La Traque Zéro. Джек Марс
Jusqu’ici, il n’avait envoyé que des photos d’où il avait été avant, pas de là où il se trouvait actuellement. S’il y avait la moindre chance que l’Agent Zéro le rattrape, l’assassin voudrait que ce soit selon ses propres conditions. Pendant tout le trajet dans le quadricoptère, Reid avait été nerveusement optimiste à propos de la piste du motel, impatient de savoir s’ils avaient pris Rais à son propre jeu.
Mais s’il y avait une photo… il y avait de grandes chances pour qu’ils soient déjà partis.
Non. Tu ne peux pas penser ainsi. Il veut que tu le trouves. Il a choisi un motel au milieu de nulle part justement pour cette raison. Il te nargue. Elles sont ici. C’est sûr et certain.
“Elles allaient bien ? Est-ce qu’elles avaient l’air… sont-elles blessées… ?”
“Elles avaient l’air d’aller,” lui dit Watson. “Bouleversées. Apeurées. Mais pas blessées.”
Le message changea à l’écran, clignotant en rouge : Déploiement. Déploiement.
Peu importe la photo ou ses pensées, il était arrivé. Il fallait qu’il voie ça par lui-même. “Je dois y aller.”
“Fais vite,” répondit Watson. “L’un de mes gars fait fuiter une fausse piste pour le motel correspondant à la description de Rais et de tes filles.”
“Merci, John.” Reid retira le casque, s’assura de bien avoir la barre de rappel en main, et sauta hors du quadricoptère.
La descente contrôlée de quinze mètres jusqu’au sol fut plus rapide qu’il ne l’avait anticipé et ça lui coupa le souffle. Le frisson familier, la pointe d’adrénaline lui parcourut les veines alors que le vent hurlait dans ses oreilles. Il plia légèrement les genoux à l’approche du sol et toucha l’asphalte au sol en s’accroupissant.
Dès qu’il eut lâché la barre de rappel, la corde remonta jusqu’au quadricoptère et le drone repartit en bourdonnant dans la nuit, retournant d’où il était venu.
Reid jeta un rapide coup d’œil autour de lui. Il se trouvait sur le parking d’un entrepôt, de l’autre côté de la rue, face au motel miteux éclairé de l’extérieur par quelques ampoules jaunes seulement. Une pancarte face à la rue, peinte à la main, lui indiqua qu’il était au bon endroit.
Il regarda à droite et à gauche en courant dans la rue vide. C’était calme ici, étrangement calme. Il y avait trois voitures sur le parking, chacune à distance des autres le long de la rangée de chambres qui lui faisait face… et l’une d’entre elles était clairement le SUV blanc qui avait été volé sur le parking du concessionnaire de voitures d’occasion dans le Maryland.
Il était garé juste devant une chambre portant un chiffre 9 en laiton cloué sur la porte.
Il n’y avait pas de lumière à l’intérieur. On aurait dit que personne n’occupait cette chambre actuellement. Quand bien même, il posa son sac juste devant la porte et écouta attentivement pendant environ trois secondes.
Il n’entendait rien, donc il sortit le Glock de son étui à l’épaule et mit un coup de pied dans la porte.
Le montant se brisa facilement, la porte s’ouvrit et Reid entra, arme pointée dans l’obscurité. Mais rien ne bougeait dans l’ombre. Il n’y avait toujours aucun bruit, personne pour crier de surprise ou bondir sur son arme.
Sa main gauche glissa sur le mur à la recherche de l’interrupteur, puis il alluma la lumière. La chambre 9 avait une moquette orange et un papier peint jaune qui se décollait dans les coins. La pièce avait récemment été nettoyée, si tant est que le mot “nettoyé” puisse s’appliquer au Starlight Motel. Le lit avait été fait à la hâte et ça empestait l’aérosol de désinfectant bon marché.
Mais la chambre était vide. Son cœur se serra. Il n’y avait personne ici. Ni Sara, ni Maya, ni l’assassin qui les avaient emmenées.
