Le Piège Zéro. Джек Марс

Le Piège Zéro - Джек Марс


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ma carte de crédit. Que quelqu’un a essayé de l’utiliser à ma place et que je dois régler tout ça pour que nous n’ayons pas à quitter le chalet. Dis-lui que je suis juste dehors en train de passer des coups de fil.”

      “Oh, génial,” dit Maya d’un ton ironique. “Tu me demande de lui mentir.”

      “Maya…” grommela Reid. Sara allait sortir des toilettes à tout moment. “Je te promets que je t’expliquerai tout juste après, mais je n’ai pas le temps maintenant. S’il te plaît, entre là-dedans, trouve une place et regarde le film avec elle. Je serai de retour avant que ce soit terminé.”

      “D’accord,” dit-elle à contre-cœur. “Mais je veux que tu me raconte tout à ton retour.”

      “Ça marche,” promit-il. “Et ne quittez pas ce musée.” Il l’embrassa sur le front et se dépêcha de partir avant que Sara ne revienne des toilettes.

      Il se sentait très mal de devoir une nouvelle fois mentir à ses filles ou, du moins, leur cacher la vérité. Sara avait d’ailleurs judicieusement fait remarquer la veille au soir que c’était la même chose que de mentir.

      Est-ce que ce sera toujours ainsi ? se demanda-t-il en se hâtant de quitter le musée. Est-ce qu’un jour, enfin, l’honnêteté sera la meilleure politique à adopter ?

      Il n’avait pas seulement menti à Sara. Il avait également menti à Maya. Il n’avait aucun rendez-vous. Il savait où se trouvait le cabinet du Dr. Guyer (évidemment proche du Musée National Suisse, raison pour laquelle Reid l’avait intégré dans son plan) et savait aussi grâce à un appel anonyme que le docteur serait là aujourd’hui, mais il n’avait pas osé laisser son nom ou prendre un rendez-vous formel. Il ne savait pas du tout qui était ce Guyer, mis à part le type qui avait implanté un suppresseur de mémoire dans la tête de Kent Steele deux ans plus tôt. Reidigger avait fait confiance au docteur, mais ça ne voulait pas dire que Guyer n’avait aucun lien avec l’agence. Pire, ils l’observaient peut-être.

      Et s’ils étaient au courant pour le docteur ? s’inquiéta-t-il. Et s’ils avaient gardé en permanence un œil sur lui durant tout ce temps ?

      Il était désormais trop tard pour se soucier de tout ça. Son plan était simplement de se rendre sur place, de rencontrer cet homme et de découvrir ce qu’il pourrait, si tel était le cas, faire à propos de la perte de mémoire de Reid. Considère ça comme une consultation, plaisanta-t-il dans sa tête en marchant à pas rapides sur Löwenstrasse, parallèlement à la rivière Limmat, vers l’adresse qu’il avait trouvée sur internet. Il avait environ deux heures devant lui avant la fin du reportage au musée. Beaucoup de temps, pensait-il.

      Le cabinet de neurochirurgie du Dr. Guyer se trouvait dans un large immeuble de bureaux sur quatre étages, juste à côté d’un boulevard principal et en face d’une cathédrale. La structure était d’architecture médiévale, bien loin des fades bâtiments médicaux auxquels il était habitué aux États-Unis. Celui-ci était plus beau que la plupart des hôtels dans lesquels Reid avait séjourné.

      Il monta les marches jusqu’au troisième étage et se retrouva devant une porte en chêne avec un heurtoir de bronze et le nom GUYER inscrit sur une plaque en laiton. Il s’arrêta un moment, se demandant ce qu’il allait trouver de l’autre côté. Il ne savait pas du tout s’il était courant chez les neurochirurgiens d’avoir un cabinet privé dans les immeubles chics de la vieille ville de Zurich mais, encore une fois, il ne pouvait se souvenir de s’être déjà rendu dans un tel lieu auparavant.

      Il essaya la poignée, et la porte s’ouvrit.

