AntiAmerica. T. K. Falco

AntiAmerica - T. K. Falco


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Comment diable suis-je censée le savoir ? Je m'en fiche si vous me croyez ou non. Quelqu'un d'autre que Javier a envoyé ce texto. Et a infecté mon téléphone avec des logiciels malveillants.

      — Ou tu répands plus de mensonges. Qu'est-ce qui te rend si sûre que ton téléphone soit infecté ?

      — Quiconque est assez bon pour voler cette photo peut l'infecter avec un virus sans problème.

      — Je parie que ton petit ami est assez bon.

      Elle roula des yeux.

      — Vous devriez pourchasser Paul. Pas Javier.

      — Mon enquête, c'est mon problème, pas le tien. Les deux ont travaillé ensemble. Nous enquêtons sur les deux.

      — Vous allez m'écouter, oui ? Paul est en train de piéger Javier.

      — Je ne suis pas l'agent Palmer. Je ne suis pas intéressé par les excuses que tu as inventées. Tu mens depuis le moment où tu as ouvert la bouche. Ton petit ami est la seule raison pour laquelle tu n’es pas en prison. Fais ton travail et trouve-le.

      — Et le téléphone ?

      L'agent McBride tendit la main droite.

      — Donne-le-moi. Nous allons y jeter un œil.

      Alanna lui tendit le téléphone depuis le siège passager.

      — Que suis-je censée faire sans téléphone ?

      L'agent de l’UFCC secoua la tête.

      — Je le jure, vous autres, gosses, la technologie a fait de vous des incapables. Montes à ton appartement. Attends que nous te contactions. Jusqu'à ce que ton téléphone soit remplacé, nous ne pouvons pas te pister si ton malade de petit ami essaye quoi que ce soit.

      Alanna perdait patience avec cette tête d'épingle.

      — On dirait que vous avez déjà décidé qu'il était coupable.

      — Ai-je demandé votre avis ? Pensez à vous-même.

      Elle pinça les lèvres avant de parler.

      — En avons nous terminé ?

      — Non. La prochaine fois que tu veux faire quelque chose de radical, comme éteindre ton GPS, tu me demandes d'abord la permission. C'est compris ? Je ne serai pas aussi polie la prochaine fois que je devrai te traquer.

      Alanna répondit en appuyant sur le bouton pour ouvrir la vitre. Sans prendre la peine de voir la réaction de l'agent McBride, elle changea de vitesse puis se dirigea vers le parking. Après avoir garé dans le premier espace libre, elle hurla de toute la force de ses poumons. Elle en avait assez des gens qui passaient leur temps à tenter de l'intimider. Le pire, c'est qu'elle ne pouvait pas riposter.

      — Promets-moi quoi qu'il arrive, tu ne finiras pas impuissant comme moi - une victime.

      Elle cogna l'arrière de son crâne contre l'appui-tête. Les paroles de son père évoquèrent des souvenirs d'affrontements entre sa mère et lui. À son meilleur jour, Alanna n'était pas la moitié de la manipulatrice qu'elle était. Sa mère la soumettait à toutes sortes d'abus émotionnels à moins qu'elle ne s'aligne sur son programme d'ascension sociale. Les violences verbales que son père endurait étaient bien pires.

      Le souvenir gravé dans son cerveau était le moment où sa mère avait tenté de la dresser contre lui. Après s'être disputée au sujet du manque d'argent pour déménager dans un quartier plus agréable, elle s'était adressée à Alanna quand il était parti en trombe.

      — Ton père est fou. Le savais-tu ? Un psychiatre lui a diagnostiqué un trouble de la personnalité limite. Tu le vois, n’est-ce pas ? Qu’il ya quelque chose qui ne va pas chez lui ?

      Quand elle demeura là, silencieuse, sa mère roula les yeux.

      — Pourquoi je te le demande ? Tu es exactement comme lui. Je parie que tu es folle toi aussi.

