Notre Honneur Sacré. Джек Марс
nucléaires sur ces sites. Si des armes sont trouvées, elle appellera des frappes aériennes sur ces coordonnées, qui détruiront les armes dans leurs silos.
– Des frappes aériennes par qui ? Les Américains ou les Israéliens ?
– Les Américains, précisa Tweedledum. Par définition, ces frappes devront être de puissantes bombes antibunkers larguées à haute altitude. Très probablement des MOAB larguées depuis des bombardiers B-52, si nous pouvons détruire les bunkers avec des armes conventionnelles, ce qui n’est pas garanti. Nous ne croyons pas que les Israéliens aient de telles capacités.
– « Nous ne croyons pas » ? releva Susan. On ne sait pas ?
– Nous avons affaire à Israël, là, rappela Tweedledee. Ils pourraient les avoir, ou pas. Ils ne sont pas toujours disposés à donner des informations de ce genre. Quoi qu’il en soit, si les Israéliens bombardent les silos de missiles iraniens, il y a toujours le risque que ça déclenche la troisième guerre mondiale. Les Russes sont des alliés proches de l’Iran. D’un autre côté, les pays sunnites détestent les chiites iraniens. Du moins jusqu’à ce que les Israéliens les bombardent. Alors ils deviennent tous des compatriotes musulmans et l’agression israélienne doit être vengée. Si c’est nous qui opérons le bombardement… (Il haussa les épaules.) Je pense qu’on peut trouver un moyen de calmer les Russes là-dessus. Et les pays sunnites vivront avec.
– Pourquoi les Israéliens n’envoient-ils pas leurs propres espions chercher ces bombes ? s’étonna Susan.
– On en a parlé avec leurs services d’espionnage. Ils pensent que la mission sera un échec à coup sûr. Ils préféreraient bombarder l’Iran sans discernement et détruire toutes les bases militaires et les infrastructures iraniennes, dans l’espoir d’anéantir les bombes nucléaires qu’ils pourraient posséder. Nous les encourageons – nous les incitons très fortement – à ne pas suivre cette ligne de conduite. De toute évidence, le risque de bombarder l’Iran et de laisser ne serait-ce qu’un seul missile nucléaire opérationnel est trop élevé pour envisager ce que…
– Hello, agent Stone, coupa Susan en regardant Luke.
Il la fixa droit dans les yeux. C’était ce qu’elle détestait, ce qu’elle avait appréhendé. À cet instant, elle aurait voulu arrêter le temps, et qu’il ne prononce plus un seul mot.
– Madame la présidente…
– Avez-vous l’intention d’accepter cette mission ?
– Oui, acquiesça-t-il. Bien sûr. C’était mon idée.
– Ça me paraît être une mission suicide, agent Stone.
– J’ai connu pire, répondit Luke. En tout cas, c’est exactement pour ce genre de mission que la nouvelle Special Response Team a été organisée. J’en ai déjà parlé à mon équipe. Nous pouvons être prêts à partir dans deux heures.
Susan tenta une autre approche :
– Agent Stone, vous êtes le directeur de la Special Response Team. Mes dossiers signalent que vous avez 42 ans. Cette mission ne serait-elle pas mieux assurée par un opérateur subalterne de votre agence ? Quelqu’un d’un peu plus jeune, voyez ? D’un peu plus vigoureux ?
– J’ai prévu d’y aller avec Ed Newsam, rétorqua Luke. Il a 35 ans. Et de toute façon, je suis encore pas mal vigoureux pour un vieux schnock.
– L’agent Stone et l’agent Newsam ont tous deux l’expérience d’opérations importantes au Moyen-Orient, précisa Tweedledum. Tous deux sont des combattants d’élite, ont été profondément infiltrés, et connaissent bien les cultures israélienne, arabe et perse. Tous deux sont capables de parler le farsi.
Susan l’ignora. Elle parcourut la pièce du regard. Tous avaient les yeux fixés sur elle. Elle savait qu’ils voulaient discuter des détails de la mission. Ils voulaient son feu vert immédiat, afin de rassembler les ressources nécessaires, prévoir les éventualités en cas d’échec, élaborer des stratégies pour un démenti plausible au cas où elle serait rendue publique. Dans leur esprit, la question de savoir qui y allait ne se posait même plus – elle était déjà réglée.
– Messieurs, pouvez-vous me laisser seule quelques minutes avec l’agent Stone ?
– Luke, tu as perdu la tête ?
Tout le monde était parti, y compris les agents du Secret Service.
– Je n’enverrais pas mon pire ennemi dans cette mission. Tu es censé être parachuté en Iran, puis te balader dans le pays avec des assassins à tes trousses, jusqu’à ce que tu trouves des armes nucléaires, c’est ça ?
Il sourit.
– Eh bien, j’espère qu’elle sera un peu plus réfléchie que ça.
– Tu vas te faire tuer.
Il se leva, s’approcha d’elle, voulut la prendre dans ses bras. Elle se raidit un instant, puis fondit sous son étreinte.
– Tu sais à quel point ça a l’air ridicule que la présidente des États-Unis s’inquiète excessivement de la vie d’un agent spécial, qui a fait précisément ce genre de choses toute sa vie ?
Elle secoua la tête.
– Je m’en fiche. C’est différent. Je ne peux pas approuver une mission où tu risques d’être tué. C’est dingue.
Il baissa les yeux sur elle.
– Est-ce que tu es en train de me dire que pour être avec toi, je devrais lâcher mon boulot ?
– Non. Tu es le chef de ta propre agence. Tu n’as pas à t’en charger. Tu n’as pas à te porter volontaire. Envoie quelqu’un d’autre.
– Tu veux que j’envoie quelqu’un d’autre alors que tu penses que c’est une mission suicide ?
– C’est ça, opina-t-elle. Envoie quelqu’un que je n’aime pas.
– Susan, je ne peux pas faire ça.
Elle se détourna et soudain, se mit à pleurer de chagrin.
– Je sais. Je le sais bien. Mais pour l’amour de Dieu, je t’en prie, ne meurs pas là-bas.
CHAPITRE DIX
16:45, heure d’Israël (09:45, heure normale de l’Est)
L’Antre de Samson – enfoui profond sous terre
Jérusalem, Israël
– Dis-leur de se taire.
Yonatan Stern, le Premier ministre d’Israël, était assis dans son fauteuil habituel, à la tête de la table de conférence du centre de contrôle de crise israélien, le menton dans la main. La salle formait un dôme ovoïde caverneux. Tout autour de lui, le chaos régnait parmi ses conseillers militaires et politiques, qui criaient, récriminaient, brandissaient des doigts l’un vers l’autre.
Comment en est-on arrivé là ? semblait être la question dominante. Et la réponse sur laquelle s’entendaient la plupart de ces brillants stratèges était : C’est la faute de quelqu’un d’autre.
– David ! lança-t-il en fixant son chef de cabinet, un ancien commando baraqué qui était son bras droit depuis le temps de l’armée.
David lui retourna son regard de ses grands yeux sombres et sinistres, en se mordant l’intérieur de la joue comme chaque fois qu’il était nerveux ou distrait. Autrefois, cet homme tuait ses ennemis à mains nues, tout en ayant l’air contrit de le faire. Il avait toujours l’air contrit aujourd’hui.
– S’il te plaît, ramène un peu d’ordre, supplia Yonatan.
David s’approcha de la table de conférence et abattit un poing géant sur le plateau : BOUM !
Sans