La Pire Espèce. Chiara Zaccardi

La Pire Espèce - Chiara Zaccardi


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rencontre a lieu devant un restaurant, en public. Par ailleurs, ils n’ont rien à cacher. Pas encore.

      La fourgonnette a été garée derrière, à l’abri. Elle attend patiemment de reprendre la route.

      « Je crois que j’ai trouvé ce qu’il faut » .

      « Tu crois ou t’en es sûr ? »

      « Tout ira bien » .

      S’ensuit un bref échange d’informations.

      « Je jetterai un oeil » .

      « Un oeil ne suffira pas » .

      « Tu sais ce que je veux dire » .

      Oui. Et comment ils le savent.

      « Besoin d’un coup de main ? »

      « Non. Pas pour l’instant » .

      Ils se regardent.

      « Aucune hésitation. Aucun revirement. C’est clair ? »

      Silence.

      La conviction, la foi dans le travail est fondamentale. C’est la base. Et elle doit être présente jusqu’au dénouement final. C’est ça sinon rien.

      Mais le rien est bien peu attrayant.

      Souvent, la vie entière semble remplie d’un seul et unique grand vide.

      Il est temps de trouver quelque chose à faire.

      Les lèvres entrouvertes laissent apparaître une rangée de dents blanches. Les canines resplendissent dans une grimace féroce, à laquelle s’ajoute cette même lueur bestiale dans les yeux.

      Oui.

      Une fois sur le terrain, il faut jouer.

      LAKE

      Dimanche 10 mars

      « Oui chérie, continue comme ça, ne t’arrête pas… »

      La chambre est plongée dans la pénombre. Les rideaux tirés empêchent le soleil d’entrer, mais l’atmosphère est tout aussi bouillante.

      Il y a un problème. C’est la troisième fois qu’il couche avec cette fille, une blonde plantureuse, un peu plastifiée, de celles toujours partantes pour baiser, et dont il ne se souvient absolument pas du nom, sans doute parce qu’elle ressemble à beaucoup d’autres. Belinda ? Molly ? Monica ? Merde. Il a l’impression d’avoir le cerveau en bouillie, en plus des parties basses.

      Ça lui arrive souvent d’oublier le nom d’une nana. L’astuce est de ne pas se faire prendre, car les femmes aiment se sentir importantes, se sentir uniques, se sentir aimées et inoubliables et vénérées. Quel ramassis de conneries. Comme si elles avaient toutes ce que lui recherche.

      Il opte pour sa solution habituelle : il continuera à l’appeler “ chérie ”, et puis il essaiera de savoir son nom à l’école ou en dehors, probablement par un autre qui se l’est faite.

      « Lake… Lake, je sens que je vais jouir… » halète la blonde, à cheval sur lui.

      Lake Pierce la regarde, et décide que c’est le moment de s’investir.

      « Okay, chérie » dit-il. « Je m’en occupe » il se relève, la prend par les épaules et l’incline vers le bas, pour alterner les positions. Ils s’embrassent, tout en augmentant le rythme.

      Keira serait dégoûtée de savoir qu’il est en train de baiser une inconnue. Elle le traiterait de porc. Keira est le seul nom qu’il ne peut pas oublier s’il ne veut pas perdre ses couilles.

      Elle est courageuse, Keira. Un peu agressive, mais courageuse.

      « T’es incroyable, chéri ! » murmure la blonde, se détachant momentanément de ses lèvres.

      « Tu l’es toi aussi baby… » répondit-il de manière automatique.

      Putain, il doit se concentrer !

      Il regarde les seins énormes qui dansent sous lui, au rythme des vas-et-vient, et accélère. La fille s’accroche à son dos avec ses jambes et lui plante les ongles dans les bras, gémissant fort. Le lit commence à danser avec eux et la tête de lit se met à battre de manière répétée contre le mur.

      Ils s’embrassent à nouveau et Lake ferme les yeux. Les pensées se brouillent et puis s’évanouissent dans un enchevêtrement confus de sensations... Il aime, là, il aime vraiment et il en faut peu, il est en train d’atteindre l’orgasme, il est en train de...

      « LAAKE, MON PETIT ! » une voix, derrière la porte, l’appelle et l’instant d’après la lumière de l’après-midi inonde la chambre « Tu n’aurais pas, par hasard, un de ces… »

      Madame Pierce entre et remarque que son fils est au lit. Nu. Sur une fille. Nue, elle aussi.

      « … Petits chocolats à la liqueur ? » finit-elle.

      Les deux se figent et se tournent vers elle.

      « Oh, désooléée ! » chuchote-t-elle, en gloussant.

      « MAMAN ! » Lake se retire de la blonde et tire vers lui un morceau de drap chiffonné. « CASSE-TOI D’ICI ! » hurle-t-il.

      « Je cherchais seulement une de ces petites douceurs… »

      « PUTAIN, SORS D’ICI ! » le garçon attrape un coussin rouge feu et le lance vers la porte. La mère la referme rapidement, puis le coussin atteint la porte close, pour finalement terminer sa course sur le sol.

      « Vas te faire foutre » .

      Il se passe les mains dans les cheveux, exaspéré. La blonde esquisse un demi-sourire et, sans se couvrir, prend une cigarette dans la table de chevet. « Ta petite maman a un sens parfait de l’opportunité » commente-t-elle.

      « Je vais prendre une douche » Lake laisse tomber le drap et se met debout.

      « Si tu veux, on peut continuer. Je me trompe ou tu n’as pas conclu ? »

      « L’envie m’est passée » dit-il. « Et avec tes putains de questions, c’est sûr, elle ne va pas revenir » pense-t-il avec irritation.

      Dans la salle de bains, il tourne le robinet d’eau froide et se met sous le jet pour que l’eau lui arrive directement sur le visage. Il tente de se calmer. Tôt ou tard, il faudra qu’il se décide à résoudre cette affaire, car là, c’est arrivé à un point où il ne peut même plus tirer un petit coup tranquille. Il se tourne encore et encore dans la douche, se laissant masser par l’eau afin de se relaxer. Lui viennent en tête uniquement des idées violentes et irréalisables.

      Après dix minutes, il en a assez. Il sort, il se sèche et pose les mains sur le lavabo, en se regardant dans la glace. Il sait qu’il serait le seul à essayer d’obtenir quelque chose de bon, mais ce n’est pas juste, car, au fond, ce n’est pas lui le chef de famille. Lui, il est jeune et veut s’amuser. Mais, dans ces conditions, c’est impossible. Tout est tellement morne.

      « Ehi, chéri » la blonde entre dans la salle de bains et l’enlace par-derrière. Elle s’est rhabillée.

      « C’était quand même génial, tu sais ? Et, pour te remercier, je t’ai laissé un cadeau... »

      Elle l’embrasse sur la joue, puis le regarde dans la glace.

      « ... Mais, maintenant, je dois filer, parce que j’ai un cours. On se voit sur le campus, okay ? »

      Lake lève un sourcil. Sur le campus ?

      « Oui... Bien sûr... » fait-il, peu convaincu.

      « Et, ne t’en fais pas, on se rattrapera la prochaine fois ! »

      « Mais oui... » Lake l’observe prendre son sac et s’en aller.

      Quel campus ? Lui, il n’a


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