Un lieu ensorcelé. Софи Лав

Un lieu ensorcelé - Софи Лав


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sur les étagères, m’occuper des clients. Un peu de tout en fait.

      Montgomery grogna.

      – Je ne pense pas que son magasin rassemblait à celui-ci, dit-il. Lex dut boire une gorgée de son thé pour masquer son embarras. Le travail vous plaisait ?

      – Oh oui, approuva Lex en essayant d’ignorer le goût étrange du thé.

      Qu’est-ce que c’était ? Une sorte de mélange d’herbes ?

      – Ça a fait naître en moi un amour profond pour les livres. C’est pour cela que ma carrière a pris ce chemin et c’est pour cela que je suis ici aujourd’hui, ajouta-t-elle.

      Montgomery sourit légèrement, une étincelle s’allumant dans ses yeux.

      – Diriez-vous que c’est votre intuition qui vous a guidée ici ?

      Lex faillit laisser tomber sa tasse. Elle ne s’attendait pas à une question de ce type.

      – Oh…, dit-elle, incertaine sur la façon de répondre et essayant de gagner du temps. Euh… Je ne sais pas si c’est de l’intuition. J’ai remarqué le numéro de rue du magasin, le trente-six… qui est le même que celui de l’ancien magasin de mon père.

      – Diriez-vous que vous vous servez souvent de votre intuition ? demanda Montgomery le regard fixé sur elle.

      – Je… ne sais pas, admit Lex.

      Comment devait-elle répondre ? Attendait-il qu’elle dise oui pour la féliciter ou préférait-il quelqu’un de plus logique ? Elle n’arrivait pas à le déchiffrer.

      – Hmm. Montgomery nota autre chose, cette fois avec des mouvements courts et secs sur son papier. Il est important que vous sachiez que le magasin a des clients très importants, des gens viennent de loin pour nous rendre visite. Nous sommes spécialisés dans les livres rares, parfois nous sommes en possession de la seule copie disponible au grand public. Nous recevons toutes sortes de clients : des collectionneurs, des chercheurs, des fans, oui, oui. Êtes-vous à l’aise avec le fait de servir des individus de différents milieux ?

      – Bien sûr, approuva rapidement Lex. Ça ne me pose aucun problème.

      – Et avez-vous de l’expérience pour gérer les clients qui ont…

      Montgomery s’égara, mais grimaça de manière déplaisante. Lex tenta une proposition.

      – Des plaintes ? suggéra-t-elle, considérant que c’était une question typique dans un entretien.

      – Une autre façon de voir le monde, termina Montgomery.

      Il lui lança un regard hautain et critique de derrière ses lunettes. Ça semblait être sa réaction dès qu’elle ne devinait pas la suite de sa phrase.

      – Euh, répondit Lex essayant désespérément de comprendre ce qu’il entendait par là.

      Elle décida qu’il devait parler de son cursus scolaire, qui était la seule chose qu’elle arrivait à lier à ses paroles.

      – J’ai fait espagnol au lycée. Je dois toujours pouvoir tenir une conversation. Je peux gérer différentes cultures et si besoin m’adapter.

      Montgomery rajouta quelques notes en pattes de mouche sur son carnet. Lex essaya de les déchiffrer, mais dans ce sens, elle ne pouvait même pas affirmer qu’il avait utilisé l’alphabet latin.

      – Donc je suppose que vous ne savez pas lire les hiéroglyphes ?

      – Non, répondit Lex, surprise. Je pensais que mon temps serait mieux utilisé dans l’apprentissage d’une langue qui n’était pas morte.

      – Pas de Latin, d’Énochien ou de Malachim ? Nous conservons quelques reproductions de textes d’anciennes civilisations, ajouta Montgomery. Il secoua la tête devant son regard ébahi et prit de nouvelles notes. Très bien, très bien. Une dernière chose. Avez-vous des compétences particulières à apporter à ce poste ?

