Une Loi de Reines . Морган Райс

Une Loi de Reines  - Морган Райс


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sentit le calme l'envahir. Le calme au milieu de la tempête. Il sentit une étrange chaleur monter en lui, pulser dans ses veines, dans les paumes de ses mains. Il se sentit grandir jusqu'à dépasser les limites imposées par son corps.

      Il eut l'impression de quitter son corps, de se regarder en train de dégringoler la falaise. Il comprit qu'il n'était plus dans son corps. Il est devenu quelque chose de plus grand.

      Thor ouvrit brusquement les yeux et leva les paumes de ses mains vers le ciel. Une lumière blanche en jaillit. Thor la sculpta pour former une bulle protectrice autour de lui-même et de ses compagnons. Cela ralentit leur chute et l'avalanche de poussière se mit à rebondir sur ce bouclier magique.

      Ils ne s'arrêtèrent pas pour autant de glisser, mais à une vitesse beaucoup moins grande, jusqu'à atterrir en pente douce sur un petit plateau en contrebas. En baissant les yeux, il vit qu'ils se trouvaient à présent dans une mare peu profonde. Ils avaient de l'eau jusqu’aux genoux.

      Thor leva de grands yeux émerveillés vers la montagne. Le mur de poussière qui avait menacé de les engloutir restait suspendu dans les airs, comme prêt à tomber, mais bloqué dans sa chute par la bulle de lumière. Thor resta bouche bée devant son exploit.

      – Quelqu'un est mort ? s'écria O'Connor.

      Thor vit que Reece, O'Connor, Conven, Matus, Elden et Indra, secoués par leur chute et endoloris, se relevaient lentement, tous en vie par miracle et sans blessures d'importance. Noirs de poussière comme s'ils sortaient d'une mine, ils s'essuyèrent la figure. Thor comprit aux expressions sur leurs visages qu'ils se réjouissaient d'en réchapper et qu'ils étaient reconnaissants envers Thor.

      Brusquement traversé par le souvenir de ce qui avait provoqué tout cela, Thor leva les yeux vers la montagne. Son fils se trouvait toujours là-haut.

      – Comment va-t-on faire pour remonter…? commença Matus.

      Avant même qu'il ne termine sa phrase, Thor sentit quelque chose s'enrouler autour de sa cheville. Il baissa les yeux, en sursautant, et vit qu'une créature épaisse, allongée et musculeuse se refermait sur son mollet. À la grande horreur de Thor, c'était une immense créature semblable à une anguille, munie de deux petites têtes qui faisaient darder leurs longues langues dans sa direction. Son contact commençait à brûler la peau de Thor.

      Les réflexes de Thor se réveillèrent. Il tira son épée et l'abattit sur son assaillante, bientôt imité par les autres, attaqués également. Thor tâcha de contrôler ses gestes afin de ne pas se blesser. Il finit par trancher une des têtes de la créature qui relâcha son étreinte en poussant un cri strident. L'anguille siffla avant de battre en retraite.

      O'Connor lutta pour dégager son arc. Il tira une flèche mais manqua son coup, tandis que Elden tentait de repousser trois anguilles à la fois.

      Thor se précipita et tua celle qui grimpait sur la jambe de O'Connor. Indra hurla à Elden de ne pas bouger.

      Elle leva son arc et tira trois projectiles avec une précision et une rapidité mortelles, en effleurant à peine la peau de Elden.

      Il lui jeta un regard choqué.

      – Tu es folle ? cria-t-il. Tu as failli m'estropier !

      Indra se contenta de sourire.

      – Mais je ne t'ai pas estropié, non ? répondit-elle.

      L'eau se mit à bouillonner autour d'eux et, à la grande horreur de Thor, plusieurs douzaines d'anguilles supplémentaires apparurent. Il comprit qu'ils devaient agir s'ils voulaient s'en sortir.

      Il était épuisé, vidé de toute énergie, et il savait qu'il ne lui en restait plus beaucoup. Il n'était pas encore assez puissant pour se servir de son pouvoir en continu. Mais il était obligé d'en user encore une fois, quel qu'en soit le prix. S'il ne le faisait pas, ils mourraient dans ce vivier et Thor ne reverrait plus jamais son fils. Peut-être que son geste l'affaiblirait, peut-être qu'il serait épuisé pendant des jours, mais cela n'avait pas d'importance. Il pensa à Guwayne, tout seul, là-haut, à la merci de ces sauvages. Il sut qu'il ferait n'importe quoi pour lui.

