La Maison Idéale. Блейк Пирс
un flacon d’eau de Javel qui traînait par terre. Elle ouvrait cette porte, passait par le bureau vide du gestionnaire de la maintenance et montait dans l’étroite cage d’escalier qui donnait sur le hall arrière du rez-de-chaussée de l’immeuble d’appartements.
Elle contournait la partie du vestibule qui contenait les ascenseurs, où elle entendait Jimmy le concierge et Fred le vigile qui bavardaient gentiment avec un résident dans le hall d’entrée. Elle n’avait pas le temps de parler avec eux pour l’instant mais se promettait de le faire plus tard.
Ils étaient gentils tous les deux. Fred était un ex-gendarme d’autoroute qui avait pris sa retraite jeune après un mauvais accident professionnel à moto. Il boitait et avait une grande cicatrice sur la joue gauche, mais cela ne l’empêchait pas de blaguer constamment. Jimmy, qui avait environ vingt-cinq ans, était un jeune homme gentil et sérieux qui faisait ce travail pour payer ses études à l’université.
Elle passait devant le vestibule pour aller à l’ascenseur de service, qui n’était pas visible depuis le hall, passait sa carte devant le lecteur et attendait anxieusement de voir si quelqu’un l’avait suivie. Elle savait qu’il y avait peu de risques que ça se produise, mais cela ne l’empêchait pas de bouger nerveusement sur place jusqu’à ce que l’ascenseur arrive.
Quand l’ascenseur arrivait, elle y entrait, poussait le bouton pour le quatrième étage puis celui qui fermait la porte. Quand les portes s’ouvraient, elle traversait le hall en toute hâte jusqu’à ce qu’elle atteigne son appartement. Alors, elle reprenait son souffle et examinait sa porte.
Au premier abord, on aurait cru qu’elle était aussi quelconque que toutes les autres de l’étage, mais Jessie avait fait améliorer la sécurité quand elle avait emménagé. D’abord, elle reculait pour se placer à presque un mètre de la porte et directement en face du judas. Une lumière verte terne qui n’était visible que de cet angle-là apparaissait sur la bordure du trou et indiquait que personne n’était entré dans l’appartement par effraction ; sinon, la bordure du judas aurait été rouge.
En plus de la caméra de sonnette Nest qu’elle avait fait installer, il y avait aussi plusieurs caméras cachées dans le couloir. L’une d’elles affichait une vue directe de sa porte. Une autre filmait le hall dans la direction de l’ascenseur et de la cage d’escalier attenante. Une troisième filmait la direction opposée du deuxième escalier. En arrivant en taxi, elle les avait toutes vérifiées et, aujourd’hui, elle n’avait trouvé aucun mouvement louche autour de chez elle.
L’étape suivante était l’entrée. Elle utilisait une clé traditionnelle pour ouvrir un verrou puis faisait passer sa carte et entendait l’autre verrou coulissant s’ouvrir lui aussi. Quand elle entrait, le détecteur de mouvement se déclenchait. Jessie laissait tomber son sac à dos par terre et ignorait l’alarme. Elle reverrouillait les deux portes et y ajoutait aussi la barre coulissante de sécurité. Ce n’était qu’à ce moment-là qu’elle saisissait le code à huit chiffres.
Alors, elle prenait la matraque qu’elle gardait près de la porte et se précipitait dans la chambre. Elle soulevait le cadre amovible qui se trouvait à côté de l’interrupteur. Derrière le cadre, il y avait un panneau de sécurité caché. Elle y tapait le code de quatre chiffres, celui qui déverrouillait la seconde alarme, la silencieuse, celle qui appelait directement la police si elle ne la désactivait pas dans les quarante secondes.
Ce n’était qu’à ce moment-là qu’elle se permettait de respirer. Tout en inspirant et en expirant lentement, elle faisait le tour du petit appartement, matraque en main, prête à toute éventualité. Elle fouillait partout, sans oublier les placards, la douche et le cellier, en moins d’une minute.
Quand elle était certaine d’être seule et en sécurité, elle consultait la demi-douzaine de caméras cachées qu’elle avait placées partout dans l’appartement. Ensuite, elle testait les serrures des fenêtres. Tout était en état de marche. Cela ne lui laissait qu’un seul endroit à vérifier.
