Théologie hindoue: Le Kama soutra. Vatsyayana

Théologie hindoue: Le Kama soutra - Vatsyayana


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(roman d'Ivanhoé).]

      Ces trois sortes de personnages sont ordinairement employées pour opérer les réconciliations entre les hommes riches et les courtisanes.

      On emploie également les femmes mendiantes, celles qui ont la tête rasée (les veuves) et les anciennes courtisanes qui possèdent des talents appropriés.

       Table des matières

      § 3.—Réunions de sociétés.

      Des hommes de même âge, de mêmes goûts, de même éducation, se réunissent en société, soit chez des courtisanes en renom et en leur compagnie, soit dans la demeure de l'un d'eux, pour converser, composer des vers et se les Communiquer. Dans ce dernier cas, les femmes distinguées par leur beauté, et qui ont des goûts et des talents semblables, peuvent être admises et recevoir des hommages.

      Souvent les conversations étaient une joute d'improvisations poétiques et de citations opposées de divers poètes.

      Pour en donner une idée, nous avons arrangé le dialogue suivant avec des citations de poètes:

      UN BRAHMANE SAVANT.—Par qui a été fabriqué ce dédale d'incertitude, ce temple d'immodesties, ce réceptacle de fautes, ce champ semé de mille fourberies, cette barrière de la porte du Ciel, cette bouche de la cité infernale, cette corbeille remplie de tous les artifices, ce poison qui ressemble à l'ambroisie, cette corde qui attache les mortels au monde d'ici-bas, la femme en un mot?

      UNE COURTISANE.—Le faux sage qui médit des femmes trompe lui-même et les autres; car le fruit de la pénitence est le Ciel et le Ciel offre les Apsaras à ceux qui l'obtiennent.

      LE BRAHMANE.—Les femmes ont du miel dans leurs paroles et du poison dans le coeur, aussi leur suce-t-on les lèvres, tandis qu'on leur frappe la poitrine avec le revers de la main[17].

      [Note 17: Pétrone a dit:

      «Toute femme, en soi, cache un venin corrupteur,

       Le miel est sur sa lèvre, et le fiel dans son coeur.»]

      LA COURTISANE.—Les fous qui fuient les femmes n'obtiennent que des fruits amers; leur sottise et le dieu d'amour les châtient cruellement. Le jour où des hommes honorables parviendront à maîtriser leurs sens, les monts Vindhyas traverseront l'Océan à la nage.

      LE BRAHMANE.—Il n'est ici-bas qu'un jardin rempli de fleurs pernicieuses, c'est la jeunesse; elle est le foyer de la passion, la cause de peines plus cuisantes que n'en feraient endurer cent enfers, le germe de la folie, le rideau de nuages qui couvre la lumière de la science, la seule arme du Dieu de l'amour, la chaîne de fautes de toute nature.

      LA COURTISANE.—Un vieux chien borgne, boiteux, galeux, n'ayant que la peau et les os et dont la gueule est déchirée par les tessons qu'il ronge, poursuit encore les chiennes; le Dieu de l'amour tourmente jusqu'aux mourants. Quand l'arbre Açoka est touché du pied d'une belle, ses fleurs s'épanouissent de suite[18].

      [Note 18: Jolie légende indienne.]

      Les femmes voluptueuses enflamment tous les coeurs de leurs grâces lascives; elles babillent avec l'un, envoient à un autre des oeillades provocatrices, un troisième occupe leur coeur.

      LE BRAHMANE.—Celui qui, maîtrisant ses sens, a confondu son intelligence dans l'âme-suprême, qu'a-t-il à faire des causeries des bien-aimées, du miel de leurs lèvres, de la lune de leur visage, des jeux d'amour accompagnés de soupirs dans lesquels on presse leurs seins arrondis?

      LA COURTISANE.—Les Docteurs ayant sans cesse à la bouche les saints écrits, sont les seuls qui parlent, et seulement du bout des lèvres, de renoncer à l'amour.

