La finance au service de l'Afrique. Группа авторов
obstacles au financement des MPME sont particulièrement importants. Les banques interrogées ont cité le manque de garanties, d’antécédents de crédit et de projets bancables comme les principales contraintes à l’expansion de leur activité de prêt aux MPME, conformément à d’autres données d’enquête.
Le COVID-19 a rendu cette situation plus difficile et ses effets risquent de durer. Les secteurs bancaires africains sont restés relativement résilients. Une crise de liquidité a été évitée, notamment grâce au fait que la plupart des banques étaient bien capitalisées avant la crise. Le soutien proactif des décideurs politiques a également contribué à maintenir la stabilité et la solidité du secteur financier. Toutefois, les données recueillies dans le cadre des enquêtes sur les entreprises donnent à penser que les entreprises de toute l’Afrique ont été durement touchées par la crise. Lorsque les mesures de soutien prendront fin, la qualité des actifs du secteur bancaire est donc susceptible de diminuer, ce qui réduira la capacité des banques à financer le secteur privé tandis que cellesci chercheront à maintenir et à reconstituer des volants de fonds propres. La plupart des banques interrogées considèrent la détérioration de la qualité des actifs comme l’effet le plus important de la crise sur leurs activités. Nombre d’entre elles se retrouvent à présent avec des volumes importants de prêts non productifs dans leur bilan, ce qui pourrait les inciter à redémarrer leur activité de prêt avec prudence. Une telle situation risque de creuser l’important déficit de financement auquel les entreprises africaines sont confrontées[5], les petites et moyennes entreprises (PME), les start-ups et les entreprises innovantes étant particulièrement concernées.
La microfinance est souvent la seule source officielle de financement pour certains groupes, tels que les pauvres, les femmes et les plus petites entreprises. C’est pourquoi elle joue un rôle essentiel dans la relance économique inclusive. Le chapitre 2 examine la situation actuelle des secteurs de la microfinance en Afrique. Au cours de la dernière décennie, l’Afrique a réalisé des progrès notables dans le développement de l’inclusion financière, principalement grâce à l’expansion des services financiers numériques. Toutefois, d’importantes lacunes subsistent dans l’accès au financement, en particulier parmi les plus pauvres, les femmes et les personnes vivant dans des zones rurales difficiles d’accès. Diverses institutions fournissent des services de microfinance. Il peut s’agir de banques commerciales, d’institutions de microfinance commerciales et réglementées, de prestataires informels ou d’organisations non gouvernementales. Les institutions formelles de microfinance constituent une source de financement importante et ont desservi plus de 6,3 millions de personnes en Afrique en 2018, dont 64 % étaient des femmes et 60 % habitaient en milieu rural[6]. Les organismes africains de microfinance ont réagi à la crise liée au COVID-19 en prenant plusieurs mesures de soutien aux emprunteurs, dont un usage extensif des moratoires, ainsi que des mesures opérationnelles, telles qu’un recours accru aux canaux numériques. Les décideurs politiques leur ont apporté leur appui en adoptant des pratiques accommodantes sur le plan réglementaire et d’autres initiatives, bien qu’ils semblent avoir été moins proactifs que les instances réglementaires d’autres régions. Le secteur de la microfinance en Afrique a évité une crise de liquidités pendant la pandémie grâce à la résilience des institutions de microfinance, à leurs démarches volontaristes et à l’appui des décideurs politiques. Toutefois, la qualité des actifs semble avoir diminué plus fortement que dans d’autres régions et pourrait menacer la solvabilité des petits établissements en particulier (à savoir ceux de deuxième et troisième rang). Les plus grandes institutions de microfinance (celles de premier rang) sont mieux placées pour résister à la crise et semblent développer leur activité de prêt plus rapidement que leurs homologues dans d’autres régions. Inversement, la nécessité de reconstituer les volants de fonds propres pourrait freiner l’activité de prêt, même parmi les institutions plus solides.