      Alanna ne perdait pas une seconde à regretter son enfance passée à grandir sous le même toit que cette tempête parfaite de cynisme égoïste à la langue acérée sans filtre. Elle ouvrit les yeux puis retira la clé USB et les papiers de Jessica de la boîte à gants. En sortant de la Corolla avec son sac à main et son sac de sport, elle a elle fit très attention à tous ceux qui ressemblaient de près ou de loin à des fédéraux à l’intérieur du parking.

      Son cœur battait très fort à chaque pas du chemin jusqu’à l’ascenseur. Tout au long de sa course, elle a tambouriné ses doigts contre sa cuisse gauche. C'était un peu mauvais pour ses nerfs, être en train de trimbaler avec elle une preuve d’usurpation d'identité alors qu’elle était sous surveillance fédérale. Elle ne pouvait s’empêcher de penser que l’agent McBride ou un de ses potes de l’UFCC se cachait dans l’ombre, prêt à bondir.

      Une fois à l’intérieur de son appartement, elle tira brutalement l’ordinateur portable de son sac, puis voltigea le reste du contenu du sac sur la table basse en chêne à côté de son canapé. Une carte en plastique glissa de la pile sur le tapis sombre. La tache de sang le long de la tranche de la carte provoqua des frissons chez Alanna. Son premier permis de conduire. Elle le fourra sous le reste de la pile. Pas le temps de ressasser des souvenirs douloureux.

      Même sans ses rappels inattendus et soudains, le virus de la nostalgie piquait un max depuis sa rupture avec Javier. Depuis quelques semaines, elle pensait plus à sa famille qu'elle ne l'avait fait pendant tout le temps qu'elle avait passé dans le sud de la Floride. Contrairement à son père, elle rejetait généralement toute envie de déterrer le passé, surtout les moments les plus terribles. Ses squelettes ne restaient pas là, pendus dans un placard. Ils demeuraient enterrés profondément en terre sacrée, pour ne plus jamais être piétinés.

      Elle était assise au bout du canapé avec l’ordinateur portable de secours allumé sur la table basse. Elle n’avait rien fait avec, à part télécharger quelques fichiers et applications il six mois auparavant. Cet ordi et le téléphone jetable devraient, en principe, être encore sécurisés. Il fallait que ça dure. Ses données devaient demeurer cryptées. Les fichiers non essentiels seraient stockés ailleurs. La navigation et la messagerie seraient limitées aux sources en lesquelles elle avait confiance.

      Elle copia le contenu de sa clé USB sur son ordinateur portable. Les dossiers de Jessica. Des comptes bancaires et des comptes de cartes de crédit. Puis elle s’assura que toutes ses données étaient sauvegardées en déplaçant toutes les données qu’elle avait déjà sur son ordinateur portable vers la clé. C'était mieux d’avoir ces données à portée de main pour le cas où son accord avec les fédéraux prendrait l'eau. Puis elle montrerait à l’agent McBride à quel point la technologie l’avait rendue incapable en disparaissant juste sous son nez.

      Mais une évasion d’urgence ne serait pas nécessaire aussi longtemps qu’elle pourrait joindre Javier. Elle allait le convaincre de combler les trous concernant toutes ses questions sans réponse. Et avec un peu de chance, il allait l'aider à se débarrasser de l’agent McBride et du reste des fédéraux. Elle ouvrit l’application de spoofing sur son téléphone jetable. Si Brayden mentait quand il parlait de ses contacts avec Javier, elle avait déjà un plan B.

      Alanna cessa de taper sur son clavier d’ordinateur, puis elle pris une grande respiration. Elle soupçonnait Brayden de lui cacher des choses. ça lui avait fait mal de l’entendre remettre en question sa loyauté et exprimer sa méfiance. Mais elle n'avait jamais imaginé tomber sur le SMS qu’elle avait lu sur son téléphone :

      > Arranges-toi pour que cette salope me lâche. Ou tu ne seras pas payé.

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