Tous Les Moyens Nécessaires . Джек Марс
du Bronx, de Brooklyn, des enregistrements vidéos en direct des entrées des tunnels Holland et Lincoln et des photos d'identité judiciaire de terroristes arabes connus pour être actuellement sur le territoire américain.
Trois des écrans montraient actuellement le maire DeAngelo, surplombant ses assistants du haut de son mètre nonante, se tenant devant un micro et conseillant aux braves gens de New York de rester chez eux et d'embrasser leurs enfants. Il lisait sa déclaration à partir d'un discours préparé.
“Dans le pire des cas,” dit le maire, sa voix résonnant à travers les haut-parleurs disséminés dans la pièce, “l'explosion initiale provoquerait la mort de nombreuses personnes et créerait un effet de panique généralisé dans la zone affectée. Les risques d'exposition aux radiations causeraient une terreur qui se propagerait à travers toute la région et probablement à travers tout le pays. De nombreuses personnes exposées lors de l'attaque initiale tomberaient malades et beaucoup succomberaient. Les dépenses de décontamination seraient énormes mais rien en comparaison avec les répercussions économiques et psychologiques. Une attaque à la bombe sale dans une gare principale de New York City paralyserait le transport le long de la côte Est durant un certain temps.”
“Super,” dit Luke. “Je me demande qui rédige ses discours.”
Il cribla la salle du regard. Toutes les forces principales étaient représentées ici, chacun cherchant à établir son positionnement. C'était un vrai méli-mélo de lettres et d'initiales, NYPD, FBI, NSA, ATF, DEP et même CIA. Même le DEA était présent. Luke n'était pas sûr de savoir en quoi le vol de substances radioactives constituait un crime lié aux drogues.
Ed Newsam était parti au milieu de la foule, à la recherche du personnel de l'Équipe Spéciale d'Intervention.
“Luke, tu m'as entendu?”
Luke retourna au sujet qui l'occupait. Ron Begley, de la Sécurité Nationale, se tenait à ses côtés. Ron était un homme dégarni de près de soixante ans. Il avait un ventre bedonnant et de petits doigts rondouillards. Luke connaissait son histoire. C'était un bureaucrate. Le onze septembre, il faisait partie du département du Trésor et menait une équipe en charge des évasions fiscales et des combines à la Ponzi. Il évolua vers l'anti-terrorisme au moment où la Défense Nationale fut créée. Il n'avait jamais procédé à une arrestation, ni tiré un coup de feu de sa vie.
“Tu viens de me dire que tu voulais qu'on rentre à la maison.”
“Tu marches sur des plate-bandes ici, Luke. Kurt Myerson a appelé son chef au service de police de New York pour lui dire que tu traitais ses hommes commes tes serviteurs personnels. Et que tu as pris le commandement d'une équipe SWAT. Vraiment? Une équipe SWAT? Écoute, ici, c'est leur terrain. Tu es supposé suivre leurs directives. C'est les règles du jeu.”
“Ron, c'est le service de police de New York qui nous a appelés. J'imagine que c'était parce qu'ils avaient besoin de nous. Tout le monde sait de quelle manière nous travaillons.”
“Comme des cowboys,” dit Begley. “Vous travaillez comme des cowboys de rodéo.”
“Don Morris m'a sorti du lit pour venir ici. Tu n'as qu'à parler avec Don…”
Begley haussa les épaules. L'ombre d'un sourire apparu sur son visage. “Don a été rappelé. Il est parti en hélico il y a vingt minutes. Je te conseille d'en faire autant.”
“Quoi?”
“Tout à fait. Il a été appelé en haut-lieu sur ce coup-là. Ils l'ont rappelé pour faire un rapport sur la situation au Pentagone. Un truc de très haut niveau. J'imagine qu'ils ne trouvaient pas de stagiaire pour le faire, alors ils ont appelé Don.”