      Qui pourrait fuir les hanches des belles jeunes filles ornées de ceintures bruyantes, auxquelles pendent des perles rouges?

      Ce que femme entreprend dans sa passion, Brahma lui-même n'a pas le courage d'y mettre obstacle[19].

      [Note 19: Nous disons dans le même sens: Ce que femme veut, Dieu le veut.]

      UN HOMME MUR.—L'homme n'est sûr de son honneur, de sa vertu, de sa sagesse, que quand son coeur et ses fermes résolutions ont résisté victorieusement à la corruption par les femmes.

      Combien ont succombé par elles, que tout l'or du monde n'aurait pu acheter!

      UN JEUNE HOMME.—Quel est le plus beau des spectacles? Le visage respirant l'amour d'une fille. Quel est le plus suave des parfums? Son haleine douce. Quel est le plus agréable des sons? la voix de la bien-aimée.

      Quelle est la plus exquise des saveurs? La rosée qui humecte ses lèvres.

      Quel est le plus doux des contacts?

      Celui de son corps.

      Quelle est l'image la plus agréable sur laquelle la pensée puisse s'arrêter? Ses charmes.

      Tout dans la jeune fille aimée est plein d'attraits.

      UN JEUNE POÈTE.—La jeune vierge est semblable au tendre bouton de la rose non encore épanouie; dans toute sa pureté, elle croît en paix à l'ombre du bosquet tutélaire, à l'abri de tout outrage; mais lorsque son sein dévoilé s'est prêté aux baisers du rossignol séducteur, bientôt séparée de sa tige maternelle et indignement associée à l'herbe que foule un pied vulgaire, on l'expose aux passants sur la place publique, et flétrie alors par mille baisers impurs on chercherait en vain sa fraîcheur virginale (voir l'Appendice).

      AUTRE JEUNE HOMME.—Léger sourire sur les lèvres, regards à la fois hardis et timides, babil enjoué, fuite, retour précipité, amusements folâtres et continuels, tout n'est-il pas ravissant chez les jeunes femmes aux yeux de gazelle?

      Quand elles sont absentes, nous aspirons à les voir.

      Quand nous les voyons nous n'avons qu'un désir, jouir de leur étreinte.

      Quand nous sommes dans leurs bras, nous ne pouvons plus nous en arracher.

      LE JEUNE POÈTE.—A quel mortel est destinée cette beauté ravissante semblable dans sa fraîcheur à une fleur dont on n'a pas encore respiré le parfum, touché le fin duvet; à un tendre bourgeon qu'un ongle profane n'a point osé séparer de sa tige, à une perle encore pure au sein de la nacre protectrice où elle a pris naissance?

      APPENDICE

      A LA IIIe SECTION DU CHAPITRE I.

      Le poète Catulle a exprimé la même pensée que le jeune poète indien dans les beaux vers que nous traduisons:

      «La fleur que la haie d'un jardin protège contre les troupeaux et le tranchant du soc, croît mystérieusement caressée par le zéphyr, colorée par le soleil, nourrie par la pluie, recherchée des jeunes beautés et des amants; mais sitôt qu'un ongle léger l'a cueillie, elle n'inspire plus que le dédain. De même une vierge reste chère à tous tant qu'elle reste pure; mais si elle perd sa fleur d'innocence, les jeunes gens lui retirent leur amour et les jeunes filles leur amitié.»

      L'Arioste a presque traduit Catulle dans la plainte de Sacripant contre

       Angélique (Rolland furieux).

      «La Verginella è simile alla rosa;

       Che in bel jardin sulla uativa spina

       Mentre sola et sicura si reposa,

       Ne grege ne pastor de le avvicina;

       L'aura suave e l'alba rugiadosa

       L'Aqua, la terra al suo amor s'inchina,

       Giovani vaghi e donne innamorate

       Amano averne i seni e le tempie ornate.

       Ma non si tosto dal materno stelo

      


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