La Cible Zéro. Джек Марс

La Cible Zéro - Джек Марс


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       CHAPITRE TRENTE

       CHAPITRE TRENTE-ET-UN

       CHAPITRE TRENTE-UN

       CHAPITRE TRENTE-TROIS

       CHAPITRE TRENTE-QUATRE

       CHAPITRE TRENTE-CINQ

       CHAPITRE TRENTE-SIX

       CHAPITRE TRENTE-SEPT

       CHAPITRE TRENTE-HUIT

       CHAPITRE TRENTE-NEUF

      PROLOGUE

      “Dites-moi, Renault,” prononça le plus âgé des deux. Ses yeux étincelaient alors qu’il observait la bulle de café sur le couvercle du percolateur posé entre eux. “Pourquoi êtes-vous venu ici ?”

      Le Dr. Cicero était un homme gentil, jovial, qui aimait à se décrire lui-même comme un “jeune de cinquante-huit ans.” Sa barbe était devenue grise à l’approche de la quarantaine, puis blanche à l’approche de la cinquantaine et, bien qu’elle soit habituellement impeccablement rasée, elle était devenue frisottante et indisciplinée depuis qu’il était dans la toundra. Il portait une parka orange vif, mais cela n’atténuait pas l’éclat juvénile de ses yeux bleus.

      Le jeune français fut légèrement surpris par la question, mais il débita immédiatement sa réponse, l’ayant répétée plusieurs fois dans sa tête. “L’OMS a contacté l’université pour trouver des assistants de recherche. Et ils ont proposé ma candidature,” expliqua-t-il an anglais. Cicero était originaire de Grèce et Renault venait du Sud-Est de la France, donc ils discutaient dans une langue connue d’eux deux. “Pour être honnête, on a proposé à deux autres personnes avant moi. Mais ils ont décliné tous les deux. Pour ma part, j’ai pensé que c’était une belle occasion de…”

      “Bah !” s’exclama le docteur. “Je ne vous demande pas votre cursus universitaire, Renault. J’ai lu votre transcription, ainsi que votre thèse sur la mutation à craindre de la grippe B. C’était plutôt bien écrit. Je dirais même que je n’aurais certainement pas fait mieux.”

      “Merci, Monsieur.”

      Cicero eut un petit rire. “Gardez vos ‘Monsieur’ pour les salles de réunion et la collecte de fonds. Ici, nous sommes d’égal à égal. Appelez-moi Cicero. Quel âge avez-vous, Renault ?”

      “Vingt-six ans, Monsieur… euh, Cicero.”

      “Vingt-six ans,” répéta pensivement le docteur. Il réchauffa ses mains à la chaleur du réchaud de camping. “Et vous avez presque fini votre doctorat ? C’est très impressionnant. Mais ce que je veux savoir, c’est pourquoi êtes-vous ici ? Comme je vous l’ai dit, j’ai reçu votre dossier. Vous êtes jeune, intelligent, apparemment beau garçon…” Cicero rigola. “J’imagine que vous auriez pu faire un internat n’importe où dans le monde. Pourtant, depuis quatre jours que vous êtes avec nous, je ne vous ai pas entendu une seule fois parler de vous. Pourquoi ici plutôt que n’importe où ailleurs ?”

      Cicero agita la main comme pour marquer son argument, mais c’était tout à fait inutile. La toundra sibérienne s’étendait à perte de vue dans toutes les directions, grise et blanche, totalement vide, sauf au nord-est où de basses montagnes s’allongeaient avec indolence, surmontées de blanc.

      Les joues de Renault virèrent légèrement au rose. “Eh bien, pour être tout à fait honnête avec vous, Docteur, je suis venu ici pour étudier à vos côtés,” admit-il. “Je suis l’un de vos admirateurs. Vos travaux pour empêcher l’épidémie du virus Zika m’ont vraiment inspiré.”

      “Bien !” dit chaleureusement Cicero. “Vous obtiendrez toujours tout avec la flatterie… à commencer par ce café corsé belge.” Il enfila une épaisse manique sur sa main droite, souleva le percolateur du réchaud de camping à gaz, et versa le café fumant dans deux mugs en plastique. C’était l’un des rares luxes qu’ils avaient à leur disposition au milieu de la nature sauvage sibérienne.

      La maison du Dr. Cicero, ces vingt-sept derniers jours de sa vie, se résumait au petit campement établi à environ cent cinquante mètres de la rivière Kolyma. Cette colonie était composée de quatre tentes à dôme en néoprène, d’un auvent en toile, fermé d’un côté pour se protéger du vent, et d’une salle blanche semi-permanente en Kevlar. Pour l’heure, les deux hommes se tenaient debout sous l’auvent de toile, se préparant du café sur un réchaud à gaz composé de deux brûleurs, au beau milieu de tables de camping jonchées de microscopes, d’échantillons de permafrost, d’équipements archéologiques, de deux ordinateurs résistant à tous les temps et d’une centrifugeuse.

      “Buvez,” dit Cicero. “Il est presque l’heure de prendre notre quart.” Il avala une gorgée de café en fermant les yeux et un léger soupir de contentement s’échappa de ses lèvres. “Ça me rappelle chez moi,” dit-il doucement. “Avez-vous quelqu’un qui vous attend, Renault ?”

      “Oui,” répondit le jeune homme. “Ma Claudette.”

      “Claudette,” répéta Cicero. “Quel joli prénom. Vous êtes mariés ?”

      “Non,” se contenta de répondre Renault.

      “Il est important d’avoir quelque chose à espérer dans notre profession,” déclara Cicero avec mélancolie. “Cela vous donne une perspective au beau milieu du détachement souvent nécessaire à notre métier. Cela fait trente-trois ans que je pense à Phoebe, ma femme. Mon travail m’a conduit partout sur la terre, mais elle est toujours là pour moi quand je rentre. Quand je repars, je me languis d’elle, mais ça vaut la peine : à chaque fois que je rentre à la maison, c’est comme tomber amoureux de nouveau. Comme on dit, l’absence rend le cœur plus tendre.”

      Renault sourit. “Je n’aurais pas cru qu’un virologue puisse être aussi romantique,” plaisanta-t-il.

      “Les deux ne sont pas forcément incompatibles, mon garçon.” Le docteur fronça légèrement les sourcils. “Et d’ailleurs… je suis à peu près sûr que Claudette hante votre esprit la plupart du temps. Vous êtes un jeune homme pensif, Renault. Plus d’une fois, je vous ai vu observer le sommet des montagnes, comme si vous cherchiez des réponses.”

      “Je pense que vous avez raté votre vraie vocation, Docteur,” dit Renault. “Vous auriez dû être sociologue.” Le sourire se dissipa de ses lèvres alors qu’il ajoutait, “Mais vous avez raison. J’ai accepté cette mission non seulement pour pouvoir travailler à vos côtés, mais aussi parce que je me suis lancé dans une cause… une cause basée sur une conviction. Toutefois, j’ai peur de découvrir où cette conviction va me mener.”

      Cicero hocha la tête en guise d’assentiment. “Comme je l’ai dit, le détachement est souvent nécessaire à notre métier. Il faut apprendre à être impassible.” Il posa une main sur l’épaule du jeune homme. “Croyez-en l’expérience d’un homme qui a des années de métier derrière lui. La conviction est une puissante motivation, c’est sûr, mais les émotions ont parfois tendance à altérer notre jugement, à embrouiller nos esprits.”

      “Je tâcherai de faire attention. Merci, Monsieur.” Renault sourit timidement. “Cicero. Merci.”

      Soudain,


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