La Maison Tellier. Guy de Maupassant

La Maison Tellier - Guy de Maupassant


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et M. Philippe s'écria:—«Je paye du champagne: Mme Tellier, envoyez chercher trois bouteilles.»—Alors Fernande l'étreignant lui demanda dans l'oreille:—«Fais-nous danser, dis, tu veux?—Il se leva, et, s'asseyant devant l'épinette séculaire endormie en un coin, fit sortir une valse, une valse enrouée, larmoyante, du ventre geignant de la machine. La grande fille enlaça le percepteur, Madame s'abandonna aux bras de M. Vasse; et les deux couples tournèrent en échangeant des baisers. M. Vasse, qui avait jadis dansé dans le monde, faisait des grâces, et Madame le regardait d'un oeil captivé, de cet oeil qui répond «oui», un «oui» plus discret et plus délicieux qu'une parole!

      Frédéric apporta le champagne. Le premier bouchon partit, et M.

       Philippe exécuta l'invitation d'un quadrille.

      Les quatre danseurs le marchèrent à la façon mondaine, convenablement, dignement, avec des manières, des inclinations et des saluts.

      Après quoi l'on se mit à boire. Alors M. Tournevau reparut, satisfait, soulagé, radieux. Il s'écria:—«Je ne sais pas ce qu'a Raphaële, mais elle est parfaite ce soir.»—Puis, comme on lui tendait un verre, il le vida d'un trait en murmurant:—«Bigre, rien que ça de luxe!»

      Sur-le-champ M. Philippe entama une polka vive, et M. Tournevau s'élança avec la belle Juive qu'il tenait en l'air, sans laisser ses pieds toucher terre. M. Pimpesse et M. Vasse étaient repartis d'un nouvel élan. De temps en temps un des couples s'arrêtait près de la cheminée pour lamper une flûte de vin mousseux; et cette danse menaçait de s'éterniser, quand Rosa entr'ouvrit la porte avec un bougeoir à la main. Elle était en cheveux, en savates, en chemise, tout animée, toute rouge:—«Je veux danser,» cria-t-elle. Raphaële demanda;—«Et ton vieux?»—Rosa s'esclaffa:—«Lui? il dort déjà, il dort tout de suite.»—Elle saisit M. Dupuis, resté sans emploi sur le divan, et la polka recommença.

      Mais les bouteilles étaient vides:—«J'en paye une,» déclara M.

       Tournevau.—«Moi aussi,» annonça M. Vasse.—«Moi de même,» conclut M.

       Dupuis. Alors tout le monde applaudit.

      Cela s'organisait, devenait un vrai bal. De temps en temps même, Louise et Flora montaient bien vite, faisaient rapidement un tour de valse, pendant que leurs clients, en bas, s'impatientaient; puis elles retournaient en courant à leur café, avec le coeur gonflé de regrets.

      À minuit, on dansait encore. Parfois une des filles disparaissait, et quand on la cherchait pour faire un vis-à-vis, on s'apercevait tout à coup qu'un des hommes aussi manquait.

      —D'où venez-vous donc?» demanda plaisamment M. Philippe, juste au moment où M. Pimpesse rentrait avec Fernande.—«De voir dormir M. Poulin,» répondit le percepteur. Le mot eut un succès énorme; et tous, à tour de rôle, montaient voir dormir M. Poulin avec l'une ou l'autre des demoiselles, qui se montrèrent, cette nuit-là, d'une complaisance inconcevable. Madame fermait les yeux; et elle avait dans les coins de longs apartés avec M. Vasse comme pour régler les derniers détails d'une affaire entendue déjà.

      Enfin, à une heure, les deux hommes mariés, M. Tournevau et M. Pimpesse, déclarèrent qu'ils se retiraient, et voulurent régler leur compte. On ne compta que le Champagne, et, encore, à six francs la bouteille au lieu de dix francs, prix ordinaire. Et comme ils s'étonnaient de cette générosité, Madame, radieuse, leur répondit:

      —Ça n'est pas tous les jours fête.

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