Le capital-investissement en Afrique est très limité par rapport à d’autres régions[7], mais il joue un rôle important dans le soutien aux jeunes entreprises innovantes et aux nouvelles industries en fournissant un financement « patient », qui absorbe les risques. Les fonds de capital-investissement et de capital-risque ont donc un rôle majeur à jouer pour appuyer les secteurs des énergies renouvelables et de l’économie numérique, entre autres. Le chapitre 3 fait le point sur la situation des secteurs du capital-investissement en Afrique. À partir des données de la Global Private Capital Association, l’analyse montre que la pandémie a inversé une tendance à la hausse des levées de fonds de capital-investissement ciblant l’Afrique, qui sont tombées à 2,3 milliards d’USD en 2020, soit une baisse de 34 % par rapport à 2019. L’effet sur la valeur des opérations a été moindre : les sociétés de capital-investissement ont investi plus de 3,7 milliards d’USD en Afrique en 2020. Toutefois, la faiblesse prolongée des levées de fonds rendra probablement difficile le maintien de volumes d’investissement élevés à l’avenir. Au-delà du niveau des levées de fonds, les marchés africains sont confrontés à d’autres défis – le faible degré de développement du secteur financier, la rentabilité habituellement basse des investissements non cotés et la valorisation élevée des actions –, qui font qu’il peut être difficile de repérer des opportunités d’investissements rentables sur les marchés privés. Les marchés africains offrent malgré tout des possibilités attrayantes pour les capital-investisseurs, telles que la masse croissante des actifs nationaux sous gestion, la performance relativement élevée des investissements répondant aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, ou encore le développement de la classe consommatrice. Ainsi, malgré les défis, les secteurs du capital-investissement ont la possibilité de soutenir une reprise intelligente, verte et inclusive en aidant les jeunes entreprises innovantes à conserver l’accès au financement et en fournissant une source de financement pour les investissements verts et numériques. Les institutions de financement du développement jouent un rôle plus important dans le capital-investissement en Afrique que sur d’autres marchés émergents et en développement, une singularité qui s’est encore accentuée pendant la pandémie, alors que les autres bailleurs de fonds agissaient avec prudence. Ces institutions devraient maintenir un rôle notable en assurant que les financements continuent d’être acheminés vers des entreprises à fort potentiel pendant la reprise, à un moment où l’incertitude demeure élevée.
La transformation numérique des secteurs financiers africains présente un énorme potentiel de stimulation du développement et de la croissance, même si les risques qui y sont associés doivent être gérés de manière appropriée. Comme expliqué au chapitre 4, le passage au numérique, en particulier l’adoption rapide de l’argent mobile, a été un moteur clé de l’inclusion financière en Afrique. La transformation numérique des services financiers africains a été portée par de nouveaux entrants dans les secteurs financiers africains. Toutefois, l’enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique révèle que les secteurs bancaires de l’Afrique subsaharienne élargissent leur offre numérique et que cette évolution a été accélérée par la pandémie. Parmi les banques interrogées, la plupart ont indiqué que la pandémie les avait amenées à accélérer le rythme de la transformation numérique et que ce changement serait permanent. Des possibilités d’élargir encore l’accès au financement via les canaux numériques existent et la gamme des services disponibles se diversifie. Cependant, les cadres réglementaires africains ne tiennent pas encore suffisamment compte de l’augmentation des risques macrofinanciers liés à la transformation numérique. Selon l’analyse du Centre de développement de l’OCDE, prise en compte dans ce chapitre, la mise en place d’un environnement réglementaire favorable au niveau national et le renforcement de la coopération réglementaire régionale peuvent renforcer l’adoption de services financiers numériques et réduire les risques associés. Pour que la transformation numérique apporte les avantages escomptés sur le plan de la croissance inclusive, des investissements importants seront nécessaires. Les solutions et les prestataires de services financiers