Souverain, Rivale, Exilée . Морган Райс

Souverain, Rivale, Exilée  - Морган Райс


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s'éloignaient du port et se dirigeaient vers le large. Autour d'eux, l'air continuait à chatoyer et la brume qui marquait leur invisibilité semblait tordre la lumière qui la traversait.

      Thanos savait qu'il l'épouserait un jour.

      “Je crois que ça suffit”, lui dit doucement Thanos. Il voyait la fatigue sur son visage. Ce pouvoir l'épuisait de façon visible.

      “Juste … un peu … plus loin.”

      Thanos lui posa une main sur l'épaule. Quelque part derrière lui, il entendit Jeva pousser un cri de surprise, comme si la femme du Peuple des Os s'était attendue à ce qu'il soit rejeté en arrière par le pouvoir. Cela dit, Thanos savait que Ceres ne lui ferait jamais une chose pareille.

      “Nous sommes à une bonne distance”, dit-il. “Personne ne nous suit.”

      Il vit Ceres regarder autour d'elle avec une surprise évidente en voyant les eaux plus profondes dans lesquelles ils ramaient maintenant. Lui avait-il fallu tant de concentration pour maintenir ce charme ? D'une façon ou d'une autre, il n'y avait plus personne derrière eux, maintenant, rien que l'océan vide de toute présence humaine.

      Ceres leva la main de l'eau en chancelant légèrement. Thanos la rattrapa et la tint debout. Après tout ce qu'elle avait subi, il était étonné qu'elle ait réussi à faire preuve d'une telle force. Alors, il voulut être présent pour elle. Pas seulement de façon provisoire : toujours.

      “Je vais bien”, dit Ceres.

      “Tu vas plus que bien”, lui assura Thanos. “Tu es étonnante.”

      Elle était plus étonnante qu'il n'aurait pu le croire. Ce n'était pas seulement que Ceres était belle, intelligente et forte. Ce n'était pas seulement qu'elle était puissante ou qu'elle semblait placer le bien des autres avant le sien avec tant de constance. C'était toutes ces choses, mais il y avait aussi quelque chose de spécial au-delà de ça.

      Elle était la femme qu'il aimait et, après ce qui s'était passé dans la ville, elle était la seule femme qu'il aimait. Thanos se mit à réfléchir à ce que cela signifiait. Ils pouvaient être ensemble, maintenant. Ils seraient ensemble.

      Alors, elle leva les yeux vers lui et tendit le bras vers le haut pour l'embrasser. Ce fut un moment de douceur et de gentillesse, plein de tendresse. Thanos se mit à souhaiter que ce moment puisse remplir le monde entier et qu'ils n'aient plus rien d'autre à affronter.

      “Tu m'as choisie”, dit Ceres en lui touchant le visage alors qu'ils s'écartaient l'un de l'autre.

      “Je te choisirai toujours”, dit Thanos. “De plus, je serai toujours là pour toi.”

      Ceres sourit en entendant ces paroles, mais Thanos vit aussi le soupçon d'incertitude qui s'attardait dans l'expression de son visage. Il ne pouvait pas lui en vouloir mais, en même temps, il aurait voulu que cette incertitude ne soit pas là. Il aurait voulu pouvoir la chasser pour que tout aille bien entre eux. A ce moment-là, il avait été sur le point de lui demander plus, mais il savait reconnaître les moments où il valait mieux ne pas insister.

      “Moi aussi, je t'ai choisi”, lui assura Ceres, mais, en même temps, elle recula. “Il faudrait que j'aille voir mon frère et mon père.”

      Elle se rendit là où Berin se tenait avec Sartes et Leyana. Ils semblaient former une famille et avaient tous l'air heureux ensemble. Une partie de Thanos aurait voulu simplement pouvoir aller les rejoindre pour faire partie de leur cercle. Il voulait faire partie de la vie de Ceres et il soupçonnait qu'elle le voulait, elle aussi, mais Thanos savait qu'il faudrait du temps pour que leur relation se remette de leurs désaccords précédents.

