Histoire de Sibylle. Feuillet Octave
avait été désertée, et une foule bourdonnante, au milieu de laquelle figurait le curé lui-même, encore revêtu des ornements du culte, se pressait sur le bord de la falaise, et commentait avec animation les manoeuvres désespérées de la barque en péril. On voyait alors distinctement les trois ou quatre hommes qui la montaient, les uns s'efforçant d'assujettir les haillons de toile qui leur restaient, les autres paraissant vider des seaux par-dessus le bord, tous déployant une activité convulsive. On croyait même de temps à autre entendre leurs cris. M. de Férias et le curé, profondément émus de ce spectacle, supplièrent les pêcheurs du village de mettre une chaloupe à la mer, et d'essayer de porter secours à ces malheureux; mais les plus libérales promesses du marquis échouèrent: le meilleur canot du port, lui fut-il répondu, serait chaviré en deux temps par une mer pareille; on plaignait ces pauvres gens, mais on ne voulait pas se perdre à plaisir avec eux.
Depuis une longue demi-heure, la barque affalée se maintenait laborieusement à la hauteur du petit cap sans pouvoir le franchir, quand soudain deux ou trois embardées plus heureuses la portèrent au delà de cette limite fatale qui seule semblait la séparer du salut. On entendit sur la falaise un cri de joie, qui l'instant d'après se changea en une exclamation de terreur et de pitié: la barque venait d'être rejetée sur la pointe même du cap. Pendant deux ou trois minutes, elle talonna violemment contre les aiguilles rocheuses qui signalaient l'extrémité du haut-fond; puis elle bondit avec la vague, tomba brusquement sur le flanc comme un animal blessé, et ne se releva pas. Elle ne fut préservée d'une destruction immédiate que par quelques récifs invisibles entre lesquels sa quille paraissait être engagée; mais chaque coup de mer qui venait alors l'assaillir, en la couvrant d'écume, semblait devoir en emporter les épaves flottantes. Au milieu de ce désordre, on pouvait encore distinguer les hommes de l'équipage, l'un d'eux couché sur le plat-bord, les autres suspendus aux agrès. Il n'y avait plus qu'à souhaiter un prompt dénoûment à l'agonie de ces infortunés, perdus sur ce débris entre l'abîme bouillonnant qui les séparait de la côte et la plaine morne de l'Océan, sur laquelle s'étendaient déjà les ombres du soir.
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