Le Fichier Zéro. Джек Марс

Le Fichier Zéro - Джек Марс


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soutenait totalement en s’occupant de leurs deux filles. Il lui cachait ses blessures et, quand c’était impossible, il se trouvait des excuses bidon. Il était maladroit. Il était tombé. Au moins une fois, il avait été agressé. L’agence l’avait aidé à couvrir ses mensonges et, plus d’une fois, était allée jusqu’à créer de faux rapports de police pour confirmer ses dires.

      Elle n’était pas au courant.

      Mais Maria, si. Maria avait su tout le temps qu’ils avaient été ensemble pendant que Kate était encore en vie, et elle n’avait rien dit. Tant que la mémoire de Zéro était altérée, elle pouvait bien lui dire tout ce qu’il voulait entendre et lui cacher tout ce qu’il ne savait pas.

      Il réalisa soudain à quel point il serrait le volant, alors que les articulations de ses doigts devenaient blanches et que ses oreilles bourdonnaient de colère. On verra ça plus tard. Il y a des choses plus importantes à faire pour le moment, se dit-il en se dirigeant vers la banque pour récupérer les preuves dont il pouvait juste espérer qu’elles seraient suffisantes afin de mettre un terme à tout ça.

      CHAPITRE QUATRE

      Il y avait peu de trafic en ce début d’après-midi, et Zéro arriva rapidement à la banque d’Arlington. Il grilla deux stops et appuya même sur l’accélérateur au feu orange, se rappelant chaque fois qu’éviter d’attirer les soupçons serait une bonne idée et que toute infraction serait sans aucun doute repérée par le système de la CIA, alertant les conspirateurs de l’agence sur son emplacement.

      Mais il n’avait pas vraiment la tête aux règles de circulation. Il avait pris les mesures de précaution pour garder ses filles en sécurité, du moins pour l’instant, et il allait maintenant récupérer ses documents dans le coffre-fort. C’était la partie facile de son plan. Mais, ensuite, ça allait se compliquer. À qui je donne ça ? À la presse ? Non, se dit-il. Ce serait trop galère. Même s’il parvenait à salir la réputation de certains grands noms, le procès pour démettre de ses fonctions la moindre des personnes impliquées serait long et laborieux.

      Les Nations Unies ? L’OTAN ? Une fois de plus, les organes politiques et judiciaires altèreraient la réalité des choses. Il lui fallait quelque chose de rapide, porter ce qu’il savait à la connaissance de quelqu’un qui aurait le pouvoir d’agir de façon immédiate et irréversible.

      Il connaissait déjà la réponse : Pierson. Si le président était vraiment en dehors du complot, Zéro pouvait faire appel à lui. Il fallait qu’il puisse se retrouver seul avec le président pour lui montrer tout ce qu’il avait et lui dire ce qu’il savait. Le président pouvait arrêter tout ça et démettre de leurs fonctions les responsables. Pierson semblait tenir Zéro en haute estime. Il lui faisait confiance et le traitait avec amitié. Bien que ses manières aient amené Zéro à douter de Pierson et à le prendre en aversion par le passé, il était à présent armé de ses véritables souvenirs et il voyait le président tel qu’il était : un pion dans cette partie. Ceux qui tiraient les fils du pouvoir voulaient quatre années de plus pour pouvoir manipuler les choses à leur guise, d’une manière qui impliquait la longévité, peu importe qui se trouvait à la Maison Blanche.

      Il se gara parallèlement au trottoir à deux-cents mètres de la banque, difficilement avec une seule main valide. Avant de sortir de la voiture, il se pencha, ouvrit la boîte à gants et fouilla dedans jusqu’à ce qu’il trouve le petit couteau noir à cran d’arrêt qu’il avait fourré dedans.

      Puis, il se hâta de descendre la rue jusqu’à la banque.

      Zéro essaya de paraître patient en attendant que les trois clients devant lui finissent leurs affaires, puis il présenta sa carte d’identité à la guichetière, une femme d’âge moyen au sourire aimable et au rouge à lèvres criard.

      “Je vais chercher le gestionnaire de la salle des coffres,” lui dit-elle poliment.

