N'Allez Jamais Chez Le Dentiste Le Lundi. Ana Escudero

N'Allez Jamais Chez Le Dentiste Le Lundi - Ana Escudero


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deviendrait nerveux, et qu’il serait ainsi au contrôle de la conversation. Mais il fut surpris : Peter ne l’avait encore jamais appelé, il était même étonné qu’il ait son numéro.

      — Salut, qu’est-ce qu’il se passe ? lui demanda-t-il.

      — Où es-tu encore ? cela fait plus de deux heures que tu es parti! exagéra-t-il.

      — Il y a eu quelques imprévus, mais je serai bientôt de retour. Je te manque, c’est ça petit frère ?

      — J’ai montré la photo d’Alexis à tous les passants et j’ai demandé à Sultan d’aboyer si jamais ils mentaient.

      — Très intelligent, petit frère. Je suis surpris, commenta-t-il alors qu’il continuait à observer l’immeuble dans lequel se cachait Vivian.

      — Personne ne l’a vu et Sultan n’a pas aboyé, mais je ne vois pas comment c’est possible. Pour moi, il est sénile, dit-il et aussitôt Sultan aboya, offensé.

      — Tu as demandé si quelqu’un avait vu une voiture s’éloigner rapidement ? Ou si quelqu’un avait vu quelque chose d’étrange, d’inhabituel ?

      — Non. Attends un moment, je vais aller demander.

      Peter arrêta alors une dame pour lui poser des questions, puis une autre, et une autre, tandis que le Créditeur était encore en ligne.

      Pendant ce temps, dans le bureau de Vivian, sa secrétaire interrompit les pensées de sa chef. Vivian la regarda froidement, mais l’efficace secrétaire la connaissait suffisamment pour ne pas se laisser déstabiliser par un regard pareil.

      — Excusez-moi de vous déranger, mais vous avez une visite. Il n’était pas dans votre agenda, mais il m’a dit que c’était important que vous le voyiez.

      Vivian, toujours maîtresse d’elle-même, et ce même dans les moments où elle était le plus irritée, dit à sa secrétaire qu’elle recevrait le visiteur, qui que se soit. Et pour tout avouer, sa curiosité était piquée…

      Au bout d’une minute, un homme à l’aspect humble et plutôt nerveux entra.

      Épisode 6 — Réunion à trois

      Peter s’appuya avec indolence sur un banc tandis qu’il essuyait avec le bord de sa manche la légère sueur qui coulait sur son visage. Il soupira de fatigue : il ne savait plus quoi faire pour retrouver son fils. Il se sentait épuisé autant physiquement que psychologiquement : il faisait plus d’effort qu’à l’accoutumée. Son fils ne pouvait pas s’être perdu puisqu’il savait parfaitement où il habitait.

      — Que pouvons-nous faire maintenant, Sultan ? Je ne sais pas quoi penser de tout ça.

      Une voiture s’arrêta alors devant lui et le conducteur lui fit signe de s’approcher. Peter obéit tandis que Sultan grognait en soufflant et hérissait ses poils. Il fut surpris de reconnaître le dentiste sans sa blouse blanche et sans son odeur d’antiseptique.

      — Montez dans la voiture, lui dit— il, on doit parler.

      — Tais-toi, Sultan, ordonna Peter au chien qui grognait, tout en entrant dans la voiture. C’est le docteur Bistouri.

      Sultan lui obéit, non pas parce que Peter lui avait demandé, « depuis quand devait-il obéir à ce casse-pieds ? », mais parce qu’il était très curieux de savoir ce que le dentiste avait à dire.

      — Je suis désolée que vous soyez en plein dans ce bourbier, vous et votre fils, commença-t-il. J’ai ceci, je crois que c’est de votre fils, ajouta-t-il en lui montrant des dessins de personnages Disney.

      — Franchement, ça ne me dit rien. Vous êtes sûr que c’est mon fils qui les a fait ?

      — Pourquoi croyez-vous que votre chien grogne ? Prenez-les et faites-les lui sentir.