Begley baissa la voix mais Luke pouvait encore facilement l'entendre. “Un conseil entre nous… Qu'est-ce qui lui reste à Don? Trois ans avant la pension? Don est une espèce en voie de disparition. C'est un dinosaure, tout comme l'Équipe Spéciale d'Intervention. Tu le sais aussi bien que moi. C'est la fin de toutes ces petites agences secrètes au sein d'une plus grande agence. La tendance est à la centralisation et à la consolidation, Luke. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une approche basée sur des données. C'est comme ça que nous résoudrons les crimes dans le futur. Et c'est comme ça qu'on finira par attraper ces terroristes aujourd'hui. Nous n'avons plus besoin de super-espions machos et d'anciens commandos vieillissants descendant en rappel d'un édifice. C'est fini. Jouer au super héros, c'est terminé. C'est même un peu ridicule, si tu y réfléchis bien.”
“Super,” dit Luke. “J'en prends note.”
“Je pensais que tu enseignais,” dit Begley. “L'histoire, les sciences politiques, ce genre de chose.”
Luke hocha de la tête. “Et c'est ce que je fais.”
Begley posa sa main charnue sur le bras de Luke. “Tu devrais continuer.”
Luke secoua la main de son bras et plongea dans la foule à la recherche de ses hommes.
“On en est où?” demanda Luke.
Son équipe s'était installée dans un bureau périphérique. Ils avaient rassemblé quelques tables disponibles et construit leur propre petit poste de commandement avec ordinateurs portables et connexions satellites. Trudy et Ed Newsam étaient présents, avec quelques autres membres de l'équipe. Swann s'était isolé dans un coin avec trois ordinateurs portables.
“Ils ont rappelé Don,” dit Trudy.
“Je suis au courant. Tu as parlé avec lui?”
Elle hocha de la tête. “Il y a vingt minutes. Il était sur le point de décoller. Il a dit de continuer à travailler sur cette affaire à moins qu'il en donne l'ordre contraire. Et de poliment ignorer les autres.”
“Ça me paraît très bien. Alors, on en est où?”
Le visage de Trudy devint sérieux. “On a bien avancé. On a réussi à réduire le nombre de véhicules haute priorité à six. Ils sont tous passés à proximité de l'hôpital la nuit dernière et tous présentent des caractéristiques bizarres ou qui ne correspondent à rien.”
“Donne-moi un exemple.”
“Alors, l'un d'entre eux est une camionnette de marchand ambulant de nourriture, enregistré au nom d'un ancien parachutiste russe. On a pu le suivre via caméras de surveillance et autant qu'on sache, il a passé la nuit à rouler à travers Manhattan, vendant des hot dogs et des Pepsi à des prostituées, des proxénètes et des délinquants.”
“Où se trouve-t-il maintenant?”
“Il est garé sur la 11ème Avenue, au sud du Centre de Convention Jacob Javits. Ça fait un bout de temps qu'il y est. On pense qu'il s'est peut-être endormi.”
“OK, il vient juste de passe en non-prioritaire. Envoie l'info au service de police de New York, juste au cas où. Ils peuvent l'interpeler et vérifier son camion, histoire de savoir ce qu'il y vend d'autre. Suivant.”
Trudy consulta sa liste. Un minivan exploité en tant que voiture Uber par un ancien physicien nucléaire en disgrâce. Un semi-remorque de quarante tonnes avec une déclaration de sinistre total et de mise à la casse. Une camionnette de livraison pour un service de blanchisserie, avec des plaques d'immatriculation enregistrées sous le nom d'une entreprise de revêtement de sol sans rapport aucun à Long Island. Une ambulance déclarée volée il y a trois ans.
“Une ambulance volée?” dit Luke. “On dirait une piste.”
Trudy haussa les épaules. “En général, c'est plutôt lié au traffic illégal d'organes. Le but est de récupérer les organes de patients récemment décédés, dans les minutes qui suivent le décès. Il faut qu'ils s'emparent des organes, les emballent et les sortent rapidement de l'hôpital. Et en général, personne n'accorde beaucoup d'attention à une ambulance garée en attente sur le parking d'un hôpital.”
“Mais ce soir, peut-être qu'ils n'attendaient pas des organes. On sait où ils sont?”
Elle hocha de la tête.