Jean qui grogne et Jean qui rit. Comtesse de Ségur
JEANNOT.
Comme tu voudras.
JEAN.
Prenons celui de maman. Pauvre maman, elle nous croit bien près de Kérantré encore, et ce soir nous en serons à quatorze lieues pour le moins.»
Jean défit le petit paquet que lui avait donné sa mère; il en tira une cuisse de lapin et un morceau de pain.
«La galette sera pour ce soir», dit-il.
Il partagea le lapin avec Jeannot, lui donna une tranche de pain, en garda une, et ils commencèrent leur modeste repas. Mais quand ils eurent mangé, ils eurent soif. Jean se chargea de demander de l'eau. Il entra dans la salle de l'auberge, y trouva une femme qui mettait le couvert, ôta sa casquette, et lui demanda s'il ne pourrait pas avoir de l'eau pour lui et son camarade.
LA FEMME.
Pour quoi faire, mon ami?
JEAN.
C'est pour boire, madame. Nous avons mangé, et nous voudrions bien avoir un verre d'eau, s'il vous plaît.
LA FEMME.
Je vais vous donner une bouteille de cidre, mon ami; c'est plus sain que l'eau quand on a beaucoup marché.
JEAN.
Merci bien, madame; nous n'avons pas marché; c'est M. Kersac qui a bien voulu nous prendre dans sa carriole; ainsi je vous remercie bien de votre bonté, madame; mais..., mais.... pour dire vrai, nous n'avons pas les moyens de payer du cidre dès la première journée de route.
LA FEMME.
Je ne comptais pas te le faire payer, mon ami; et tu l'auras tout de même, car tu me parais un bon et honnête garçon.»
La femme prit sur la table une bouteille de cidre et la donna à Jean avec un verre. Jean remercia beaucoup et courut faire voir à Jeannot ce qu'on lui avait donné. Ils se régalèrent de leur mieux et s'étendirent sur la paille en attendant Kersac. Il revint à l'heure précise, attela bien vite, fit monter Jean dans la carriole, et appela Jeannot, qui ne répondit pas.
«Tant pis pour lui; partons», dit Kersac.
JEAN.
Pas sans Jeannot, monsieur; vous voudrez bien l'attendre; je vais courir le chercher.
KERSAC.
Ma foi non, je suis pressé; en route.»
Jean sauta à bas de la carriole.
JEAN.
Adieu, monsieur, et bien des remerciements pour toutes vos bontés.
KERSAC.
Eh bien! qu'est-ce que tu fais donc? Puisque je t'emmène.
JEAN.
Pardon, monsieur, je ne peux pas partir sans Jeannot. Je ne laisserai pas Jeannot tout seul.
KERSAC.
Ah bah! ne t'inquiète donc pas de ce garçon; il te rejoindra quelque part.
JEAN.
Non, monsieur, il aurait trop peur; il en mourrait.»
Jean salua Kersac et allait partir pour aller à la recherche de Jeannot, lorsque Kersac le rappela.
«Jean! viens donc! Diable de garçon! Je ne partirais pas sans toi, c'est convenu. Va vite chercher ton protégé, je t'attendrai.
—Merci, monsieur», cria Jeannot d'un air joyeux.
Et il partit pour chercher Jeannot, qu'il trouva endormi sur la paille dans l'écurie.
«Jeannot, vite, lève-toi; partons, M. Kersac t'attend.»
Jeannot se frottait les yeux, dormait encore à moitié. Jean parvint à le réveiller et à l'entraîner dans la cour où attendait Kersac.
«Allons donc! cria Kersac. Avance, traînard. Tire-le, Jean; donne-lui une poussée.»
Jeannot, tout à fait réveillé par ces cris, monta assez lestement dans la carriole et s'y étendit pour se rendormir, pendant que Jean s'établissait près de Kersac. Ils partirent au grand trot.
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