La Nuit des Braves . Морган Райс

La Nuit des Braves  - Морган Райс


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à ses instincts de prendre le dessus et bondit en l'air. L'épée lui donna de la force et il bondit plus haut qu'il n'aurait pu l'imaginer, par-dessus la tête du dragon, pour lui atterrir sur le dos.

      Le dragon hurla et rua, mais Alec tint bon. Le dragon ne pouvait pas le désarçonner.

      Alec se sentit plus fort que le dragon et en mesure de le commander.

      “Dragon !” cria-t-il. “A mes ordres ! Attaque !”

      Le dragon fut obligé de se retourner et de s'envoler directement vers la meute d'une dizaine de dragons qui descendaient encore. Alec leur fit face sans peur et vola vers eux en tenant l'épée devant lui. Quand ils se croisèrent dans le ciel, Alec donna de nombreux coups d'épée avec une force et une vitesse qu'il ignorait posséder. Il coupa l'aile à un dragon, puis la gorge à un autre, puis en poignarda un autre au côté du cou, puis se retourna et coupa la queue à un autre. L'un après l'autre, les dragons tombèrent du ciel et s'écrasèrent dans les eaux en créant un tourbillon dans la baie d'en-dessous.

      Alec ne s'arrêta pas. Il attaqua la meute à plusieurs reprises, traversa les cieux dans tous les sens, sans jamais battre en retraite. Pris dans la tourmente, il remarqua tout juste le moment où, finalement, les rares dragons qui restaient se retournèrent, hurlèrent et s'enfuirent, effrayés.

      Alec avait peine à y croire. Des dragons. Effrayés.

      Alec regarda au-dessous. Il vit à quelle altitude il était, vit la Baie de la Mort qui s'étendait au-dessous de lui, vit des centaines de navires, en flammes pour la plupart, et des milliers de cadavres de trolls qui flottaient. L'Île de Knossos était elle aussi en flammes et son grand fort était en ruines. Devant lui s'étendait une scène de chaos et de destruction.

      Alec repéra sa flotte et fit descendre le dragon. Quand ils s'en approchèrent, Alec leva l'épée et la plongea dans le dos du dragon, qui hurla et commença à tomber. Quand ils approchèrent de l'eau, Alec bondit et atterrit dans les eaux à côté du navire.

      Immédiatement, on lui jeta des cordes et Alec fut hissé à bord.

      Quand il atterrit sur le pont, cette fois-ci, il ne frissonna pas. Il n'avait plus froid, n'était plus fatigué ni affaibli, n'avait plus peur. Au lieu de tout cela, il ressentait une force qu'il n'avait jamais connue. Il se sentait rempli de courage, de force. Il sentait qu'il venait de renaître.

      Il avait tué une meute de dragons.

      Et maintenant, plus rien ne pourrait l'arrêter en Escalon.

      CHAPITRE TROIS

      Réveillé par la sensation de pinces acérées en train de lui ramper sur le dos de la main, Vesuvius ouvrit un œil; l'autre était encore scellé. Il regarda vers le haut, désorienté, et se retrouva allongé face contre terre dans le sable pendant que les vagues de l'océan se fracassaient derrière lui et que l'eau glaciale lui remontait le long des jambes. Il se souvint. Après cette bataille épique, il avait échoué sur le rivage de la Baie de la Mort; il se demanda combien de temps il était resté allongé ici, inconscient. A présent, la marée remontait lentement et l'aurait emporté s'il ne s'était pas réveillé. Pourtant, ce n'étaient pas les eaux froides qui l'avaient réveillé mais la créature qui se trouvait sur sa main.

      Vesuvius regarda sa main, étendue sur le sable, et vit un grand crabe violet enfoncer une pince dans sa main et en arracher un petit morceau de sa chair. Il prenait son temps, comme si Vesuvius était un cadavre. A chaque coup de pince, Vesuvius sentait l'onde de choc de la douleur.

      Vesuvius ne pouvait en vouloir à la créature; elle avait regardé et vu des milliers de cadavres, le reste de son armée de trolls, tous répandus sur cette plage. Ils étaient tous allongés là, couverts de crabes violets, et le claquement de leurs pinces remplissait l'air. La puanteur des trolls en décomposition l'accablait, lui donnait presque un haut-le-cœur. Ce crabe sur sa main était visiblement le premier qui ait osé s'aventurer jusqu'à Vesuvius. Les autres avaient probablement senti qu'il était encore en vie et avaient pris leur temps. Pourtant, ce crabe courageux avait pris le risque tout seul. A présent, des dizaines d'autres se tournaient vers lui en l'imitant avec hésitation. Vesuvius savait que, dans quelques moments, il serait recouvert, mangé vivant par cette petite armée, sauf s'il était d'abord emporté au large par les marées glaciales de la Baie de la Mort.

