L'Agent Zéro . Джек Марс

L'Agent Zéro  - Джек Марс


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un autre problème encore plus évident.

      “Je ne sais pas qui je suis,” dit-il à haute voix.

      Ces flashs, ces visions qui assaillaient son esprit, venaient de sa propre perspective. De son point de vue. Mais il n’avait jamais, n’aurait jamais rien fait de tel. Suppression de mémoire, avait dit l’interrogateur. Est-ce que c’était possible au moins ? Il repensa à ses filles. Est-ce qu’elles allaient bien ? Avaient-elles peur ? Étaient-elles… ses ?

      Cette idée l’angoissa au plus profond de son être. Et si, en quelque sorte, ce qu’il croyait être réel ne l’était pas du tout ?

      Non, se dit-il catégoriquement. Elles étaient ses filles. Il avait assisté à leur naissance. Il les avait élevées. Aucune de ces visions bizarres et intrusives ne pourraient le contredire. Et il fallait qu’il trouve un moyen de les contacter, de s’assurer qu’elles allaient bien C’était sa première priorité. Il ne pouvait en aucun cas utiliser le téléphone prépayé pour contacter sa famille : il ne savait pas s’il était tracé ou si quelqu’un pourrait écouter la conversation.

      Il se rappela tout à coup le bout de papier avec le numéro de téléphone dessus. Il se leva pour le sortir de sa poche. Le papier taché de sang lui sauta aux yeux. Il ne savait pas ce dont il retournait, ni pourquoi ils croyaient qu’il était quelqu’un d’autre que celui qu’il leur disait être, mais une lueur d’urgence affluait à la surface de son subconscient, lui disant qu’il était à présent totalement impliqué dans quelque chose de bien plus important que lui.

      D’une main tremblante, il composa le numéro sur le téléphone prépayé.

      Une voix masculine bourrue répondit à la deuxième sonnerie. “C’est fait ?” demanda-t-il en arabe.

      “Oui,” répondit Reid. Il essayait du mieux possible de masquer sa voix et de simuler un accent.

      “Vous avez l’information ?”

      “Mmm.”

      La voix garda le silence un long moment. Le cœur de Reid battait à tout rompre. Avaient-ils compris qu’il n’était pas l’interrogateur ?

      “187 Rue de Stalingrad,” finit par dire l’homme. “Vingt heure.” Puis, il raccrocha.

      Reid raccrocha à son tour et prit une profonde inspiration. Rue de Stalingrad ? pensa-t-il. En France ?

      Il ne savait pas encore ce qu’il allait faire. C’était comme si son esprit venait de briser un mur pour découvrir une toute autre pièce de l’autre côté. Il ne pouvait pas rentrer chez lui sans savoir ce qui était en train de lui arriver. Et quand bien même, combien de temps mettraient-ils pour les retrouver, les filles et lui ? Il n’avait qu’une seule piste. Il devait la suivre.

      Il sortit de la petite maison et se retrouva dans une allée étroite qui s’ouvrait sur une voie du nom de Rue Marceau. Il sut immédiatement où il était : un faubourg de Paris, à quelques mètres de la Seine. Il eut presque envie de rie. Il aurait cru s’aventurer dans les rues d’une ville du Moyen Orient, dévastée par la guerre. Au lieu de ça, il s’avançait vers un boulevard bordé de boutiques et d’une rangée de maisons, avec des passants qui vaquaient paisiblement à leurs occupations, sous la fraîche brise de ce mois de février.

      Il fourra le pistolet dans la ceinture de son jean et s’engagea sur le boulevard, se fondant dans la masse en essayant de ne pas attirer l’attention sur sa chemise tachée de sang, sur ses pansements, ni sur ses contusions voyantes. Il serra ses bras le long de son corps : il allait avoir besoin de nouveaux habits, d’une veste et de quelque chose de plus chaud qu’une simple chemise.

      Il devait s’assurer que ses filles allaient bien.

      Ensuite, il obtiendrait des réponses.

