Le Serment des Frères . Морган Райс
dû le penser, lui aussi, car il ne fit pas un geste. Godfrey savait qu’il devait faire cesser cela, rapidement.
« L’ennemi n’est pas ici », dit-il, se précipitant vers eux et abaissant le poignet de Merek. « Il est là-bas, au-dehors. Si nous nous battons entre nous, nous n’avons aucune chance. »
Par chance, Merek le laissa baisser son poignet, et il rengaina sa dague.
« Dépêchons maintenant », ajouta Godfrey. « Vous tous. Déshabillez-les et mettez leurs vêtements. Nous sommes Finiens à présent. »
Ils dépouillèrent tous les Finiens et enfilèrent leurs capes rouge vif et leurs capuchons.
« C’est ridicule », dit Akorth.
Godfrey l’examina et vit que son ventre était trop gros, et qu’il était trop grand ; la cape était trop courte, exposant ses chevilles.
Merek ricana.
« Tu aurais dû prendre une pinte de moins », dit-il.
« Je ne vais pas porter ça ! » dit Akorth.
« Ce n’est pas un défilé de mode », dit Godfrey. « Préfèreriez-vous être découverts ? »
Akorth céda à contrecœur.
Godfrey se tint là et les regarda tous les cinq, debout, portant les capes rouges, dans cette cité hostile, encerclés par leurs ennemis. Il savait que leurs chances étaient minces, au mieux.
« Et maintenant ? » demanda Akorth.
Godfrey se tourna et jeta un regard au bout de l’allée, menant à la cité. Il savait que le temps était venu.
« Allons voir ce que nous réserve Volusia. »
CHAPITRE CINQ
Thor se tenait à la proue d’un petit vaisseau à voile, Reece, Selese, Elden, Indra, Matus et O’Connor assis derrière lui, sans qu’aucun d’eux ne rame, le vent mystérieux et le courant rendant tout effort futile. Il les porterait, réalisa Thor, où il les porterait, et peu importait combien ils pouvaient ramer ou aller à voile, cela ne ferait pas la différence. Thor jeta un regard par-dessus son épaule, vit les grandes falaises noires marquant l’entrée du Pays des Morts disparaître au loin, et se sentit soulagé. Il était temps de regarder vers l’avant, de trouver Guwayne, d’entamer un nouveau chapitre de sa vie.
Thor jeta un regard en arrière et vit Selese assise dans le bateau, à côté de Reece, tenant sa main, et, devait-il l’admettre, la vue était déconcertante. Thor était ravi de la voir à nouveau dans le monde des vivants, et ravi de voir son ami si heureux. Pourtant, il devait le reconnaître, cela lui faisait éprouver un sentiment angoissant. Selese était là, autrefois morte, maintenant ramenée à la vie. Il avait l’impression que d’une manière ou d’une autre ils avaient changé le cours naturel des choses. En l’examinant, il remarqua qu’elle avait un aspect translucide et éthéré, et même si elle était réellement là, en chair et en os, il ne pouvait s’empêcher de la voir comme morte. Il ne pouvait s’empêcher de se demander, malgré lui, si elle était vraiment de retour, pour de bon, combien son temps durerait avant qu’elle ne reparte.
Mais Reece, d’un autre côté, ne voyait à l’évidence pas les choses de la même manière. Il était totalement énamouré, l’ami de Thor était joyeux pour la première fois depuis bien longtemps. Thor pouvait le comprendre: après tout, qui ne voudrait pas d’une chance de réparer ses torts, de s’amender pour ses erreurs passées, de voir une personne dont on était sûr que l’on ne la reverrait jamais ? Reece serrait sa main, les yeux fixés sur les siens, et elle caressait son visage tandis qu’il l’embrassait.