      – J’ai une grande compréhension de la classification Dewey, dit Lex, cherchant ce qu’elle avait appris dans son passé qui pourrait lui resservir ici. Je connais aussi beaucoup de statistiques pour fixer le prix des livres, les comportements des acheteurs et les stratégies de ventes.

      Montgomery acquiesça, mais ne nota rien dans son carnet. Il replaça son nœud papillon d’un drôle de petit geste puis se redressa en rangeant son calepin.

      – Mademoiselle Blair, dit-il. Je vais être honnête. Notre établissement a une certaine réputation que nous devons honorer. Vous êtes très logique et pragmatique.

      Lex sentit son cœur s’envoler dans sa poitrine, battant à cent à l’heure devant ses compliments.

      – Cela jouerait en votre faveur autre part, mais ici nous avons besoin d’une personne ouverte d’esprit. Je vous remercie du temps que vous avez pris pour venir me rencontrer, mais j’ai bien peur de ne pas pouvoir vous proposer ce poste.

      Lex avait maintenant le cœur lourd, elle était nauséeuse et déçue.

      – Je vois, dit-elle, difficilement.

      Ce n’était pas normal. N’avait-il pas remarqué que ce poste était fait pour elle ? Elle avait besoin de cet argent et de cette expérience. Ici, ces deux choses étaient parfaitement rassemblées, qui plus est dans un magasin qui l’attirait. Elle s’imagina son père, sa déception s’il avait été là pour voir son échec. Puis sa mère, qui attendait impatiemment de ses nouvelles et qui s’attendait à ce qu’elle revienne la supplier de l’aider. Elle ne pouvait pas abandonner aussi facilement.

      – Je ne peux vraiment rien faire pour vous faire changer d’avis ? demanda-t-elle espérant avoir une autre chance.

      – Non, j’en ai bien peur, répondit Montgomery. Il avait les mains posées sur ses genoux, droites et guindées. J’ai entendu ce dont j’avais besoin. Je suis vraiment désolé. Vous ne correspondez pas.

      Lex se dit qu’elle ne pouvait pas tomber plus bas qu’en cet instant. Ses pieds étaient de plomb et son cœur si lourd qu’il était sur le point de tomber à travers la chaise. Ses yeux clignaient obstinément pour retenir la moindre larme qui trahirait à quel point elle était déçue. Retour à la case départ. Elle allait devoir trouver un autre moyen de suivre son rêve.

      La décision était tellement absolue qu’elle n’avait rien d’autre à faire que de partir.  Soudain, Lex fut envahie par l’urgence de s’en aller. Elle ne pouvait penser à rien d’autre que de s’éjecter de cette chaise, se précipiter hors du magasin et retourner à sa voiture pour rentrer chez elle.

      Mais alors qu’elle était sur le point de partir, quelque chose sortit de l’obscurité derrière le fauteuil où elle était assise. Cette chose atterrit sur ses genoux provoquant une décharge de peur qui lui parcourut tout le corps.

      CHAPITRE SEPT

      Lex fut tellement surprise qu’elle en oublia de crier. Après le choc initial et la dose d’adrénaline qui avait fait bondir son cœur, elle retrouva assez ses esprits. Pour découvrir que la chose qui lui avait sauté dessus était noire, poilue et en train de lui… lécher la main ?

      Elle frissonna de soulagement en comprenant que la créature mystérieuse et effrayante n’était autre qu’un chat noir. Il lui lécha la main en silence puis chercha la position la plus confortable sur ses genoux avant de se coucher, sa queue parfaitement enroulée autour de lui.

      Lex se figea, incertaine sur la marche à suivre. Elle était quelques instants plus tôt déterminée à se lever et partir immédiatement, mais maintenant qu’il y avait une boule de poils bien chaude sur ses genoux, elle ne savait plus quoi faire. Ce serait sûrement très mal vu de se lever et de poser le chat par terre.

      Montgomery la chasserait sans doute du magasin, sans parler du fait qu’elle ne connaissait pas ce chat, et ne savait pas s’il aimait utiliser ses griffes.

      Alors elle ne fit rien, hésitant


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