La Pire Espèce. Chiara Zaccardi

La Pire Espèce - Chiara Zaccardi


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son petit ami, Phil. C’est dommage qu’il soit à l’école publique et que tous les deux ne puissent pas suivre les mêmes cours.

      « Un appel pour toi ! » s’exclame sa soeur Milly s’introduisant dans la chambre avec le combiné à la main.

      Claire entend sa mère hurler depuis la cuisine de ne pas courir dans la maison pieds nus.

      « C’est ton copain, comme toujours » fait Milly ignorant sa mère puis elle va s’asseoir sur le lit. « Quelle monotonie ! Quand vas-tu te décider d’en changer ?

      « Ce n’est pas une chaussette » répond Claire en lui prenant le téléphone des mains. « Allez, dehors, je veux lui parler seule à seul » .

      « Pas question, c’est aussi ma chambre, ne joue pas à la chef avec moi » .

      « Je ne joue pas à la chef, c’est juste une demande » .

      « Non, je dois faire une recherche » .

      « Mais tu n’as fait que regarder la tv jusque là » .

      « Eh bien, je commence maintenant » .

      Claire lève les yeux au ciel. Puis, elle l’observe mieux.

      « C’est pas mon haut, ça ? Le haut que je t’avais absolument défendu de m’emprunter ? »

      Milly se couvre le ventre avec les bras.

      « Euh... Pas exactement... C’est-à-dire, tu ne me l’avais pas dit... » .

      « Soit t’enlève mon haut, soit tu fous le camp d’ici » rétorque Claire fermement.

      « Okay ! » Milly bondit sur ses pieds et se précipite hors de la chambre, tout en claquant la porte derrière elle.

      « Voilà comment faire déguerpir une petite chieuse » pense-t-elle. « À ce rythme-là sinon, je vais y laisser toute ma guarde-robe » .

      « Ciao. Excuse-moi, j’ai dû supprimer ma soeur avant de pouvoir te répondre » dit-elle approchant enfin le combiné à l’oreille.

      « Sophie ? »

      « Non, l’autre, même si ça ne fait pas beaucoup de différence » .

      « Je les confonds toujours... »

      Claire entend que Phil a une voix bizarre.

      « Alors, tout est bon pour ce soir ? On va au cinéma, non ? » demande-t-elle.

      « Oui, bien sûr... Mais je voudrais te voir avant, si tu ne dois pas travailler » .

      « Il y a quelque chose qui ne va pas ? »

      « Non, rien de grave... »

      Habituellement, elle aurait été contente de son impatience, mais cette fois-ci c’est différent. Oh non. C’est sans doute Milly qui est en train de lui porter la poisse.

      « Ce n’est pas pour me laisser tomber, n’est-ce-pas ? » fait-elle.

      « Bien sûr que non ! T’es parano ! »

      C’est toujours mieux de prendre les devants. Ou protéger ses arrières.

      « Bon, alors on se voit au lac, ça te va ? »

      « Parfait » .

      Le lac est une flaque d’eau au milieu des jardins qui se trouvent en face de sa maison. Ils se voient là-bas quand ils ont peu de temps pour être ensemble, en général, avant qu’elle aille aux répétitions du spectacle ou à l’école. Elle jette un rapide coup d’oeil dans le miroir, puis elle se met à chercher ses chaussures. Milly est plus grande qu’elle et malheureusement elle fait déjà la même pointure qu’elle, c’est pourquoi ses chaussures ne sont pas du tout en sécurité.

      Elle les trouve sous le lit, elle prend son sac et crie qu’elle revient tout de suite.

      Sur le palier, elle ne peut s’empêcher de regarder la porte à côté, et de lire le nom des nouveaux voisins avec satisfaction. L’étiquette des Sullivan a été retirée, et avec elle, est aussi parti le plus infect de ses membres.

      Claire déteste Keira Sullivan.

      Au début, pendant la première année, elles se sont fréquentées et elles ont souvent faits leurs devoirs ensemble. Keira est forte dans toutes les matières scientifiques que, elle, déteste, et en plus, elle l’autorisait à copier. Puis, elle est devenue une traîtresse et elles ne se sont plus parlé, sauf pour s’insulter. Elle a accueilli son déménagement dans les quartiers pauvres de la ville avec beaucoup de plaisir, parce qu’elle ne supportait vraiment plus de l’avoir sous les yeux.

      Mais maintenant, c’est de l’histoire ancienne. Aujourd’hui, elle a d’autres copines et son super petit ami, avec qui elle est depuis sept mois.

      Elle se demande ce que Phil a de si urgent à lui dire, puis elle se mord la lèvre : réussira-t-elle à finir ses devoirs avant ce soir ? Elle ne veut pas manquer le film.

      Elle souffle. Dans des cas comme celui-là, et seulement dans ce genre de cas, elle regrette la Sullivan. Quelques fois, elle a même pensé emprunter ses cahiers dans le casier, entre deux cours, pour faire perdurer la tradition du copiage, mais elle ne l’a jamais fait : elle ne veut plus rien avoir à faire avec elle.

      Elle arrive aux abords du point d’eau et s’assoit sur leur banc. “ Leur ”parce qu’elle et Phil se mettent toujours là et qu’ils ont gravé leurs noms sur le bois. Claire est heureuse : Phil est son premier vrai petit copain.

      Elle le voit apparaître à la grille du parc et va à sa rencontre.

      « Salut » dit-il, happant aussitôt ses lèvres.

      « Ça va ? » lui demande-t-il après l’avoir embrassée.

      « Oui, à part que j’ai beaucoup de choses à étudier » elle le prend par la main.

      « Je suis désolé, je sais qu’on se serait vu ce soir, mais je ne voulais pas que tu l’apprennes par quelqu’un d’autre » .

      « Apprendre quoi ? »

      « Hier soir, tu étais à la répétition, alors je suis allé boire un verre avec Rich, histoire de voir le nouveau bar qui s’est ouvert... » commence Phil.

      Maudites répétitions.

      « Et ? »

      « Il y avait Melissa. Elle était bourrée, elle est venue vers nous et elle a un peu fait l’idiote » .

      « C’est-à-dire ? »

      « Oui, en bref... Elle a essayé de m’embrasser » Phil voit l’expression meurtrière sur le visage de Claire. « Je l’ai, bien sûr, repoussée, et puis j’ai dit à Rich de sortir » s’empresse-t-il d’ajouter.

      « Melissa Boots a essayé de t’embrasser ? » répète Claire, furieuse.

      « Ça ne veut rien dire. Je te le promets. J’ai voulu t’en parler parce que dans le bar, il y avait un tas de gens de ton école et je ne voulais pas que tu entendes n’importe quoi venant de bruits de couloirs » .

      Claire respire profondément.

      « Eh, ça va ? » Phil lui caresse une joue.

      « Tu es sûr que pour toi ça ne veut rien dire ? »

      « Bien sûr que non ! Tu sais très bien que je n’en ai rien à foutre de la Boots. Et je crois que c’est réciproque : vu l’état dans lequel elle était, elle se serait jetée sur n’importe qui. Si ça se trouve, elle ne m’a même pas reconnu » .

      « Hum... » .

      « Écoute, je ne voulais pas t’énerver. Je voulais tout de suite clarifier les choses telles qu’elles se sont déroulées, c’est tout » il l’attire vers lui et la serre dans ses bras. « Tu n’as rien à craindre » .

      «


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