Le Leurre Zéro. Джек Марс

Le Leurre Zéro - Джек Марс


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était le seul être humain que Bixby avait côtoyé depuis des semaines, il avait dû toutes les entendre.

      « Cela l’a finalement convaincu que je te connaissais et que je devais te retrouver », conclut Zéro.

      « Pourquoi ? questionna Bixby.

      – Parce que nous sommes amis. »

      L’ingénieur approuva d’un hochement de tête, mais son regard était perdu au loin. « Oui. Je suppose que nous le sommes, mais je ne reviendrai pas, Zéro. Je ne peux pas et nous le savons très bien tous les deux.

      – Laisse Alan t’aider, plaida Zéro. Il est vraiment doué pour faire disparaître les gens et, quand je dis disparaître, je ne te parle pas à la manière de la CIA, je veux dire qu’il peut te procurer une nouvelle identité, une nouvelle vie. Pas… » Zéro désigna le petit chalet dans lequel ils se trouvaient. « Pas ça. »

      Bixby tira la seconde chaise située de l’autre côté de la petite table en bois qui les séparait et s’assit en poussant un gros soupir : « Est-ce que tu travailles toujours pour eux ?

      – J’y suis obligé. Tu le sais bien. » La seule raison pour laquelle Zéro ne se trouvait pas en prison ou pire, comme dans la prison secrète marocaine H-6 par exemple, tenait au fait qu’il avait accepté de reprendre du service dans les Forces Spéciales.

      « Amis ou pas, déclara Bixby, si tu travailles toujours pour eux, alors, ta présence ici ne peut que m’apporter des ennuis. Je ne peux pas te laisser m’aider. Ni Alan. J’ai fait mes propres choix et je dois les assumer à présent. Et puis… » Il grimaça. « Ce n’est pas si mal. Et ce n’est que la première étape d’un long voyage. Crois-moi. »

      Zéro expira longuement, sachant qu’il n’obtiendrait pas gain de cause sur ce coup-là. Cependant, convaincre Bixby d’accepter son aide était seulement une des raisons pour lesquelles il se trouvait ici. En fait, il comptait s’en servir comme monnaie d’échange contre un service beaucoup plus personnel.

      « Il y a autre chose. J’ai besoin… de ton aide. »

      Bixby haussa un sourcil. « Oh ? »

      Zéro inspira profondément, ne sachant pas trop ce qu’il pouvait dévoiler sans en dire trop. « Le suppresseur de mémoire, commença-t-il. Tu en es l’un des deux inventeurs et, dernièrement, j’ai expérimenté certains… appelons-les “effets secondaires”. Des très mauvais.

      – Zéro… »

      Il ignora Bixby et continua dans son élan. « Il doit y avoir quelque chose que l’on puisse faire pour m’aider ou, je ne sais pas, un moyen de le désactiver. Il doit bien y avoir quelque chose que tu sais et que j’ignore…

      – Zéro…

      – J’ai besoin d’aide, bordel ! » Il frappa la table du poing.

      « Zéro », répéta encore une fois Bixby en insistant. « Écoute-moi, s’il te plaît. Ce qui t’est arrivé est sans précédent. Je veux dire, ils t’ont extirpé ce fichu truc du crâne avec une paire de tenailles. Personne n’aurait pu imaginer une telle chose. Personne n’aurait pu prévoir une telle chose. Pour être tout à fait honnête, je suis même surpris que tu aies réussi à t’en sortir. Et même si je pouvais t’aider… » Bixby désigna le décor spartiate de son petit chalet. « Je manque cruellement de ce que l’on pourrait appeler des ressources.

      – Oui », prononça doucement Zéro. Il regardait fixement la surface de la table en bois. Il avait fait tout ce chemin pour rien. Il avait passé des semaines à rechercher un homme qui ne voulait pas être retrouvé, pour rien. Il n’y avait aucune réponse à trouver ici ou ailleurs. Son propre cerveau finirait par le tuer et il devrait vivre en sachant cela jusqu’à ce qu’il ne soit plus.