      Le bon goût et la richesse du docteur suisse furent immédiatement apparents. Les peintures aux murs étaient principalement impressionnistes, des compositions colorées dans des cadres ornés qui avaient l’air d’avoir coûté aussi cher que certaines voitures. Le Van Gogh était visiblement une reproduction mais, s’il ne se trompait pas, la sculpture dégingandée dans l’angle semblait être un véritable Giacometti.

      Je n’aurais jamais su ce genre de trucs sans Kate, pensa-t-il, ce qui renforçait sa raison d’être là, alors qu’il traversait la petite pièce vers un bureau qui se trouvait de l’autre côté.

      Deux choses attirèrent immédiatement son regard au-delà de la zone de réception. La première fut le bureau lui-même, sculpté dans un seul morceau de bois rouge de forme irrégulière avec des motifs sombres en tourbillon dans le grain. Cocobolo, se dit-il. Ce bureau coûte au moins six mille dollars.

      Il refusait de se laisser impressionner par l’art ou par le bureau… mais la femme assise derrière, c’était une autre paire de manches. Elle regardait Reid sans ciller avec un sourcil parfaitement arqué et un sourire sur ses lèvres pulpeuses. Ses cheveux blonds encadraient les contours d’un visage à la forme exquise et à la peau de porcelaine. Ses yeux semblaient trop bleus cristallins pour être vrais.

      “Bonjour,” dit-elle en anglais avec un très léger accent suisse-allemand. “Asseyez-vous, je vous prie, Agent Zéro.”

      CHAPITRE NEUF

      Reid eut instinctivement l’envie de se battre ou de s’enfuir en entendant les mots de la réceptionniste. Et comme il était clair pour lui qu’il n’allait pas se battre contre cette femme, à peu près clair du moins, il décida de partir. Mais, à mi-chemin vers la porte, il entendit un lourd cliquetis.

      La poignée de porte trembla, mais ne céda pas.

      Il se retourna et vit la main de la femme ressortir de sous l’onéreux bureau. Il doit y avoir un bouton. Un mécanisme de fermeture à distance.

      C’est un piège.

      “Laissez-moi sortir,” avertit-il. “Vous ne savez pas ce dont je suis capable.”

      “Si,” répondit-elle. “Et je vous assure que vous n’êtes pas en danger. Voulez-vous une tasse de thé ?” Elle parlait sur un ton apaisant, comme si elle avait à faire à un schizophrène qui n’aurait pas pris ses médicaments.

      Il n’en revenait pas. “Du thé ? Non, je ne veux pas de thé. Je veux partir.” Il enfonça son épaule contre la lourde porte, mais elle ne bougea pas.

      “Vous n’y arriverez pas,” dit la femme. “S’il vous plaît, ne vous faites pas mal.”

      Il se retourna vers elle. Elle s’était levée du bureau et avait levé les mains dans une attitude non menaçante. Mais elle t’a enfermé ici, se rappela-t-il. Donc tu vas peut-être devoir te battre contre cette femme.

      “Je m’appelle Alina Guyer,” dit-elle. “Vous vous souvenez de moi ?”

      Guyer ? Mais la lettre de Reidigger disait “il” en parlant du docteur. En outre, Reid était presque sûr qu’il n’aurait jamais oublié un visage tel que le sien. Elle était absolument magnifique.

      “Non,” dit-il. “Je ne me souviens pas de vous. Je ne me souviens pas avoir jamais mis les pieds ici et c’était une erreur de venir. Si vous ne me laissez pas sortir, ça va mal se passer…”

      “Oh mon dieu,” dit une voix masculine dans un soupir. “C’est vous.”

      Reid leva immédiatement les poings en se tournant vers cette nouvelle menace.

      Le docteur, a priori puisqu’il portait une blouse blanche, était debout dans l’encadrement d’une porte à gauche du bureau en cocobolo. Il avait la cinquantaine bien tassée, si ce n’est la soixantaine. Mais ses yeux verts restaient vifs et perçants. Ses cheveux entièrement blancs étaient impeccablement coupés et peignés. Reid constata que sa cravate était une Ermenegildo Zegna, même s’il ne savait pas d’où il sortait ça.

      Toutefois, le plus important était l’air totalement stupéfait du docteur en voyant Reid.

      “Dr. Guyer, je présume ?” dit-il dans un souffle.


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