      CHAPITRE QUATRE

      Marcher dans les rues de Paris donnait l’impression d’être dans un rêve, mais pas dans le sens d’une attente ou d’un désir comblé. Reid arriva à l’intersection entre la Rue de Berri et l’Avenue des Champs-Élysées, toujours très touristique malgré le temps frais. On apercevait l’Arc de Triomphe plus loin, au nord-ouest, épicentre de la Place Charles de Gaulle, mais sa grandeur se perdait pour Reid. Une nouvelle vision était en train de traverser son esprit.

      Je suis déjà venu ici. Je me suis tenu pile à cet endroit et j’ai levé les yeux vers ce panneau de signalisation. Je portais un jean et un blouson de motard noir, les couleurs du paysage étaient altérées par mes verres solaires polarisés…

      Il tourna à droite. Il n’était pas sûr de ce qu’il allait trouver ainsi, mais il avait l’intime conviction qu’il le saurait en le voyant. C’était une sensation incroyablement bizarre de me pas savoir où il allait jusqu’à ce qu’il y soit.

      C’était comme si chaque nouvelle vision apportait des vignettes de souvenirs vagues, chacune étant déconnectée de la suivante, tout en étant pourtant congruentes. Il savait que le café du coin servait le meilleur pastis qu’il ait jamais goûté. La douce odeur des palmiers provenant de la pâtisserie de l’autre côté de la rue lui donnait l’eau à la bouche. Il n’avait jamais goûté aux palmiers auparavant, si ?

      Même les sons l’ébranlaient. Les passants discutaient innocemment entre eux en se promenant sur le boulevard, jetant par moment des coups d’œil à son visage meurtri et bandé.

      “Je n’aimerais pas tomber sur l’autre gars,” murmura un jeune français à sa petite amie. Ils se mirent à rire tous les deux.

      OK, pas de panique, pensa Reid. Apparemment, tu connais l’arabe et le français. La seule autre langue que parlait le Professeur Lawson, c’était l’allemand, même s’il avait aussi quelques notions d’espagnol.

      Il y avait également autre chose, quelque chose de difficile à définir. Cachée sous ses nerfs agités et son envie de fuir, de rentrer chez lui et de se cacher quelque part, se trouvait une réserve froide comme l’acier. C’était comme si la main puissante d’un frère ainé était posée sur son épaule et qu’une voix au fond de sa tête lui disait, Du calme. Tu connais tout ça.

      Tandis que cette voix lointaine lui murmurait doucement à l’esprit, sa principale pensée était pour ses filles et leur sécurité. Où étaient-elles ? Qu’est-ce qu’elles étaient en train de penser ? Est-ce qu’elles croyaient maintenant avoir perdu leurs deux parents ?

      Il n’avait jamais cessé de penser à elle. Alors même qu’il était tabassé dans la sordide cellule du sous-sol, même quand ses visions flash s’insinuaient dans son esprit, il avait pensé aux filles, et en particulier à cette dernière question. Qu’est-ce qui allait leur arriver s’il mourrait dans ce sous-sol ? Ou s’il mourrait à cause des choses très imprudentes qu’il était sur le point de faire ?

      Mais, il devait savoir. Il devait y aller quoi qu’il en coûte.

      Toutefois, il lui fallait d’abord acheter une veste, et pas seulement pour couvrir sa chemise maculée de sang. Les températures approchaient des quinze degrés en ce mois de février, mais il faisait encore trop frais pour ne porter qu’une chemise. Le boulevard agissait comme un tunnel venteux et la brise était vive. Il entra dans la première boutique de vêtements et choisit le premier blouson qui lui tapa dans l’œil, un bomber en cuir marron foncé avec une doublure polaire. Bizarre, se dit-il. Il n’aurait jamais choisi une telle veste auparavant, avec son amour pour le tweed et le tissu écossais, mais il était attiré par celle-ci.

      Le bomber coûtait deux-cent-quarante euros. Peu importe, il avait plein d’argent. Il choisit également une nouvelle chemise, un tee-shirt gris ardoise, un jean et des bottines marron de bonne qualité. Il amena ses emplettes au comptoir et paya cash.

      Il y avait une empreinte de sang laissée par un pouce sur l’un des billets. Le vendeur aux lèvres fines fit semblant de ne pas le voir. Un flash stroboscopique


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