Reid s’avança prudemment en regardant partout dans la pièce. Près de la porte, se trouvait un fauteuil vert. Le tissu de l’assise et du dossier du fauteuil était légèrement décoloré par l’empreinte de quelqu’un qui s’était récemment assis là. Il s’agenouilla à côté, dessinant la forme de la personne du bout de ses doigts gantés.
Quelqu’un est resté assis ici pendant des heures. Environ un mètre quatre-vingts et quatre-vingts kilos.
C’était lui. Il s’était assis ici, près du seul point d’entrée, près de la fenêtre.
Reid remit son arme dans son étui et défit soigneusement le lit. Les draps étaient tachés : ils n’avaient pas été changés. Il les inspecta attentivement, soulevant chaque oreiller tour à tour, faisant bien attention de ne rater aucune preuve potentielle.
Il trouva deux longs cheveux blonds sans les racines. Ils étaient tombés naturellement. Il trouva un seul cheveu brun, également sans racine. Elles étaient ici, ensemble, sur ce lit, pendant qu’il était assis à les surveiller. Mais pourquoi ? Pourquoi Rais les avait-il amenées ici ? Pourquoi s’étaient-ils arrêtés ? Était-ce un autre piège au jeu du chat et de la souris de l’assassin ou attendait-il quelque chose ?
Peut-être qu’il m’attendait. J’ai mis trop longtemps à suivre les indices. Et maintenant, ils sont repartis.
Si le type de Watson avait appelé pour faire une fausse déclaration, la police serait au motel dans quelques minutes et Strickland était certainement déjà à bord d’un hélicoptère. Mais Reid refusait de partir sans piste à poursuivre, sinon il aurait fait tout ça pour rien et se retrouverait dans une impasse.
Il se rua vers la réception du motel.
La moquette était verte et rugueuse sous ses boots, faisant penser à du faux gazon. L’endroit empestait la fumée de cigarette. Derrière le comptoir se trouvait une porte sombre et, au-delà, Reid pouvait entendre quelque chose à bas volume, comme une radio ou une télévision.
Il fit tinter la clochette de service sur le comptoir et une sonnerie dissonante retentit dans la réception vide.
“Hum.” Il perçut un léger grognement dans l’arrière-salle, mais personne ne vint.
Reid fit rapidement tinter successivement la clochette trois fois de plus.
“OK, mec ! Bon sang.” Une voix masculine. “J’arrive.” Un jeune homme arriva depuis la pièce arrière. Il devait avoir entre vingt-cinq et trente ans. C’était difficile à dire pour Reid à cause de sa peau affreuse et de ses yeux striés de rouge qu’il frotta comme s’il venait de se réveiller de sa sieste. Il portait un petit anneau argenté dans sa narine gauche et ses sales cheveux blonds étaient agglutinés en dreadlocks parsemés.
Il fixa Reid des yeux un long moment, comme s’il était ennuyé par le concept même de quelqu’un qui passe la porte du bureau de la réception. “Ouais ? Quoi ?”
“Je cherche des informations,” répondit Reid froidement. “Un homme est récemment venu ici, caucasien, la petite trentaine avec deux adolescentes. Une brune et une blonde, plus jeune. Il est arrivé ici dans un SUV blanc. Ils ont séjourné dans la chambre neuf…”
“T’es flic ?” l’interrompit le réceptionniste.
Reid sentait l’énervement le gagner rapidement. “Non, je ne suis pas flic.” Il faillit ajouter qu’il était le père des deux filles, mais il se retint. Il ne voulait pas que ce réceptionniste soit en mesure de l’identifier par plus de donnée que ce n’était déjà le cas.
“Écoute, mon frère, je ne sais rien sur ces adolescentes,” insista le réceptionniste. “Ce que les gens font ici ne me regarde pas…”
“Je veux juste savoir quand il était ici. Si tu as vu les deux filles. Je veux le nom que le type t’a donné. Je veux savoir s’il a payé en espèces ou avec une carte. Si