      Peter s’exécuta et Sultan jappa joyeusement deux fois avant de montrer les dents, menaçant.

      — Ce n’est pas moi qui détiens votre fils, mais je peux vous aider à le retrouver.

      Soudain, et avant que personne ne puisse réagir, le dentiste démarra en trombe la voiture, laissant Sultan sur le trottoir et un Peter surpris par la réaction de son dentiste.

      — Pourquoi avez-vous fait ça ? Sultan, Sultan, cours! cria Peter, mais Sultan ne lui prêta pas attention, préférant attendre le Créditeur.

      — Vous ne savez pas tout ce qu’il s’est passé. Je n’ai pas pu l’éviter, même si j’avais voulu… commenta le dentiste. Ce n’est pas une excuse. Mais c que vous devez savoir c’est que moi et Xenia, Xenia et moi, avons une mission à réaliser et que cela faisait des mois que nous attendions le signal.

      Peter le regarda, bouche bée : il n’était pas capable de penser à une question intelligente, il n’était même pas indigné, ni même ne semblait en colère de la disparition d’Alexis.

      Le docteur Bistouri ne dit rien de plus pendant un moment tandis qu’il continuait à conduire vers là où les attendait l’infirmière.

      — Si vous voulez, je peux vous aider à retrouver votre fils. D’accord ?

      — Je veux bien, répondit Peter malgré sa voix intérieure qui lui susurrait faiblement que ce n’était peut-être pas la meilleure réponse à faire.

      — La première chose que vous devez savoir c’est que tout doit rester entre vous et moi. Vous ne pouvez le raconter à personne, ni à la police, ni à votre femme, ni à personne que vous connaissez.

      Peter ne crut pas nécessaire de répondre, puisqu’il ne s’approcherait jamais d’un commissariat et qu’il était incapable de dire ce qui lui faisait le plus peur entre tout raconter à sa femme ou au Créditeur, dont il incluait le dernier dans les personnes qu’il connaissait et à qui il ne devait donc rien dire. Mais est-ce que cela incluait Sultan ?

      — D’abord, nous allons retrouver Xenia, et à nous trois, nous réfléchirons sur ce que nous pouvons faire, dit le docteur Bistouri sans penser avec qui il était en train de parler.

      Peter remua sur son siège, inquiet, tandis que de sa bouche sortait un murmure inintelligible.

      Au bout de quelques minutes, le docteur Bistouri arrêta la voiture près de Xenia. Le docteur courut pour l’embrasser.

      — Ce n’est pas le moment, murmura-t-elle. Nous avons des choses importantes à faire.

      Le docteur la lâcha avec regret et fit signe à Peter de s’approcher, ce que fit immédiatement Peter tout en se passant la main dans les cheveux, tentant de dompter quelques mèches rebelles. En voyant la jeune infirmière, il se souvint du trou qu’il avait encore dans la bouche.

      — Ma bouche! cria-t-il, tout en la montrant.

      — C’est vrai, je suis désolée. Comme vous le comprendrez, je ne peux pas finir le travail ici, mais je peux vous donner un calmant bien fort qui vous apaisera durant quelques heures.

      Peter la regarda, soupçonneux. Pouvait-il vraiment faire confiance à une dentiste qui laissait un travail à moitié terminé pour je-ne-sais quelle raison ?

      — Alors ? Ça sera rapide.

      Peter hocha la tête et regarda l’infirmière préparer l’injection. Le docteur s’approcha alors de lui, mais à cet instant, l’imagination fructueuse de Peter s’accéléra : ce qui était une simple injection se convertit en une gigantesque injection, provocant une émotion viscérale en Peter, qui fit marche arrière et, après avoir émis un glapissement, se retourna et se mit à courir en criant :

      — Ils veulent m’assassiner!!

      Le docteur et l’infirmière le regardèrent s’éloigner.

      — On devrait le suivre. Il pourrait tout révéler, commenta le docteur.

      Ils se regardèrent, elle,


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