Un lieu ensorcelé. Софи Лав

Un lieu ensorcelé - Софи Лав


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collée sur la fenêtre. Ils se tiennent le dernier vendredi de chaque mois. Ils sont gratuits et vous pourrez me voir transformer certains trésors de la mer pour qu’ils deviennent les objets que vous voyez ici.

      – Ça a l’air super, dit Lex. Je passerai peut-être si je suis dans le coin.

      – Vous venez voir un ami ? demanda le vendeur.

      Il retourna à son comptoir, derrière une vieille caisse enregistreuse. Le magasin était assez petit pour que Lex puisse continuer de converser avec lui.

      – En fait je suis ici pour un entretien d’embauche, dit-elle en regardant sa montre. Oh non… je… je dois y être dans quelques minutes. Je ferai mieux de me dépêcher !

      – Bonne chance mademoiselle ! lui cria le vendeur alors qu’elle courait vers la porte. Elle lui lança un sourire de remerciement par-dessus son épaule tandis que la cloche située au-dessus de la porte d’entrée annonçait son départ.

      CHAPITRE SIX

      Lex se dépêcha de descendre la rue jusqu’aux quais puis de tourner pour rejoindre le parking. Elle retrouva rapidement ses marques, vérifia la carte sur son téléphone puis se dirigea dans un dédale de rues pavées, toutes plus étroites les unes que les autres. Elle essayait de trouver le bon équilibre entre être à l’heure et ne pas arriver complètement en sueur.

      Elle s’arrêta, observant les alentours, confuse et vérifia sa carte qui indiquait que le magasin se trouvait exactement devant elle. Où était-il ? Elle ne voyait pas la façade qu’elle avait repérée sur Internet et la plupart des bâtiments avaient l’air plus résidentiels que commerciaux.

      – Vous êtes perdue, mademoiselle ? déclara une voix cassée derrière elle.

      Lex se retourna, paniquée puis baissa les yeux. Une petite dame d’un certain âge se tenait là et l’observait la tête en l’air.

      – Euh… Je pense que oui, répondit Lex. Je cherche La Curieuse Librairie.

      – Vous êtes sûre ? demanda la femme avec méfiance. Vous n’avez pas l’air de l’une de leurs clientes. Vous avez le bon magasin ?

      Lex cligna des yeux.

      – Ou… oui, j’en suis sûre.

      À quoi était censé ressembler un client de La Curieuse Librairie ? Était-ce une bonne ou une mauvaise chose qu’elle n’en ait pas « l’air » ?

      – Passez par là, dit la femme en levant le bras pour lui indiquer la rue suivante. Vous êtes presque arrivée.

      – Merci ! lança Lex par-dessus son épaule.

      Tout en se dépêchant, elle se fit la réflexion qu’elle aimait de plus en plus les gens d’ici.

      Le magasin apparut devant elle dès qu’elle tourna. Une copie conforme aux photographies trouvées sur le net. Ses briques contrastaient avec les boiseries des encadrements de fenêtres et l’immense porte en bois. Le nom de l’enseigne écrit en lettres de cuivre avaient verdi avec les années.

      Lex inspira profondément pour calmer ses nerfs. Elle espérait ne pas être en sueur ou débraillée après sa course folle à travers les rues. Elle commença à examiner son reflet dans l’une des fenêtres avant de se rendre compte qu’elle pouvait être vue par les personnes qui étaient à l’intérieur. Elle préféra s’approcher de la porte.

      L’encadrement était abimé et écaillé, encore un signe de l’histoire et de la personnalité du bâtiment. Ces marques étaient anciennes et les mains qui les avaient créées n’étaient sûrement plus de ce monde. Lex tendit la main vers la poignée et en profita pour regarder sa montre. Elle vit avec horreur qu’elle avait déjà quelques minutes de retard et ouvrit la porte en grand pour entrer.

      Au-dessus de sa tête, un doux tintement retentit pour annoncer son entrée, plus discret que celui de la boutique Objets Trouvés près de la Mer. Il y avait un paillasson défraîchi au sol et elle s’essuya instinctivement les pieds, ne voulant pas laisser entrer de saletés. Son cœur battait la chamade, tandis qu’elle cherchait des yeux l’homme qui était censé la recevoir.