Elle entrait dans la salle de bains et ouvrait le placard étroit qui contenait des fournitures comme le papier de toilette, une ventouse, quelques savons, des éponges à douche et du liquide de nettoyage des miroirs. Sur la gauche du placard, il y avait un petit fermoir qui n’était visible que si l’on savait où chercher. Elle le retournait, tirait et sentait le loquet caché produire un clic.
Le placard s’ouvrait. Derrière, on voyait un boyau extrêmement étroit avec une échelle de corde attachée au mur de briques. Le boyau et l’échelle descendaient de son appartement du quatrième étage jusqu’à une cachette située dans la buanderie du rez-de-chaussée. Cet endroit était censé être sa sortie ultime si toutes ses autres mesures de sécurité lui faisaient défaut. Elle espérait qu’elle n’en aurait jamais besoin.
Alors qu’elle replaçait l’étagère et allait repartir dans le salon, elle se vit dans le miroir de la salle de bains. C’était la première fois qu’elle se regardait vraiment de près depuis sa formation. Elle aima ce qu’elle vit.
Au premier abord, elle avait plus ou moins le même air qu’avant. Pendant sa formation au FBI, elle avait passé un anniversaire et, maintenant, elle avait vingt-neuf ans, mais elle n’avait pas l’air plus âgée qu’avant. En fait, elle trouvait qu’elle avait l’air en meilleure forme que quand elle était partie.
Elle avait encore les cheveux marron mais, d’une façon ou d’une autre, ils avaient l’air plus fringants, moins mous que quand elle avait quitté Los Angeles plusieurs semaines auparavant. Malgré les nombreux jours qu’elle avait passés au FBI, ses yeux verts étincelaient d’énergie et n’avaient plus les cernes qui lui étaient devenues si familières. Elle mesurait encore un mètre soixante-dix sept et elle était encore aussi mince, mais elle se sentait plus forte et plus résistante qu’avant. Elle avait les bras plus tonifiés et la ceinture abdominale tendue après tous les abdos et toutes les planches qu’elle avait exécutés. Elle se sentait … prête.
Elle passa dans le salon et alluma finalement les lumières. Il lui fallut une seconde pour se souvenir que tous les meubles qui s’y trouvaient lui appartenaient. Elle en avait acheté la majorité avant de partir pour Quantico. Elle n’avait pas eu grand choix. Elle avait vendu tout ce qu’il y avait eu dans la maison qu’elle avait possédée avec son ex-mari sociopathe et actuellement incarcéré, Kyle. Pendant la période qui avait suivi, elle avait dormi à l’appartement de sa vieille amie d’université, Lacy Cartwright. Cependant, quand l’appartement avait été vandalisé par quelqu’un qui avait envoyé un message à Jessie de la part de Bolton Crutchfield, Lacy avait insisté pour que Jessie parte le plus tôt possible.
C’était exactement ce qu’elle avait fait. Elle avait habité quelque temps dans un hôtel à la semaine puis elle avait trouvé un appartement, celui-ci, qui lui permettait de vivre dans la sécurité dont elle avait besoin. Cependant, comme elle manquait de meubles, elle avait immédiatement dépensé une partie de l’argent du divorce en mobilier et en appareils. Comme elle avait dû partir pour la National Academy très vite après son achat, elle n’avait pas eu le temps d’apprécier son confort.
Maintenant, elle espérait qu’elle allait pouvoir le faire. Elle s’assit sur la causeuse et se pencha en arrière pour se mettre à l’aise. Par terre, à côté d’elle, il y avait une boîte en carton sur laquelle elle avait marqué « À classer ». Elle la ramassa et commença à en fouiller le contenu. Il s’y trouvait surtout des papiers qu’elle avait pas l’intention de ranger maintenant. Tout au fond de la boîte, il y avait une photo de mariage d’elle et de Kyle de 20 centimètres sur 25.
Elle la regarda fixement comme si elle ne la comprenait pas, étonnée que la personne qui avait connu cette vie soit la même que celle qui était assise là maintenant. Presque dix ans auparavant, pendant sa deuxième année à l’université de Californie du Sud, elle avait commencé à sortir avec Kyle Voss. Ils avaient emménagé ensemble peu après avoir obtenu leurs diplômes et ils s’étaient mariés trois ans auparavant.
Pendant longtemps, la vie