Contes merveilleux, Tome I. Ганс Христиан Андерсен

Contes merveilleux, Tome I - Ганс Христиан Андерсен


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ou à celle que j'aurais envie d'enterrer. Et je l'enterre aussitôt. Ils sont là, morts et impuissants, jusqu'à ce qu'ils reviennent à la vie, renouvelés et meilleurs. J'inscris leur vie, telle que je l'ai vue moi, dans mon «Livre «des tombes. Chacun devrait faire ainsi et au lieu de se morfondre, enterrer bel et bien celui qui vous met des bâtons dans les roues. Je recommande de garder sa bonne humeur et de lire le Courrier royal, journal d'ailleurs écrit par le peuple lui-même, même si, pour certains, quelqu'un d'autre guide la plume.

      Lorsque mon temps sera venu et que l'on m'aura enterré dans une tombe avec l'histoire de ma vie, mettez sur elle cette inscription: «Bonne humeur.»

      C'est mon histoire.

      Le briquet

      Un soldat s'en venait d'un bon pas sur la route. Une deux, une deux! sac au dos et sabre au côté. Il avait été à la guerre et maintenant, il rentrait chez lui. Sur la route, il rencontra une vieille sorcière. Qu'elle était laide! Sa lippe lui pendait jusque sur la poitrine.

      –Bonsoir soldat, dit-elle. Ton sac est grand et ton sabre est beau, tu es un vrai soldat. Je vais te donner autant d'argent que tu voudras.

      –Merci, vieille, dit le soldat.

      –Vois-tu ce grand arbre? dit la sorcière. Il est entièrement creux. Grimpe au sommet, tu verras un trou, tu t'y laisseras glisser jusqu'au fond. Je t'attacherai une corde autour du corps pour te remonter quand tu m'appelleras.

      –Mais qu'est-ce que je ferai au fond de l'arbre?

      –Tu y prendras de l'argent, dit la sorcière. Quand tu seras au fond, tu te trouveras dans une grande galerie éclairée par des centaines de lampes. Devant toi il y aura trois portes. Tu pourras les ouvrir, les clés sont dessus. Si tu entres dans la première chambre, tu verras un grand chien assis au beau milieu sur un coffre. Il a des yeux grands comme des soucoupes, mais ne t'inquiète pas de ça. Je te donnerai mon tablier à carreaux bleus que tu étendras par terre, tu saisiras le chien et tu le poseras sur mon tablier. Puis tu ouvriras le coffre et tu prendras autant de pièces que tu voudras. Celles-là sont en cuivre.... Si tu préfères des pièces d'argent, tu iras dans la deuxième chambre! Un chien y est assis avec des yeux grands comme des roues de moulin. Ne t'inquiète encore pas de ça. Pose-le sur mon tablier et prends des pièces d'argent, autant que tu en veux. Mais si tu préfères l'or, je peux aussi t'en donner—et combien!—tu n'as qu'à entrer dans la troisième chambre. Ne t'inquiète toujours pas du chien assis sur le coffre. Celui-ci a les yeux grands comme la Tour Ronde de Copenhague et je t'assure que pour un chien, c'en est un. Pose-le sur mon tablier et n'aie pas peur, il ne te fera aucun mal. Prends dans le coffre autant de pièces d'or que tu voudras.

      –Ce n'est pas mal du tout ça, dit le soldat. Mais qu'est-ce qu'il faudra que je te donne à toi la vieille? Je suppose que tu veux quelque chose.

      –Pas un sou, dit la sorcière. Rapporte-moi le vieux briquet que ma grand-mère a oublié la dernière fois qu'elle est descendue dans l'arbre.

      –Bon, dit le soldat, attache-moi la corde autour du corps.

      –Voilà—et voici mon tablier à carreaux bleus.

      Le soldat grimpa dans l'arbre, se laissa glisser dans le trou, et le voilà, comme la sorcière l'avait annoncé, dans la galerie où brillaient des centaines de lampes. Il ouvrit la première porte. Oh! le chien qui avait des yeux grands comme des soucoupes le regardait fixement.

      –Tu es une brave bête, lui dit le soldat en le posant vivement sur le tablier de la sorcière.

      Il prit autant de pièces de cuivre qu'il put en mettre dans sa poche, referma le couvercle du coffre, posa le chien dessus et entra dans la deuxième chambre.

      Brrr!! le chien qui y était assis avait, réellement, les yeux grands comme des roues de moulin.

      –Ne me regarde pas comme ça, lui dit le soldat, tu pourrais te faire mal.