      Elle s’attendait à entrer dans une librairie, mais ce qu’elle vit la surprit : un long couloir s’étendait devant elle vers le fond du bâtiment. Le parquet était ancien et déformé, il n’était pas recouvert de moquettes ou de tapis, ce qui donnait l’impression que la surface se gonflait et roulait comme la mer.

      L’étroit couloir était décoré de chaque côté par des cadres et entre eux se trouvaient des encadrements de porte, immenses et ouverts, sans rien à l’intérieur. De quel côté devait-elle se diriger ? Il n’y avait aucun panneau, aucune indication de l’endroit où pouvait se trouver le propriétaire. Avançant doucement, Lex jeta un œil à travers la première ouverture pour voir des étagères superposées, remplies aléatoirement de vieux livres, certains tellement anciens que leurs tranches s’effritaient. Le plafond était bas et semblait s’enfoncer au milieu de la pièce, comme s’il supportait trop de poids. Un tapis à motif rouge était étendu sur le sol, il montrait des traces d’usures le long des plaintes.

      Au moins, il y avait des livres, ce qui signifiait qu’elle était bien au bon endroit. Mais il n’y avait pas de comptoir, personne en vue et Lex n’avait aucune idée du type de livres qu’elle voyait. La plupart d’entre eux n’avaient carrément plus de titre et les autres n’étaient presque plus lisibles. Elle s’approcha et en toucha délicatement un, se demanda quel genre de texte renfermait la couverture.

      Quelque chose s’empara de son cœur, une sorte d’aura. La façon dont les livres étaient posés sur les étagères était à la fois familier et réconfortant. Lex fut presque embarrassée de sentir des larmes perler au coin de ses yeux. C’était comme si son père se trouvait juste derrière elle, et qu’il regardait par-dessus son épaule. Ce bois… n’était-ce pas le même genre d’étagère qu’il utilisait dans son magasin ?

      Lex s’arracha aux livres étrangement nus et regarda par l’ouverture de l’autre côté de la pièce. Elle commençait à croire que ce bâtiment était autrefois une maison, les pièces étant séparées selon l’usage. Peut-être un petit salon et ici, dans la pièce suivante un espace ouvert, plus grand. Pour diner ou recevoir des visiteurs. Mais plus important, c’était dans cette pièce que se trouvait le comptoir, et Lex s’en approcha, soulagée.

      Il n’y avait personne derrière. Elle observa ce nouvel espace. La lumière affluait par les fenêtres qui lui avaient paru sombres et minuscules de l’extérieur, diffusant les rayons du soleil qui s’accrochaient à la poussière flottant dans l’air. Lex dut reprendre son souffle lorsqu’elle vit la caisse enregistreuse. Elle n’en était pas certaine, mais de derrière, ne ressemblait-elle pas exactement à celle que son père avait utilisée toutes ces années auparavant ?

      Elle s’imagina devant celle-ci, parlant joyeusement avec un client qui cherchait des recommandations et qui ressortirait sans nul doute avec son nouveau roman favori. Oui, elle pouvait s’y voir. Elle voulait ce travail. Elle le voulait beaucoup plus que retourner dans son ridicule bureau de Boston. Ce serait tellement mieux.

      Le sol n’était pas droit, trop vieux, le parquet tordu recouvert d’un autre tapis dans ce grand espace. Ce tapis était plus complexe, rempli d’images de renards chassant des lapins, de cavaliers chassant des renards. On pouvait également observer d’autres créatures, comme des licornes, des ours, des loups, tous se faufilaient dans un enchevêtrement de troncs d’arbres. Le motif formait des lignes droites le long des bords du tapis. Au centre des lignes abstraites tourbillonnaient et semblaient représenter les épines d’un buisson. L’ensemble était fascinant, comme s’il avait été récupéré chez son arrière-grand-mère avant sa mort et posé là pour accueillir les clients. Lex ne pouvait s’empêcher de le fixer, envoutée par le motif, ses yeux suivant toutes les arabesques et les épines.

      Il y avait une vieille sonnette sur le comptoir. Lex la frappa après un moment d’hésitation. Elle fit


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