des instructions de Queue-de-cheval, aidé d'un mec aux cheveux gris, il l'avait poussée à l'arrière d'une voiture d'agence fédérale et l'avait ramenée à leur bureau de Miami au centre-ville.

      Son sac à main, de l'argent liquide ainsi que sa pièce d'identité furent confisqués. Son nom, sa photo, ses empreintes digitales et son ADN furent enregistrés dans leur base de données. Elle n'était officiellement plus une ombre. La dernière chose dont elle avait besoin, et c'était pas près de s'arrêter là. Elle grimaça en direction de son reflet dans le miroir sur le mur gris en tapant du pied sur le sol carrelé de noir. Si les agents étaient en train de l'espionner, il était temps qu'ils saisissent une chose : elle en avait marre d'attendre.

      Les agents qui l'avaient arrêtée s'étaient présentés comme appartenant à l'UFCC :

      Unité Fédérale contre la Cyber Criminalité.

      C'était la première fois qu'elle en avait entendu parler. Il existait tant d'unités contre la cyber-criminalité, d'équipes et de forces spéciales qu'elle en avait perdu le compte. À ce qu'il semblait, ses magouilles d'ingénierie sociale l'avaient rattrapée. Les avertissements de Brayden n'avaient pas été exagérés. Elle se mit à prier que l'UFCC ne l'ai pas attrapé lui aussi.

      Une quinzaine de minutes s'écoulèrent avant qu'un grand gars, la quarantaine, n'entre dans la pièce. Une peau très bronzée, de courts cheveux noirs et un complet gris. Il lâcha un dossier brun, un bloc note jaune et un stylo sur la table en bois qui les séparait. Son regard tomba sur elle alors qu'il prenait place sur la chaise métallique lui faisant face.

      — Mademoiselle Blake... Mon nom est Ethan Palmer. Je suis agent spécial des Services Secrets.

      Elle demeura immobile, les bras pendant le long de la chaise. Les Services Secrets et l'UFCC. Un peu beaucoup pour une simple entrée par effraction. Elle se demanda laquelle de ses arnaques les avait mit sur sa piste. Ou depuis combien de temps ils la surveillaient. Quelque soit la preuve qu'ils avaient, elle n'avait aucune intention de révéler quoi que ce soit concernant ses arnaques ou l'effraction.

      Il garda la main posée sur le dossier.

      — Votre dossier indique que vous avez été déclarée disparue en Caroline du Nord peu de temps après votre seizième anniversaire. Il n'y a aucune trace d'activité de votre part depuis. Aimeriez-vous nous raconter ce que vous avez fabriqué pendant ces deux dernières années ?

      Son regard se perdit dans le néant, sur le côté. Chaque centimètre de mur était recouvert de cette même peinture grise déprimante. Il ramassa le stylo avec un sourire narquois.

      — Vos deux parents sont apparemment décédés. Il y a-t-il une personne que vous voudriez que nous contactions ? Un ami ou un membre de votre famille ?

      — Non.

      — Désolé de l'entendre. Cela doit être dur... pour une fille de votre âge, vivre seule.

      La dernière chose dont elle avait besoin était la pitié de ce mec.

      — Vous vous y connaissez vachement, en ce qui concerne les filles de mon âge ?

      — En vérité, mon aînée a à peine deux ans de moins que vous.

      Alors que le coin de ses lèvres s'adoucissait en un sourire, elle fit un effort délibéré pour ne pas répondre par quelque signe d'émotion que ce soit. Le silence momentané fut brisé lorsque Queue-de-cheval fit irruption dans la pièce portant une veste bleu marine par dessus sa chemise à manches longues blanche. Elle mâchait un bout de chewing gum et passa près de la table pour aller au fond de la pièce. Le gars fit un signe dans sa direction tout en maintenant le contact visuel avec Alanna.

      — Il me semble que vous avez déjà rencontré l'agent spécial Sheila McBride, de l'UFCC.

      Il lança un regard furtif à l'agent que cette dernière ignora.

      — Désolé d'avoir commencé sans vous.

      La femme s'appuya contre le mur, maussade, les deux mains dans les poches de sa veste. Elle montrait tous les signes d'une future maniaque du contrôle. Alanna l'avait remarqué à la façon dont cet Agent Mc Bride avait aboyé ses ordres au moment de son arrestation. Elle connaissait également trop bien le regard perçant que lui avait lancé l'agent alors et qu'elle lui lançait à présent. Pendant toute sa vie, elle avait grandi entourée de gens qui la considérait comme une délinquante. Elle répondit avec un large sourire moqueur. L'agent des Services Secrets fit un signe de la main pour attirer son attention.

      — Alors, voulez-vous nous dire ce que vous faisiez dans cet immeuble d'habitation ? Ou encore la raison pour laquelle vous avez fuit les agents de l'UFCC qui vous ont approchée ?

      Il pressa les extrémités de ses doigts les unes contres les autres alors qu'elle appuyait ses épaules contre le dossier de la chaise.

      — Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes arrivée là ? Nous avons localisé votre voiture près de votre appartement.

      Elle serra la mâchoire. Si ils ignoraient tout de Brayden, ce ne serait certainement pas elle qui allait leur en parler. L'agent Mc Bride s'avança vers la table. Elle avait décidément toujours mal après la bousculade qui avait eu lieu près de l'appartement de Javier. L'hostilité était réciproque. Alanna n'avait que peu de sympathie envers les gens qui la contrariaient. Encore moins lorsqu'il s'agissait de meufs arrogantes. Elle mit ça sur le compte des années de colère contenue d'avoir vécu avec un


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