      Alors qu'un groupe d'anguilles ondulaient dans leur direction, Thor ferma les yeux et leva les paumes vers le ciel.

      – Au nom du seul et unique Dieu, dit Thor à voix haute. Je te commande, ciel, de t'ouvrir ! Je te commande de nous envoyer des nuages pour nous emporter !

      Thor souffla ces mots d'une voix grave et profonde, enfin prêt à assumer son statut de Druide. Il sentit ces paroles vibrer dans sa poitrine et dans les airs. Une chaleur formidable l'envahit et il sut avec certitude que son commandement serait entendu.

      Un grondement se fit entendre et Thor, en levant les yeux, vit que le ciel changeait de couleur et prenait une teinte pourpre, vit que les nuages se mettaient à tourbillonner. Un grand trou apparut, une ouverture dans les cieux. Soudain, une lumière écarlate descendit vers le groupe.

      Quelques secondes plus tard, Thor et ses compagnons se retrouvèrent happés par une tornade. Thor sentit sur sa peau la moiteur des nuages qui tourbillonnaient autour de lui. Il sentit la lumière le submerger. Il sentit que la tornade le soulevait, l’emportait dans les airs. Il eut l’impression d’être plus léger, de ne faire qu’un avec l’univers.

      Emportés par le vent, ils s’élevèrent tous ensemble en suivant la pente de la montagne. Ils dépassèrent l’avalanche de poussière et le bouclier de lumière conjuré par Thor. Le nuage les emporta jusqu’au sommet du volcan et les déposa en douceur par terre, avant de se dissiper immédiatement.

      Thor croisa les regards émerveillés de ses frères d’armes. Ils le contemplaient comme on contemple un Dieu

      Mais Thor ne pensait pas à eux. Il fit volte-face et balaya du regard le plateau. Il n’avait qu’une seule chose en tête : les trois sauvages qui se tenaient devant lui. Et le petit couffin dans leurs bras, qui menaçait de basculer dans le cratère.

      Thor poussa un cri de guerre et s’élança. Le sauvage le plus proche se retourna vers lui, en sursaut. Thor n’hésita pas un instant : il le décapita.

      Les deux autres se retournèrent d’un air horrifié. Thor poignarda le premier en plein cœur, puis envoya le pommeau de son épée dans la tête du second, qui bascula par-dessus l’arête du cratère.

      Thor lui arracha vivement le couffin des mains, avant qu’il ne tombe. Le cœur battant, reconnaissant envers les dieux d’avoir pu le sauver, prêt à soulever Guwayne dans ses bras, Thor baissa les yeux vers le couffin.

      Son monde s’écroula.

      Il était vide.

      Thor resta pétrifié, engourdi.

      Il baissa les yeux vers le cratère, vers les gerbes enflammées qui s’élevaient à gros bouillons. Il sut que son fils était mort.

      – NON ! hurla-t-il.

      Thor tomba à genoux, en hurlant. Son cri de bête blessé, le cri d’un père qui vient de perdre tout ce qu’il avait de plus cher, se répercuta sur les parois de la falaise.

      – GUWAYNE !

      CHAPITRE DEUX

      Loin au-dessus de l’île perdue au milieu de l’océan volait un dragon solitaire, un petit dragon, encore jeune, et dont les cris perçants laissaient deviner quelle bête formidable il deviendrait. Il volait d'un air triomphal, plus gros et plus grand à chaque seconde, ses ailes déployées, ses serres refermées sur ce qu'il avait de plus cher et de plus précieux.

      Il baissa les yeux vers le paquet emmailloté qu'il tenait entre ses griffes. Il entendit un vagissement, sentit le paquet bouger et fut soulagé de constater que le bébé était toujours en vie.

      Guwayne, l'avait appelé l'homme.

      Le dragon pouvait encore entendre les cris se répercuter sur la montagne alors qu'il s'envolait. Il se réjouissait d'avoir sauvé l'enfant à temps, avant que ces hommes ne puissent abattre leurs couteaux. Il avait arraché Guwayne d'entre leurs griffes. Il avait accompli la tâche


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