Le Sens Du Courage. Davide Piccolo

Le Sens Du Courage - Davide Piccolo


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mère resta quelques instants encore sur le pas de la porte pour observer la voiture qui s’éloignait, jusqu’à ce que le véhicule ait disparu dans un virage. Elle se résigna alors à l’idée de ne plus pouvoir suivre son fils du regard.

      Pendant ce temps, le chauffeur traversait des lieux qui avaient servi de décor à la vie que Marco s’apprêtait à quitter et ce dernier se demandait bien quand est-ce qu’il les aurait revus.

      Faisant appel à toute la force de sa volonté, il chassa ces pensées de son esprit, en entamant une conversation avec ce chauffeur introverti, professionnel autant que silencieux.

      Lorsque finalement la voix robotique du GPS annonça l’arrivée à destination, mettant fin à ce voyage monotone, Marco paya la somme convenue et descendit avec calme du taxi, désireux de pouvoir se reposer en attendant le long vol du jour suivant.

      Puis il rentra dans l’aéroport en trainant ses bagages. Épuisé par cette journée palpitante dont il avait été l’acteur principal, il prit place sur un banc, songeant de nouveau à tout ce qu’il allait quitter et qu’il avait toujours beaucoup aimé.

      «Au moins, je ne devrai plus revoir mon cher ami Morgan», pensa-t-il, cherchant à se réconforter. Il fit alors une grimace qui renfermait toute son antipathie pour cette personne-là.

      Au même moment, apparut dans sa tête l’image de celui qu’il haïssait le plus.

      Haut environ un mètre quatre-vingts, il avait un visage pointu au teint clair, les cheveux couleur de paille et les yeux marrons avec des verres rectangulaires, qui ne parvenaient pas cependant à lui conférer un air d’intellectuel, totalement inconciliable avec son expression hébétée.

      Sa large bouche émettait souvent des manifestations d’hilarité au son hystérique, une caractéristique de ceux qui essayent de masquer l’absence de l’hilarité générale qu’aurait dû provoquer leurs blagues par l’évidence auditive de la leur.

      Et comme si ce mélange de caractéristiques odieuses ne suffisait pas, une attitude peu courtoise envers Marco venait couronner le tout.

      En effet, il se souvenait encore avec une irritation extrême le soir où, avec son incomparable démarche déhanchée, il s’était approché de Francesca pour s’exhiber en une tentative ridicule de lui faire la cour, ignorant sa présence.

      «Serait-ce un crime par hasard ? avait-il demandé avec suffisance, face aux revendications de Marco sur le cœur de la jeune fille et à ses exhortations intempestives de s’en aller.

      » Moi, je n’en ai pas connaissance, et je voudrais te rappeler que nous sommes dans un pays libre, ou je me trompe ? De toute façon, je m’en vais ; garde-la pour toi », avait-il ajouté, en s’éloignant avec la même démarche.

      Depuis cet instant, profondément irrité par son attitude, il s’était pris à le haïr, tout en espérant que les occasions de le rencontrer se seraient faites de plus en plus rares.

      Mais cette espérance fut souvent déçue par la réalité.

      En effet, Marco était régulièrement contraint de se mettre en contact avec lui pour son travail.

      Il arrive parfois qu’en approfondissant la connaissance de certaines personnes un jugement instinctif soit démenti. Mais, en l’occurrence, l’adage «la première impression est celle qui compte» fut prophétique et leurs rapports se poursuivirent à l’enseigne d’une antipathie réciproque.

      Légèrement rassuré par ces pensées, Marco fut vaincu par la fatigue et il tomba dans un profond sommeil.

      Quelques heures plus tard, le bruit joyeux d’un groupe de personnes interrompit son court repos.

      La vue encore embuée par le sommeil, Marco se frotta les yeux pour mieux distinguer les silhouettes qui l’entouraient: des dizaines de familles et de jeunes étaient occupés à acheter les derniers cadeaux en vue de la fête de Noël, désormais très proche, et tous s’apprêtaient à y participer avec une grande joie.

      Le jeune manager observa longuement les enfants qui couraient insouciants à côté de leurs mères, attentives à ne pas les perdre de vue dans la masse des personnes qui marchaient en regardant les vitrines des magasins.

      Toutefois, le climat de la fête imminente que l’on respirait dans l’air et que l’on lisait clairement sur les visages détendus de tous contrastait avec l’état d’âme de Marco, qui pensait à combien ce 25 décembre allait être différent de tous les autres.

      En effet, au lieu de participer avec ses proches au repas traditionnel qui avait lieu chez sa mère, il allait devoir partager ce jour spécial avec des personnes qu’il ne connaissait pas encore, et qui allaient peut-être lui sembler peu agréables.

      Mais Marco finit par sortir de ses réflexions. Il se leva du banc en s’étirant et se rendit au guichet préposé au check-in, où une jeune employée souriante lui fournit la carte d’embarquement.

      Puis il vit un autre banc et il s’assit à côté d’un vieux monsieur.

      Chapitre III

      Pedro Gonzalez

      « Bonjour! le salua-t-il joyeusement, avec un léger accent espagnol.

      - Bonjour Monsieur !» répondit Marco à l’inconnu.

      C’était un homme âgé de soixante-dix ans environ, comme le laissaient supposer ses courts cheveux blancs, qui lui conféraient un air de sagesse.

      Une vigueur exceptionnelle, aussi bien physique que mentale, semblait émaner du vieillard, en dépit de son âge plutôt avancé. L’étincelle de vivacité qui éclairait son regard et la silhouette élancée, d’une taille supérieure à la moyenne, en témoignaient. S’il était morphologiquement frêle, son aspect n’avait pourtant rien de faible ou de fragile.

      Son allure extérieure minutieusement soignée, tout comme son habit élégant digne du businessman le plus en vue, portèrent Marco à croire avec raison que cet homme devait avoir eu une importante responsabilité managériale, comme celle qu’il s’apprêtait à recevoir aux États-Unis.

      «Avez-vous aussi ma chère Espagne pour destination? demanda-t-il aimablement à Marco.

      - Non, j’ai réservé un vol pour New York, je m’y installe pour le travail.

      - Je suppose qu’il s’agit d’une offre importante pour vous décider à un tel déplacement», fit-il.

      Son italien était presque parfait.

      «Oui, c’est exact. Il y a peu de mois, j’ai reçu une proposition considérable de la part de la JW Corporation, que je me suis empressé d’accepter, à la condition de pouvoir conclure mon année de travail, donc sans porter aucun préjudice aux plans de la société pour laquelle je travaillais. Comme vous pouvez bien l’imaginer, je me suis heurté à la résistance de mes proches et de mon patron, mais j’ai décidé de ne pas revenir sur ma décision, bien décidé à saisir une telle opportunité.»

      - Quelle charge vous a-t-on proposé d’exercer ?

      - Celle de directeur général, la même que j’exerçais dans la société de Brescia que j’ai contribuée à rendre très grande.

      - Cela me rappelle beaucoup ma propre histoire…

      - Vous êtes un confrère ?

      - Oui, j’ai moi aussi travaillé en tant que manager.

      -Puis-je vous demander quelques conseils concernant la gestion d’une entreprise importante ? Du haut de votre expérience professionnelle, vous allez pouvoir sans aucun doute me donner des conseils utiles…

      - Vu vos résultats, qui, d’après votre récit, me paraissent prodigieux, je ne crois pas que vous ayez besoin de suggestions, coupa court l’homme avec un sourire bienveillant. Cependant, si vous voulez, je peux partager


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