      Saisi par un accès soudain de rage, Vesuvius tendit sa main libre, attrapa le crabe violet et le serra lentement. Le crabe essaya de s'éloigner mais Vesuvius ne voulait pas le laisser faire. L'animal se débattit sauvagement, essayant d'atteindre Vesuvius avec ses pinces, mais Vesuvius le tenait ferme et l'empêchait de se retourner. Il serra de plus en plus, lentement, prenant son temps, prenant grand plaisir à infliger de la douleur. La créature hurla, poussa un affreux cri aigu. Lentement, Vesuvius serra la main jusqu'à en faire un poing.

      Finalement, le crabe explosa. Du sang violet et gluant goutta sur la main de Vesuvius, qui entendit le craquement satisfaisant de la coquille. Il laissa tomber le crabe, réduit en bouillie.

      Vesuvius se redressa sur un genou, encore chancelant et, quand il le fit, des dizaines de crabes s'enfuirent précipitamment, visiblement choqués de voir se lever un mort. Une réaction en chaîne s'ensuivit et, quand il se redressa, des milliers de crabes s'éparpillèrent, et, quand Vesuvius fit ses premiers pas sur le rivage, la plage était vide. Il traversa le cimetière et, lentement, la mémoire lui revint.

      La bataille de Knossos. Il gagnait, il allait détruire Lorna et Merk quand ces dragons étaient arrivés. Il se souvint qu'il était tombé de l'île, avait perdu son armée, que sa flotte avait brûlé et, finalement, qu'il s'était presque noyé. Ç'avait été la débandade et il en rougit de honte. Il se tourna, regarda la baie, le lieu de sa défaite, et vit au loin l'Île de Knossos encore en feu. Il vit surnager les vestiges de sa flotte, en pièces; certains navires, à moitié détruits, étaient encore en feu. Puis il entendit un hurlement loin au-dessus. Il regarda vers le haut et cligna des yeux.

      Vesuvius avait peine à croire ce qu'il voyait devant lui. C'était inconcevable. Des dragons tombaient du ciel, chutaient dans la baie, immobiles.

      Morts.

      Loin au-dessus, il vit un homme seul chevaucher un des dragons et se battre à l'épée contre tous les autres tout en s'accrochant au dos du sien. Finalement, le reste de la meute se retourna et s'enfuit.

      Il regarda à nouveau vers les eaux et vit, à l'horizon, des dizaines de navires qui portaient l'étendard des Îles Perdues. Il vit l'homme sauter du dernier dragon et retourner sur les navires. Il repéra la fille, Lorna, l'assassin, Merk, et il fut furieux de constater qu'ils avaient survécu.

      Vesuvius regarda à nouveau vers le rivage et, alors qu'il examinait les cadavres de sa nation de trolls, qui se faisaient manger par des crabes ou prendre par la marée et manger par des requins, il se sentit plus seul que jamais. Avec un choc, il se rendit compte qu'il était l'unique survivant de l'armée qu'il avait emmenée.

      Vesuvius se tourna vers vers le nord, vers le continent d'Escalon, et il sut que quelque part, loin vers le nord, les Flammes avaient été baissées. A l'instant même, son peuple quittait Marda, dévastait Escalon, et des millions de trolls migraient vers le sud. Après tout, Vesuvius avait réussi à atteindre la Tour de Kos, à détruire l'Épée de Flammes et, maintenant, sa nation avait sûrement traversé la frontière et devait être en train de mettre Escalon en pièces. Il leur fallait un commandant. Ils avaient besoin de lui.

      Vesuvius avait peut-être perdu cette bataille mais il ne devait pas oublier qu'il avait gagné la guerre. Son plus grand moment de gloire, le moment qu'il avait attendu toute sa vie, l'attendait encore. Il était maintenant temps qu'il prenne le pouvoir, mène son peuple à une victoire complète et totale.

      Oui, se dit-il en se redressant et en repoussant la douleur, les blessures, le froid paralysant. Il avait obtenu ce qu'il était venu chercher. Que la fille et son peuple se promènent sur l'océan si ça leur chante. Après tout, il lui restait la destruction d'Escalon. Il pourrait toujours revenir la tuer plus tard. L'idée le fit sourire. Il la tuerait bel et bien. Il la taillerait en pièces.

      Vesuvius partit au trot,


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