      Il posa le chien sur le tablier, mais en voyant dans le coffre toutes ces pièces d'argent, il jeta bien vite les sous en cuivre et remplit ses poches et son sac d'argent. Puis il passa dans la troisième chambre.

      Mais quel horrible spectacle! Les yeux du chien qui se tenait là étaient vraiment grands chacun comme la Tour Ronde de Copenhague et ils tournaient dans sa tête comme des roues.

      –Bonsoir, dit le soldat en portant la main à son képi, car de sa vie, il n'avait encore vu un chien pareil et il l'examina quelque peu. Mais bientôt il se ressaisit, posa le chien sur le tablier, ouvrit le coffre.

      Dieu!… que d'or! Il pourrait acheter tout Copenhague avec ça, tous les cochons en sucre des pâtissiers et les soldats de plomb et les fouets et les chevaux à bascule du monde entier. Quel trésor!

      Il jeta bien vite toutes les pièces d'argent et prit de l'or. Ses poches, son sac, son képi et ses bottes, il les remplit au point de ne presque plus pouvoir marcher. Eh bien! il en avait de l'argent cette fois! Vite il replaça le chien sur le coffre, referma la porte et cria dans le tronc de l'arbre:

      –Remonte-moi, vieille.

      –As-tu le briquet? demanda-t-elle.

      –Ma foi, je l'avais tout à fait oublié, fit-il, et il retourna le prendre.

      Puis la sorcière le hissa jusqu'en haut et le voilà sur la route avec ses poches, son sac, son képi, ses bottes pleines d'or!

      –Qu'est-ce que tu vas faire de ce briquet? demanda-t-il.

      –Ça ne te regarde pas, tu as l'argent, donne-moi le briquet!

      –Taratata, dit le soldat. Tu vas me dire tout de suite ce que tu vas faire de ce briquet ou je tire mon sabre et je te coupe la tête.

      –Non, dit la vieille sorcière.

      Alors, il lui coupa le cou. La pauvre tomba par terre et elle y resta. Mais lui serra l'argent dans le tablier, en fit un baluchon qu'il lança sur son épaule, mit le briquet dans sa poche et marcha vers la ville.

      Une belle ville c'était. Il alla à la meilleure auberge, demanda les plus belles chambres, commanda ses plats favoris. Puisqu'il était riche....

      Le valet qui cira ses chaussures se dit en lui-même que pour un monsieur aussi riche, il avait de bien vieilles bottes. Mais dès le lendemain, le soldat acheta des souliers neufs et aussi des vêtements convenables.

      Alors il devint un monsieur distingué. Les gens ne lui parlaient que de tout ce qu'il y avait d'élégant dans la ville et de leur roi, et de sa fille, la ravissante princesse.

      –Où peut-on la voir? demandait le soldat.

      –On ne peut pas la voir du tout, lui répondait-on. Elle habite un grand château aux toits de cuivre entouré de murailles et de tours. Seul le roi peut entrer chez elle à sa guise car on lui a prédit que sa fille épouserait un simple soldat; et un roi n'aime pas ça du tout.

      –Que je voudrais la connaître! dit le soldat, mais il savait bien que c'était tout à fait impossible.

      Alors il mena une joyeuse vie, alla à la comédie, roula carrosse dans le jardin du roi, donna aux pauvres beaucoup d'argent—et cela de grand cœur—se souvenant des jours passés et sachant combien les indigents ont de peine à avoir quelques sous.

      Il était riche maintenant et bien habillé, il eut beaucoup d'amis qui, tous, disaient de lui: «Quel homme charmant, quel vrai gentilhomme!» Cela le flattait. Mais comme il dépensait tous les jours beaucoup d'argent et qu'il n'en rentrait jamais dans sa bourse, le moment vint où il ne lui resta presque plus rien. Il dut quitter les belles chambres, aller loger dans une mansarde sous les toits, brosser lui-même ses chaussures, tirer l'aiguille à repriser. Aucun ami ne venait plus le voir… trop d'étages à monter.

      Par un soir très sombre—il n'avait même plus les moyens de s'acheter une chandelle—il se souvint qu'il en avait un tout petit bout dans sa poche et aussi le briquet trouvé dans l'arbre creux où la sorcière l'avait fait descendre. Il battit le silex du briquet et au moment où l'étincelle jaillit, voilà que la porte s'ouvre. Le chien aux yeux grands comme des soucoupes est devant lui.

      –Qu'ordonne


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