Les autres, remarqua Thor, paraissaient perdus, comme s’ils avaient été dans les profondeurs de l’enfer, dans un endroit qu’ils ne pouvaient pas aisément chasser de leur esprit. Ces idées noires persistaient lourdement, et Thor les sentait, lui aussi, balayant les flashbacks de son esprit. Il y avait une aura de mélancolie, alors qu’ils étaient tous endeuillés par la perte de Conven. Thor, en particulier, tournait et retournait dans sa tête pour savoir s’il y avait eu quoi que ce soit qu’il aurait pu faire pour le stopper. Thor balaya la mer du regard, examinant l’horizon gris, l’océan sans fin, et il se demanda comment Conven avait pu prendre la décision qu’il avait prise. Il comprenait son profond chagrin pour son frère, cependant Thor n’aurait jamais pris la même décision. Thor prit conscience qu’il ressentait de la douleur pour la perte de Conven, dont la présence avait toujours été palpable, qui avait toujours paru être à ses côtés, depuis leur premier jour à la Légion. Thor se rappela quand il était venu le voir à la prison, de son discours sur le fait d’avoir une seconde chance dans la vie, de toutes ses tentatives pour lui remonter le moral, pour l’aider à s’en sortir, pour le ramener.
Toutefois, réalisa Thor, quoi qu’il ait pu faire, il n’avait jamais vraiment pu ramener Conven. La meilleure part de ce dernier avait toujours été avec son frère. Thor se remémora l’expression sur le visage de Conven quand il était resté en arrière et que les autres étaient partis. Ce n’était pas un air de regret ; c’était un air de pure joie. Thor avait senti qu’il était heureux. Et il savait qu’il ne devait pas entretenir trop de regrets. Conven avait pris sa propre décision, et c’était plus que ce que la plupart des gens obtenaient dans ce monde. Et après tout, Thor savait qu’ils se verraient à nouveau. En fait, peut-être que Conven serait celui qui attendrait pour l’accueillir quand il mourrait. La mort, Thor le savait, les guettait tous. Peut-être pas aujourd’hui, ou demain. Mais un jour.
Thor essaya de secouer ces sombres pensées ; il regarda au delà et s’obligea à se concentrer sur l’océan, parcourant les eaux du regard dans toutes les directions, à la recherche d’un signe quelconque de Guwayne. Il savait qu’il était probablement futile de le chercher là, en haute mer, et pourtant Thor se sentait mobilisé, empli d’un optimisme renouvelé. Il savait désormais, au moins, que Guwayne était en vie, et c’était tout ce dont il avait besoin d’entendre. Rien ne s’arrêterait pour le retrouver.
« Où penses-tu que ce courant nous emporte ? » demanda O’Connor, tendant le bras par-dessus bord et effleurant l’eau du bout des doigts.
Thor tendit le bras et toucha l’eau chaude, lui aussi ; elle passait si vite, comme si l’océan ne pouvait les emmener où qu’il les entraîne assez vite.
« Tant que c’est loin d’ici, je m’en fiche », dit Elden, jetant un regard par-dessus son épaule, effrayé par les falaises.
Thor entendit un cri perçant, en hauteur, leva les yeux et fut ravi de voir sa vieille amie, Estopheles, décrire des cercles au-dessus. Elle plongea en larges cercles autour d’eux, puis remonta dans les airs. Thor avait l’impression qu’elle les guidait, les encourageant à la suivre.
« Estopheles, mon amie », murmura Thor vers les cieux. « Soit nos yeux. Mène-nous à Guwayne. »
Estopheles poussa à nouveau un cri, comme si elle répondait, et déploya ses ailes. Elle tourna et s’envola vers l’horizon, dans la même direction que celle dans laquelle le courant l’emportait, et Thor sentit qu’ils étaient en train de se rapprocher.
En se tournant Thor entendit un léger bruit métallique à son côté, il baissa les yeux et vit l’Épée de la Mort pendue à sa taille ; c’était choquant de la voir là. Cela rendait son passage au Pays des Morts plus réel que jamais. Thor tendit la main, sentit sa garde d’ivoire, entrecroisée de crânes et d’os, et raffermit sa prise sur elle, ressentant son énergie. Sa lame était incrustée de petits diamants noirs, et tandis qu’il l’élevait pour l’examiner, il les vit étinceler dans la lumière.
En la tenant, elle lui parut faite pour sa main. Il n’avait pas ressenti les choses de cette manière pour une arme depuis qu’il avait eu l’Épée de Destinée. Cette arme signifiait plus pour lui qu’il ne pouvait le dire ; après tout, il avait réussi à échapper à ce monde, tout comme cette arme, et il avait le sentiment qu’ils