Avant Qu’il Ne Jalouse. Блейк Пирс
qu’elle plongerait à nouveau dans le rêve de l’immense champ de maïs, et verrait sa mère avec son bébé dans ses bras.
Elle ignorait également à quel point le cauchemar l’affecterait cette fois.
***
Lorsque elle s’éveilla en sursaut à cause du cauchemar, le cri venait bien de sa bouche. Elle s’assit dans le lit si brutalement qu’elle manqua tomber du matelas. À côté d’elle, Ellington l’imita en poussant un grognement.
- Mackenzie… que se passe-t-il ? Est-ce que ça va ?
- Juste un cauchemar. C’est tout.
- On aurait dit que c’était épouvantable. Tu veux en parler ?
Son cœur tambourinait encore dans sa poitrine mais elle se rallongea. Pendant quelques instants encore, elle sentit le goût de la terre dans sa bouche.
- Pas en détail. Juste… je crois qu’il faut que je revoie ma mère. Je dois lui annoncer la naissance de Kévin.
- Ça me semble approprié, déclara Ellington, clairement surpris par la puissance du cauchemar et son effet sur elle. C’est logique, je suppose.
- Nous pouvons en reparler plus tard, conclut-elle en sentant le sommeil la gagner à nouveau.
Les images du cauchemar continuaient à la hanter mais elle savait que si elle ne se rendormait pas rapidement, sa nuit serait très longue.
Elle se réveilla quelques heures plus tard en entendant Kévin pleurer. Ellington était sur le point de sortir du lit mais elle posa une main sur son torse.
- Je m’en occupe.
Ellington n’opposa pas beaucoup de résistance. Ils revenaient progressivement à des nuits normales et ni l’un ni l’autre n’était prêt à refuser de dormir lorsque l’occasion se présentait. En outre, il devait assister à une réunion le lendemain matin, au sujet d’une nouvelle enquête dont il allait prendre la direction en réunissant une équipe de surveillance. Il lui en avait parlé au dîner mais elle était bien trop perdue dans ses pensées pour se souvenir des détails. Ces derniers temps, elle était particulièrement dispersée et il lui était difficile de se concentrer – surtout lorsqu’Ellington parlait de travail. Les missions lui manquaient et elle l’enviait mais n’était pas encore prête à laisser Kévin, quelle que soit la qualité de la garderie.
Mackenzie se dirigea vers la chambre d’enfant et le prit délicatement dans ses bras. Désormais, Kévin en était à la phase où il cessait de pleurer (la plupart du temps) à l’instant où l’un de ses parents s’approchait de lui. Il savait qu’il obtiendrait ce dont il avait besoin et avait déjà appris à avoir confiance en ses propres instincts. Mackenzie changea sa couche puis s’installa dans le rocking-chair pour lui donner le sein.
Son esprit dériva vers ses parents. Elle ne se souvenait évidemment pas d’avoir été allaitée, bébé. La simple idée que sa mère lui ait un jour donné le sein était difficile à envisager. Pourtant, elle savait maintenant que la maternité l’amenait à voir le monde sous un jour totalement différent. Sa mère avait peut-être commencé à aller mal – elle avait même peut-être été totalement détruite par l’assassinat de son mari.
Ai-je été trop dure avec elle pendant tout ce temps ? se demanda-t-elle.
Mackenzie termina d’allaiter Kévin, en pensant longuement à son futur – pas seulement aux semaines à venir, lorsque son congé maternité toucherait à son terme, mais aux mois et aux années qui l’attendaient et à la meilleure manière de les vivre.
CHAPITRE CINQ
Mackenzie commençait à pouvoir remettre ses vêtements d’avant la grossesse, et ses visites régulières à la salle de gym lui donnaient l’impression que retrouver sa forme physique d’il y avait environ un an pourrait ne pas être aussi difficile qu’elle le pensait. Elle était presque complètement remise de sa césarienne et commençait à se souvenir de ce à quoi ressemblait sa vie avant qu’elle dédie chacune des cellules de son corps au développement de son fils.