      A cause de cela, il ne se précipita pas vers elle mais préféra observer le reste des occupants du bateau. Pour un bateau aussi petit, ils étaient nombreux. C'était surtout les trois seigneurs de guerre que Ceres avait sauvés qui ramaient, même si, maintenant, comme le bateau était hors de vue du port, ils allaient pouvoir hisser la petite voile. Akila était allongé sur le flanc pendant qu'un détenu que Sartes avait libéré appuyait tout le temps sur la blessure.

      Jeva venait vers lui.

      “Si tu la laisses s'en aller, tu es un idiot”, dit Jeva.

      “Un idiot ?” répliqua Thanos. “C'est comme ça que tu remercies celui qui vient de te sauver la vie ?”

      Il vit la femme du Peuple des Os hausser les épaules. “Tu es aussi idiot d'avoir fait ça. Risquer sa vie pour aider quelqu'un d'autre, c'est stupide.”

      Thanos pencha la tête de côté. Il n'était pas sûr qu'il arriverait un jour à la comprendre. Cela dit, pensa-t-il en jetant un coup d’œil à Ceres, c'était une chose qu'il pouvait dire de plus d'une personne.

      “Risquer sa vie, c'est ce qu'on fait pour ses amis”, dit Thanos.

      Jeva secoua la tête. “Je n'aurais pris aucun risque pour toi. Si le moment est venu que tu rejoignes les esprits de tes ancêtres, alors, le moment est venu. C'est même un honneur.”

      Thanos ne savait pas vraiment quoi répondre à ça. Le disait-elle sérieusement ? Si oui, cela semblait un peu ingrat, vu le risque que lui et Ceres avaient pris pour la sauver.

      “Si j'avais su que c'était un tel honneur d'être la figure de proue d'un des navires de la Première Pierre, je t'y aurais laissée”, dit Thanos.

      Jeva le regarda avec un léger froncement de sourcils. Cela semblait être à son tour de déterminer s'il parlait sérieusement ou pas.

      “Tu plaisantes”, dit-elle, “mais tu aurais dû me laisser où j'étais. Comme je te l'ai dit, seul un idiot risque sa vie pour autrui.”

      C'était une philosophie trop dure pour Thanos.

      “Eh bien”, dit-il, “au moins, je suis content que tu sois en vie.”

      Jeva sembla réfléchir un instant ou deux. “Moi aussi, j'en suis contente. C'est étrange. Les morts vont être mécontents de moi. Peut-être me reste-t-il des choses à faire. Je te suivrai jusqu'à ce que je trouve de quoi il s'agit.”

      Elle le dit d'un ton égal, comme si c'était une chose déjà décidée et comme si Thanos n'avait rien à dire sur ce sujet. Il se demanda à quoi cela pouvait ressembler de traverser le monde en étant certain que c'était la mort qui dirigeait tout.

      “N'est-ce pas étrange ?” lui demanda-t-il.

      “Qu'est-ce qui est étrange ?” répondit Jeva.

      “Vivre sa vie en assumant que ce sont les morts qui prennent toutes les décisions.”

      Elle secoua la tête. “Pas toutes, mais les morts en savent plus que nous. Ils sont vraiment plus nombreux que nous. Quand ils parlent, nous devrions écouter. Regarde-toi.”

      En entendant ces derniers mots, Thanos fronça les sourcils. Il n'appartenait pas au Peuple des Os et refusait que ceux qui parlent pour les morts lui donnent des ordres.

      “Moi ?”

      “Te trouverais-tu dans les circonstances où tu te trouves maintenant si ce n'était pour les décisions qui ont été prises par tes parents et les parents de tes parents ?” demanda Jeva. “Tu es prince. Toute ta puissance te vient des morts.”

      Elle avait raison mais Thanos n'était pas sûr que ce soit la même chose.

      “C'est moi qui déciderai de la prochaine chose que je ferai pour les vivants, pas les morts”, dit-il.

      Jeva rit comme si c'était là une plaisanterie de qualité particulière, puis elle plissa légèrement les yeux. “Oh, mais tu es sérieux. Nous avons nous aussi des gens qui disent ça. Dans la plupart des cas, ce sont des fous. Cela dit, ce monde est fait pour les fous, donc, qui suis-je pour juger ? Quelle est notre prochaine destination ?”

      Sur ce point-là, Thanos n'avait pas de réponse à lui donner.

      “Je


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