      Une minute entière de silence s’écoula entre eux avant que Bixby ne se racle légèrement la gorge. Quand Zéro releva la tête, l’ingénieur lui tendait sa veste.

      « Je suis désolé, dit-il. Je t’aurais bien invité à rester pour la nuit, mais tu sais bien que je ne peux prendre aucun risque. »

      Zéro comprenait. Malgré sa méticuleuse préparation, l’Agence trouverait des moyens pour le retrouver si elle le jugeait nécessaire. Les satellites, les dispositifs de traçage sous-cutané, les bons vieux réseaux d’espionnage… chaque minute durant laquelle il s’attardait en était une de plus durant laquelle il mettait Bixby en danger.

      Il saisit sa veste, se leva et l’enfila lentement. « Je suppose que si quiconque revenait ici, il n’y aurait plus personne. »

      Bixby sourit tristement. « Suppose donc ça. » Il ajouta une dernière fois : « Je suis désolé. »

      Zéro hocha la tête et se dirigea vers la porte. « Prends soin de toi, Bixby.

      – …Attends. »

      Zéro s’immobilisa à mi-parcours, une main sur la poignée de la porte, son cerveau imaginant immédiatement qu’il y avait un autre piège oublié.

      « Attends une seconde. » Bixby retira ses lunettes, se frotta les yeux et les reposa sur son nez. « Je… Je t’ai menti. Avant. Quand je t’ai dit que tu avais été la première personne à qui l’on avait implanté le suppresseur. »

      Zéro se retourna brusquement. « Quoi ? Tu as menti ?

      – Sous la menace de mort ? Oui, certainement, mais, bon, de l’eau a coulé sous les ponts. » Il gloussa légèrement malgré lui. « Le suppresseur qui t’a été installé n’était pas notre premier. Avant cela, il y a eu un autre prototype. Et il y a eu un unique essai humain. À peu près un an avant que ton suppresseur ne disparaisse de mon laboratoire. Un homme, début ou milieu de la trentaine. Affilié à l’Agence. »

      Une autre personne à qui on avait installé un suppresseur ? Soudainement, ce voyage valait entièrement le déplacement.

      « Un agent ? demanda Zéro.

      – Je ne sais pas.

      – Où se trouve-t-il ?

      – Je ne sais pas.

      – Qui était-il ?

      – Je ne le sais pas non plus.

      – Alors, que sais-tu ? demanda Zéro, exaspéré.

      – Écoute, pour moi, il n’était que le “sujet A”, déclara Bixby, sur la défensive, mais il y a bien eu quelque chose. Une fois la puce installée, alors qu’il se réveillait de l’anesthésie, le neurochirurgien l’a appelé Connor. Je m’en rappelle très clairement. Il a dit : « Savez-vous qui vous êtes, Connor ? »

      – Connor était son prénom ou son nom de famille ? demanda Zéro avec empressement.

      – Je ne sais pas. C’est tout ce que je peux te dire, lui répondit Bixby. Toi et moi savons très bien comment l’Agence procède et, à l’heure qu’il est, il est probablement mort depuis longtemps et toute trace de lui aura été détruite. Toutefois… qui sait, c’est peut-être une piste à suivre. Si tu creuses suffisamment. »

      Zéro opina. Il tenait quelque chose, il ne savait juste pas encore quoi. « Merci. » Il lui tendit une main que Bixby serra, probablement pour la toute dernière fois. L’ingénieur n’avait déjà pas été facile à trouver et il pouvait être sûr que, la prochaine fois, il ne ferait pas les mêmes erreurs. « S’il te plaît, sois prudent. Disparais. Va te faire bronzer sur une plage pour les vingt prochaines années. »

      Bixby sourit. « Je suis Irlandais. Je prends facilement des coups de soleil. » Son sourire s’estompa. « Bonne chance Zéro. J’espère que tu trouveras ce que tu cherches.

      – Merci. » Toutefois, tandis que Zéro retournait dehors dans le froid et dans la nuit incroyablement noire de la Saskatchewan, il ne put empêcher cette pensée de traverser


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