Le congé maternité de Mackenzie approchait chaque jour davantage de son terme et elle se rendait progressivement compte qu’il allait être plus difficile de retourner travailler qu’elle ne l’aurait cru. Mais même avant ça, le dilemme de sa mère continuait à la hanter. Le sujet avait fait surface dans ses conversations avec Ellington depuis son dernier cauchemar mais elle s’était efforcée de ne pas agir impulsivement. Après tout, il n’était pas normal pour elle d’avoir autant envie de voir sa mère. Elle évitait en général toute interaction avec elle, ou même toute conversation, à tout prix.
Mais maintenant, alors qu’il lui restait seulement huit jours de congé maternité, elle devait prendre une décision. Elle avait utilisé Kévin comme excuse principale pour ne pas sauter le pas mais il allait à la garderie depuis une semaine maintenant et semblait s’adapter aisément au changement.
D’ailleurs, dans son cœur, sa décision était déjà prise. Elle était assise face au bar qui séparait la cuisine du salon, déjà certaine de se lancer. Mais partir pour de bon ne revenait pas au même qu’accepter l’idée du voyage.
- Puis-je te poser ce qui risque de te sembler une question stupide ? demanda Ellington.
- Bien sûr.
- Quel est le pire scénario ? Tu y vas, c’est gênant, et il ne se passe rien. Tu reviens pour retrouver ton adorable bébé et ton mari sexy à s’en pâmer et la vie reprend son cours normal.
- J’ai peut-être peur que ça se passe bien, suggéra Mackenzie.
- Je ne parierais pas sur ça, je dois dire.
- Et si tout se passe bien, et si elle veut faire à nouveau partie de ma vie ? De nos vies ?
Kévin était installé dans son transat, il contemplait un mobile de petites créatures aquatiques au-dessus de sa tête. Mackenzie le regarda en terminant sa phrase, en s’efforçant d’éloigner l’image de sa mère, dans ses cauchemars, assise sur ce maudit rocking-chair.
- Tu t’en sortiras seul avec Kévin, ici ? demanda-t-elle.
- Je pense pouvoir le gérer. Nous passerons du temps entre mecs.
Mackenzie sourit. Elle tenta de se remémorer comment était Ellington quand elle l’avait rencontré pour la première fois il y avait presque deux ans et demi, mais c’était difficile. Il avait incroyablement muri, mais en même temps, également réussi à être plus vulnérable avec elle. Jamais il ne lui aurait montré un côté aussi tendre ou aurait joué à l’imbécile devant elle quand ils s’étaient rencontrés.
- Alors je vais le faire. Deux jours, c’est tout – et c’est juste pour éviter deux avions dans la même journée.
- Ouais. Réserve une chambre d’hôtel. De bon standing, avec une baignoire. Fais la grasse matinée. Après six mois d’apprentissage de la maternité et un cycle de sommeil complètement perturbé, je pense que tu l’as bien mérité.
Ses encouragements étaient sincères et même s’il ne s’étalait pas, elle le comprenait. Grosso modo, il avait abandonné l’idée que son fils grandisse avec une figure normale de grands-parents. S’il l’aidait à se réconcilier avec sa mère, Kévin pourrait peut-être avoir une sorte de grand-mère normale. Mackenzie avait envie d’en parler avec Ellington mais décida de ne pas le faire. Peut-être après son retour, quand elle en aurait le cœur net.
Elle récupéra son ordinateur, s’assit sur le canapé et se connecta à internet pour acheter son billet d’avion. Lorsqu’elle termina de remplir toutes les informations et donna le dernier clic de souris, elle eut l’impression que tout le poids du monde s’ôtait de ses épaules. Elle contempla Kévin, encore dans son transat, et lui adressa un sourire éclatant, puis colla son nez