Mémoires de Constant, premier valet de chambre de l'empereur, sur la vie privée de Napoléon, sa famille et sa cour. Louis Constant Wairy

Mémoires de Constant, premier valet de chambre de l'empereur, sur la vie privée de Napoléon, sa famille et sa cour - Louis Constant Wairy


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de dire qu'il exposait aux paysans les difficultés de son Conseil d'État, et rapportait au Conseil d'État les observations des paysans.

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      M. Bousquet, célèbre dentiste, fut appelé à Neuilly (résidence de la princesse Pauline), afin de visiter la bouche et de nettoyer les dents de Son Altesse Impériale. Introduit près d'elle, il se prépare à commencer son opération. «Monsieur, dit un charmant jeune homme en robe de chambre, négligemment couché sur un canapé, prenez bien garde, je vous prie, à ce que vous allez faire. Je tiens extrêmement aux dents de ma Paulette, et je vous rends responsable de tout accident.—Soyez tranquille, mon prince; je puis assurer votre altesse impériale qu'il n'y aura aucun danger.» Pendant tout le temps que M. Bousquet fut occupé à arranger cette jolie bouche, les recommandations continuèrent; enfin, ayant terminé ce qu'il avait à faire, il passa par le salon de service, où se trouvaient réunies les dames du palais, les chambellans, etc., qui attendaient le moment d'entrer chez la princesse. On s'empressa de demander des nouvelles à M. Bousquet. «Son Altesse impériale est très-bien, et doit être heureuse du tendre attachement que lui porte son auguste époux, et qu'il vient de lui témoigner devant moi, d'une manière si touchante. Son inquiétude était extrême, je ne réussissais que difficilement à le rassurrer sur les suites de la chose du monde la plus simple. Je dirai partout ce dont je viens d'être témoin. Il est doux d'avoir de tels exemples de tendresse conjugale à citer dans un rang si élevé. J'en suis vraiment pénétré.» On ne cherchait point à arrêter l'honnête M. Bousquet dans les expressions de son enthousiasme; l'envie de rire empêchait de prononcer une parole; et il partit convaincu que nulle part il n'existait un meilleur ménage que celui de la princesse et du prince Borghèse.... Ce dernier était en Italie, et le beau jeune homme était M. de Canouville.

      J'emprunte cette curieuse anecdote aux Mémoires de Joséphine, dont l'auteur, qui a vu et observé la cour de Navarre et de Malmaison, avec tant de vérité et un si bon jugement, est, m'a-t-on dit, une femme, et ne peut être, en effet, qu'une femme fort spirituelle, et qui s'est trouvée mieux placée que personne pour connaître l'intérieur de S. M. l'impératrice.

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      Il fut tué par le boulet d'une pièce française, que l'on déchargeait après une action, dans laquelle il avait montré le plus brillant courage.

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      Père de M. Victor Hugo, qui est lui-même filleul de madame Delélée.

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      L'illustre général Foy.

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      Nous arrivâmes à Tentoura le 20 mai: il faisait ce jour-là une chaleur étouffante, qui produisait un découragement général. Nous n'avions pour nous reposer que des sables arides et brûlans; à notre droite une mer ennemie et déserte. Nos pertes en blessés et en malades étaient déjà considérables, depuis que nous avions quitté Acre. L'avenir n'avait rien de riant. Cet état véritablement affligeant, dans lequel se trouvaient les débris du corps d'armée que l'on a appelé triomphant, fit sur le général en chef une impression qu'il était impossible qu'il ne produisît pas. À peine arrivé à Tentoura, il fit dresser sa tente; il m'appela, et me dicta avec préoccupation un ordre pour que tout le monde allât à pied, et que l'on donnât tous les chevaux, mulets et chameaux aux blessés, aux malades et aux pestiférés qui avaient été emmenés, et qui manifestaient encore quelques signes de vie. Portez cela à Berthier. L'ordre fut expédié sur-le-champ. À peine fus-je de retour dans la tente, que Vigogne père, écuyer du général en chef, y entra, et, portant la main à son chapeau: Général, quel cheval vous réservez-vous? Dans le premier mouvement de colère qu'excita cette question, le général en chef appliqua un violent coup de cravache sur la figure de l'écuyer, et puis, il ajouta d'une voix terrible: Que tout le monde aille à pied f…! et moi le premier: ne connaissez-vous pas l'ordre? Sortez.

      (Mémoires de M. de Bourrienne, tom. 2, chap. 16, pag. 252.)

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      On sut depuis qu'il y avait vingt brûlots destinés à détruire la flotille.

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      La croisière anglaise était commandée par lord Melvil et lord Keith.

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      Ce coup de pied ressemble beaucoup aux prétendus mauvais traitemens que l'on a reproché à l'empereur d'exercer contre ses gens. M. Constant a répondu ailleurs à cette ridicule accusation.

      (Note de l'éditeur.)

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      La décision de l'empereur fut qu'il fallait réprimander le journaliste; et, de ce moment, on leur défendit de jamais imprimer aucune réponse de l'empereur ou de l'impératrice, avant de l'avoir vue dans le Moniteur. (Note de l'éditeur.)

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      À cette époque, l'empereur était encore amoureux de Joséphine.

      (Note de madame–.)

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      La suite a prouvé qu'elle s'abusait.

      (Note de madame–.)

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      Si Napoléon recherche dans le passé les causes de sa chute, il est difficile, s'il a conservé cette faiblesse superstitieuse, qu'il ne remarque pas que, depuis son divorce, les événemens qu'il avait maîtrisés si long-temps ont tous tourné contre lui.

      (Note de madame–.)

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      C'est un crime d'une nouvelle espèce, que de n'avoir pas toutes les grâces de l'état d'arlequin. Les manières de l'empereur étaient simples et naturelles, mais sans gaucherie. Sans doute elles contrastaient avec les formes obséquieuses et courtisanesques des grands seigneurs qui l'entouraient; car il se tenait seul droit et debout, tandis que ces messieurs se courbaient jusqu'à terre.

      (Note de l'Éditeur.)

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      Quelque temps après cette époque, le comte de Narbonne fut nommé à l'ambassade de Vienne, et devint l'un des hommes les mieux traités par Bonaparte. Que lui importait l'attachement, le dévouement des personnes qu'il employait? Il savait qu'il ne les obtiendrait jamais; mais il aimait la flatterie des anciens courtisans, parce qu'elle était plus adroite que celle des nouveaux.

      (Note de madame–.)

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      Il y a là, pour le moins, une grande erreur. L'empereur savait se faire aimer, et il était aimé en effet de toutes les personnes de son service. Je crois en avoir fourni plus d'une preuve dans mes Mémoires. De tous ses anciens serviteurs j'ose affirmer qu'il n'en est pas un seul qui voulût me donner un démenti sur ce point. Que l'empereur n'ait pas été aimé de ses courtisans, cela est possible. Avec une puissance comme la sienne, on fait encore plus d'ingrats que d'heureux; et la reconnaissance des gens de cour est proverbiale. Mais fallait-il en faire un sujet de reproche contre Sa Majesté?

      (Note de Constant.)

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      Comment ne pas s'étonner qu'il paraisse étonnant à Madame*** que l'empereur aimât assez son honneur et sa femme pour être jaloux de l'un et de l'autre? la république et l'amour du pouvoir n'avaient rien à faire là-dedans.

      (Note de Constant.)

      25

      Qu'importe que l'empereur se mît au courant de ce qui regardait les pays qu'il avait


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