      Deux minutes plus tard, un homme en costume le conduisit derrière une porte voûtée où se trouvaient les coffres-forts. Il tourna la clé de la petite porte rectangulaire du coffre 726, en sortit la boîte qui se trouvait dedans et la posa sur la table en acier vide, fixée au sol en plein centre de la pièce.

      “Prenez votre temps, Monsieur.” Le gestionnaire lui fit un signe de tête et lui laissa un peu d’intimité.

      Dès que le type fut parti, Zéro souleva le couvercle de la boîte.

      “Non,” murmura-t-il. Il fit un pas en arrière et regarda instinctivement par-dessus son épaule, comme si quelqu’un pouvait se trouver là.

      La boîte était vide.

      “Non, non.” Il tapa du poing sur la table dans un bruit sourd. “Non !” Tous ses documents avaient disparu, tout ce qu’il avait amassé sur ceux qu’il savait être impliqués dans le complot. La moindre preuve illégalement obtenue pouvant potentiellement pousser des chefs d’état à la démission s’était volatilisée. Photos, transcriptions, e-mails… tout ça s’était évanoui.

      Zéro prit sa tête à deux mains et se mit rapidement à faire les cent pas dans la pièce. Il pensa d’abord que le plus vraisemblable était que quelqu’un d’autre, au courant pour les documents, les avait pris. Qui d’autre était au courant pour ce coffre ? Personne. Il en était sûr. Est-ce bien sûr que tu n’as pas donné l’information à quelqu’un et que tu l’as oublié ? Non. Il n’aurait pas fait ça. Il eut presque envie de rire tellement c’était insensé de penser qu’il avait peut-être oublié quelque chose dont il ne connaissait même pas l’existence quelques heures auparavant.

      C’est alors que Zéro se souvint d’autre chose, non pas d’un souvenir verrouillé, mais d’un qu’il avait vécu seulement quelques jours plus tôt dans le cabinet du neurochirurgien suisse.

      Je dois vous prévenir d’une chose, lui avait dit le Dr. Guyer avant d’effectuer la procédure visant à ramener les souvenirs de Zéro. Si ça marche, certaines des choses dont vous allez vous souvenir pourraient être de l’ordre du subconscient : des rêves, des souhaits, des suspicions de votre vie passée. Tous ces aspects non relatifs à la mémoire ont été supprimés avec vos véritables souvenirs.

      Zéro avait froncé les sourcils en entendant ça. Donc vous êtes en train de me dire que si je me souviens des choses, certaines d’entre elles pourraient ne pas vraiment être réelles ?

      La réponse du docteur avait été simple, mais peu rassurante. Elles seront réelles pour vous.

      Si c’était vrai, raisonna-t-il, ne serait-ce pas possible qu’il ait lui-même déplacé les documents ? Pouvait-il avoir imaginé qu’ils étaient ici, dans le coffre-fort, alors qu’ils étaient ailleurs en vérité ?

      Je perds la tête.

      Concentre-toi, Zéro.

      Il sortit son couteau de sa poche, le déplia et passa soigneusement la pointe tranchante dans la fente du fond de la boîte. Il la bougea doucement d’avant en arrière en faisant bien attention de ne pas laisser de trace sur la boîte, jusqu’à ce que le panneau du fond se détache.

      Il poussa un léger soupir de soulagement. La personne qui avait pris ses documents ne connaissait pas l’existence du double-fond qu’il avait installé dans la boîte, à moins d’un pouce au-dessus du véritable fond. Niché en-dessous, se trouvait un seul objet : une clé USB.

      Au moins, ils n’ont pas trouvé les enregistrements. Mais est-ce que ce sera suffisant ? Il n’en était pas sûr, mais c’était tout ce qu’il possédait. Il la récupéra, la mit en poche avec son couteau, puis replaça soigneusement le double fond. Ensuite, il remit la boîte en place et referma la porte.

      Quand il eut terminé, Zéro retourna vers la conseillère trop maquillée.

      “Excusez-moi,” dit-il, “pouvez-vous me dire si quelqu’un d’autre a eu accès à mon coffre-fort


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